Deux jours auront suffi pour qu’émerge un commerce plutôt funeste sur le fameux slogan « Je suis Charlie ». Pêle-mêle, tous les grands sites de vente en ligne affichent leurs offres de soutien à l’hebdomadaire français. Filon commercial juteux pour beaucoup d’internautes indignés, les plateformes concernées se défendent de toute exploitation économique de la tragédie.
Badges, t-shirts et mugs
Pour qui voulait participer à la grande marche de ce dimanche, la recherche de l’équipement adéquat était chose aisée. Le succès grandissant de l’hashtag #JesuisCharlie a en effet donné des idées aux vendeurs. Les casquettes, stickers, tasses, stylos et autres produits dérivés fleurissent comme un bourgeonnement printanier. Sur eBay, la recherche « Je suis Charlie » propose ainsi presque 3000 résultats. Abondance qui suscite chez beaucoup d’internautes l’indignation quant aux potentielles recettes commerciales que pourraient en retirer ces plateformes de vente.
Le créateur du logo (Joachim Roncin, professionnel du graphisme et directeur artistique de Stylist), trois mots en blanc sur fond noir, avec la même typographie que celle du titre du journal se montre opposé à toute commercialisation abusive : « le message et l’image sont libres de toute utilisation, en revanche je regretterais toute utilisation mercantile ».
Les sites de vente se défendent
Face à l’écoeurement du public, les responsables du groupe eBay ont immédiatement tenu à clarifier les choses en affirmant qu’ils reverseront à l’hebdomadaire satirique « les éventuelles commissions perçues par eBay sur les ventes de magazines et produits de Charlie Hebdo liés à cette tragédie ».
Une façon pour les plateformes de montrer patte blanche. Espérons que le contrôle des profits générés par les ventes sera à la hauteur de ces déclarations.
Un numéro à 100 000 euros
Certes, les mugs et les casquettes, c’est sympathique, mais ce qui ne va pas manquer de s’arracher, ce sont les numéros emblématiques de Charlie Hebdo. Ça, certains l’ont très vite compris. Avec pour seul objectif de rendre hommage, bien évidemment. S’il y a l’occasion de faire teinter un peu de monnaie en passant, ce ne pourra être qu’un hasard négligeable.
Sur eBay, le numéro publié la veille de l’attentat présentant Michel Houellebecq et son nouveau livre Soumission se vend à plus de 1550 euros. Le provocateur « Charia Hebdo » du 2 novembre 2011 atteint quant à lui des prix pharamineux allant jusqu’à 100 000 euros. Un commerce de ce genre laisse présager un trafic indécent du numéro historique de mercredi prochain. L’appât du gain ne possède que rarement de limites.
Antoine Morange