Dans son dernier rapport, Human Rights Watch dénonce l’usage de la force et du gaz poivre par les policiers contre les migrants à Calais. Les autorités démentent ces informations.
L’Organisation non gouvernementale Human Rights Watch a rendu ce mercredi 26 juillet un rapport de 50 pages sur les “abus policiers à Calais contre les migrants, enfants et adultes ».
Pour réaliser son enquête, l’ONG a mené des entretiens avec 62 « demandeurs d’asile et migrants » et une « vingtaine de travailleurs sociaux », entre juin et juillet 2017 à Calais et Dunkerque. Parmi eux, 31 étaient des enfants.
Un usage fréquent de sprays au gaz
Human Rights Watch dénonce un usage de la force par les policiers, et plus particulièrement un « usage fréquent de sprays au gaz poivre par les policiers », sur « des migrants endormis ». Sur les 61 migrants interrogés, 55 avaient été aspergés au cours des deux semaines précédant l’entretien. Selon l’ONG, l’agent chimique contenu dans les sprays « cause une cécité temporaire, de fortes douleurs oculaires et des difficultés respiratoires ». Sont aussi visées « la nourriture et l’eau », devenant alors impropres à la consommation.
Le sous-préfet de Calais, Vincent Berton, nie ces faits. « Je n’ai jamais vu ou entendu cela. Je n’ai pas donné de telles consignes », a-t-il affirmé. « Les forces de police agissent bien entendu sur Calais dans le respect des règles de l’Etat de droit, avec le seul objectif de faire respecter l’ordre et la sécurité publics » ajoute Fabien Sudry, le préfet du Pas-de-Calais.
Un « harcèlement » des travailleurs humanitaires
Mais les migrants ne seraient pas les seules victimes à Calais. Human Rights Watch dénonce également un « harcèlement » des travailleurs humanitaires. Les policiers perturberaient l’aide humanitaire. « Ils empêchent aussi régulièrement la délivrance d’une assistance humanitaire, et ce apparemment sans aucun motif légal », regrette HRW. Les membres de l’ONG évoquent des cas « d’encerclement » des distributions de repas par les policiers.
« On n’a jamais interdit de distribution d’eau et de nourriture », assure Vincent Berton. Il s’agit d’ « allégations qui semblent inexactes », a-t-il ajouté.
Dès mi-juin, le Défenseur des droits, Jacques Toulon, s’était déjà inquiété d’atteintes aux droits « d’une exceptionnelle et inédite gravité ».