Le Parlement catalan a adopté lundi 9 novembre une résolution qui lance le processus visant à créer une République de Catalogne indépendante de l’Espagne dès 2017. Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a déposé un recours devant le Tribunal constitutionnel pour invalider cette résolution indépendantiste.
« J’ai l’honneur et la responsabilité de défendre la proposition de résolution par laquelle nous lançons solennellement la construction d’un nouvel Etat, un Etat catalan, une République catalane. » Les mots sont de Raul Romeva, tête de liste de la coalition indépendantiste Junts pel Si (Ensemble pour le oui). Lundi 9 novembre 2015, 72 députés indépendantistes sur 153 ont adopté la résolution pour une république de Catalogne indépendante de l’Espagne dès 2017.
Pour rappel, ce Parlement régional est issu d’un scrutin organisé le 27 septembre sur la question de la sécession. Les indépendantistes avaient gagné ces élections et obtenu la majorité de sièges sans obtenir la majorité absolue de voix (47,8%).
« Après des années pendant lesquelles nous avons demandé le droit de décider, nous avons décidé de l’exercer », a également lancé l’élu lors d’une session très spéciale retransmise in extenso sur la chaîne publique d’informations TVE 24 horas.
Ce vote d’hier intervient après des années de tensions entre le Président catalan sortant Artur Mas et le Gouvernement central espagnol. Le premier avait demandé sans succès un référendum d’autodétermination (dans un contexte de fièvre indépendantiste, de crise économique et d’un premier arrêt du Tribunal constitutionnel ayant raboté les compétences propres de la région).
« Nous n’allons pas vous permettre de construire un nouveau mur »
Mariano Rajoy, Premier ministre conservateur de l’Espagne, a immédiatement déposé un recours devant le Tribunal constitutionnel pour invalider cette résolution indépendantiste. « Je solliciterai la suspension immédiate de cette initiative (parlementaire) et de tous ses effets », a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée, précisant avoir convoqué à cet effet un conseil des ministres extraordinaire, prévu mercredi.
Xavier Garcia Albiol a même évoqué l’anniversaire de la chute du mur de Berlin, intervenue le 9 novembre 1989, pour exorciser l’idée d’une sécession avec la Catalogne. Le député du Parti Populaire (parti dont est issu Mariano Rajoy) a ainsi prévenu : « Nous n’allons pas vous permettre de construire un nouveau mur ».
Deux mois avant les élections législatives du 20 décembre, le Parti Populaire, en perte de vitesse, a acquis son soutien sur le terrain sur le thème de l’unité de l’Espagne. Selon les sondages, le PP est talonné par le parti de centre droit Cuidadanos, qui propose une réforme des institutions concernant la question catalane.
Derrière Cuidadanos, le PS privilégie le dialogue et davantage de fédéralisme. Podemos (extrême gauche) prône quant à lui l’organisation d’un référendum.
*Crédits photo Une : Brown Political Review