Caroline Roux est présentatrice de C dans l’air, du lundi au vendredi, sur France 5, à 17h45. Et tous les matins, on vous retrouve sur France 2, à 7h45, pour les 4 Vérités.
Tout Pour Réussir, dix minutes d’interview avec Saad Merzak, chaque mardi à 20h50. Un retour sur la carrière d’une personnalité du monde médiatique, artistique ou économique, et les raisons de leur succès.
Saad Merzak : Alors, une rentrée assez chargée : ça fait maintenant trois mois que vous avez démarré la nouvelle formule de C dans l’air, quel bilan faites-vous depuis la rentrée ?
Caroline Roux : Ca marche, ce n’était pas gagné d’avance, parce qu’Yves Calvi est parti et que les gens étaient très attachés à ce qu’il faisait depuis 15 ans. Mais avec Bruce, on a réussi à relever le défi, à faire vivre ce format au-delà de son présentateur vedette. Ce n’est pas toujours évident, mais c’est très puissant aujourd’hui comme format, C dans l’air. Et puis, en réalité, on s’est rendu compte que c’était très associé à ce que faisait France 5. Donc, à un moment donné, quand un programme rencontre une chaîne, on peut presque changer un présentateur, sans que cela ne se voit. C’est donc une leçon d’humilité pour nous tous.
C’était justement ma prochaine question. Les audiences sont même satisfaisantes : finalement, Yves Calvi n’était pas si indispensable que ça ?
C’est vraiment un format associé à une chaîne. France 5 est une chaîne d’accompagnement, les gens vont sur France 5 pour trouver quelque chose de particulier. C’est une chaîne qui a, aujourd’hui, une identité très forte, qui s’est vraiment installée dans le paysage. C dans l’air, c’est France 5, et France 5, c’est C dans l’air. On ne mesurait donc pas, à quel point le programme était associé à la chaîne. On le sait aujourd’hui, Bruce et moi.
Qu’est-ce qui est, selon vous, une interview politique réussie ?
Il y a quelques temps, je vous aurais dit que c’est l’interview où il y a un moment de vérité, etc. Avec le temps, j’ai un peu évolué là dessus, parce que les hommes politiqués sont très exposés, essorés, un peu partout. Et puis, j’ai arrêté de faire des interviews politiques pour les 45 personnes qui sont vraiment des journalistes spécialisés politiques, ou les élus, ou le petit milieu politico-médiatique. Aujourd’hui, je dirais qu’une interview politique réussie, c’est une interview ou les gens ne décrochent pas, où les gens restent avec nous, du débat jusqu’à la fin, où on arrive à les intéresser, où on arrive à les accrocher, à donner du rythme.
Vous êtes de plus en plus de femmes à exercer ce métier, justement. Je vais vous donner trois noms de journalistes politiques. Vous allez me dire ce que vous en pensez. Léa Salamé ?
Déjà, je n’ai de leçon à donner à personne. Mon avis sur mes consoeurs ou mes confrères n’a que peu d’intérêt. Je veux juste vous dire que c’est une bonne journaliste, qui a un style bien à elle, et qui a réussi à s’imposer assez rapidement. Elle a fait sa place, vraiment.
Ruth Elkrief ?
Pareil, elle a démontré, depuis des années, qu’elle avait un savoir-faire, une expertise, qu’elle avait un ton. Elle fait partie du paysage, et elle a réussi à faire une chose qui n’est pas facile, dans ce métier, elle a réussi à durer.
Une que le grand public connaissait moins bien : Vanessa Burggraf ?
Ah oui, maintenant, ils la connaissent bien, parce qu’elle est chez (NDLR : Laurent) Ruquier. Je ne la connais pas très bien, pour tout vous dire. Non, parce que je ne regarde pas tellement les programmes du soir, parce que je ne regarde pas énormément la télé. J’en fais, mais la télé, je la regarde vraiment pour le « news », je regarde les 20 heures, les grands événements comme les débats politiques pour la Primaire, les élections, les soirées électorales. Parfois des séries pour me détendre, mais je ne regarde pas tellement les programmes comme ça, le soir.
Laurent Ruquier, justement : vous a-t-il déjà sollicitée, pour bosser avec lui ?
Non, jamais.
Et c’est quelque chose qui pourrait vous plaire ?
Non, je crois que je ne saurai pas faire.
Dans C dans l’air, vous ne recevez pas que des politiques. Vous recevez aussi des spécialistes ou éditorialistes : mais alors, qu’est-ce que, selon vous, un bon invité ?
Tout dépend pour quel exercice, encore une fois. Pour l’interview politique, un bon invité, c’est celui qui a quelque chose à dire. Ca, je le dis à chaque fois, mais c’est tellement vrai que je n’hésite pas à le répéter. Pour ce qui est de C dans l’air, les bons invités sont ceux qui arrivent avec une expertise, qui est un peu à la marge de tout ce qu’on entend partout, sur les chaînes d’info, de ce qu’on peut lire dans la presse écrite, etc. Des vrais experts, des chercheurs, des universitaires. Ils n’arrivent pas seulement avec des lieux communs, sur des sujets d’actualité. Ils arrivent avec un bagage plus lourd, avec plus de densité. Ceux qui sont bons, sont ceux qui savent faire passer toutes ces connaissances la, au plus grand nombre.
Mais qui sont les bons clients, alors ?
J’ai toujours refusé de répondre à ces questions : on ne peut pas y répondre. Ce n’est pas une histoire d’avis : je ne donnerai pas de liste de bons ou de mauvais. Ce serait déjà, avoir une haute idée de moi-même. Je ne suis pas du tout comme ça. Surtout, ils sont tous bons ou mauvais, à un moment ou à un autre. Vous avez des meilleurs invités, qui ont été de très bons clients, qui d’un coup, déboulent sur le plateau. Et vous vous dites : « tiens, il est mauvais », « tiens, il n’avait rien à dire », « tiens, il est passé complètement à côté de l’interview ». Je pense qu’ils peuvent tous être bons : n’importe quel homme politique qui est en situation d’actualité politique extrêmement forte, va créer une attente autour de lui, et va devenir le client que tout le monde veut avoir.
Dans la vie, vous êtes en couple avec Laurent Solly, actuel directeur général de Facebook. Il a été l’un des directeurs adjoints de la campagne de Nicolas Sarkozy. Est-ce que cela crée des affinités avec des personnalités politiques, notamment de Droite, dans votre métier ?
Non, cela fait très longtemps qu’il n’est plus dans ce milieu-là. Ca peut créer des affinités dans le milieu de la tech, de la nouvelle technologie.
Donc à la maison, vous ne parlez jamais boulot ?
Si, mais cela ne vous regarde pas, ce que je fais chez moi (rires).
Pas de souci, on prend note. Autre question, personnelle, vous avez une fille de 17 ans, Victoire. En 2017, ce sera la première fois qu’elle ira voter. Qu’allez-vous lui conseiller ?
C’est pareil. Je fais très attention à faire la différence entre ce que je suis, pour les gens qui me regardent, la journaliste. Là, je vous assure, je donne tout ce que je suis. En revanche, ma vie, mes enfants, vous touchez là, à la pulpe de moi, à l’essentiel. Donc, vous n’aurez rien. Il n’y a jamais eu de photo de nous, tous ensemble. On se protège, parce que ça n’a rien à voir. On peut être une journaliste, exposée, je fais mon travail, je fais de la télé, etc. Mais ce qui se passe chez moi, n’intéresse que les gens qui comptent beaucoup pour moi.
Retournons dans le boulot. Nos auditeurs ont entre 15 et 25 ans, ils s’intéressent à peu près à tout, à partir du moment où une personnalité, justement, est une personnalité publique. Ce qui fait que forcément, on aime bien en savoir plus…
Oui, mais s’ils veulent en savoir plus, s’ils veulent savoir ce que c’est que ce métier, parce qu’en réalité, ce qui est intéressant pour vous, à cet âge-là, c’est de se dire « est-ce que c’est un métier qui m’intéresse ? », « est-ce que c’est un milieu dans lequel je peux, éventuellement, faire carrière ? ». Ca, franchement, il y a mille choses à raconter, sur comment réussir, ou pas, d’ailleurs. Parce que peut-être que c’est un métier qui les rebute, et, on pourrait en parler. Ca, je pense que ça les intéresse encore plus, que de savoir ce que fait ma fille…
On est d’accord ! Vous avez fait de la politique votre spécialité. Dans les cinq prochaines années, vous vous voyez faire quoi à la télévision ?
Franchement, la même chose.
Vous n’avez pas envie, comme Anne-Sophie Lapix, d’avoir votre talk-show ?
Non, je ne sais pas faire non plus, ça. En fait, vous savez, j’ai réussi, à 44 ans, à réussir à faire absolument ce dont je rêvais. Je fais une émission qui est un graal, qui a marqué et qui marquera l’histoire de la télévision, qui est C dans l’air. Et je vous assure qu’être à la tête de cette émission, quand on aime ce métier-là, il n’y a pas mieux. Parce que c’est collectif, et moi j’ai besoin de travailler en équipe. Par ailleurs, je fais une interview politique le matin, sur France 2, 1 million et demi de personnes, j’espère que ça va durer.
Un dernier mot pour nos auditeurs ?
Oui ! Je trouve ça super que vous fassiez ce que vous faites. Vos auditeurs doivent savoir que vous vous êtes battu, durant des semaines, pour venir me voir ! L’une des qualités essentielles de ce métier-là, c’est la détermination, l’envie. Et vous l’avez eu, vous êtes venu me chercher jusque-là, dans mon petit bureau de C dans l’air ! Continuez comme ça !