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Ce « simple géniteur » devenu père

À Nantes, un couple de lesbiennes s’est vu contraint par la justice de reconnaître les droits du père biologique de son enfant. Celui-ci, au départ simple géniteur, a en effet changé d’avis et décidé de devenir père aux yeux de la loi. 

Elles n’espéraient certainement pas un tel scénario. Il y a bientôt deux ans, un couple de lesbiennes accueillait avec joie la naissance de son premier enfant, né d’un donneur de sperme. Mais quelques mois plus tard, contre toute attente, l’homme décidait de reconnaître son descendant. Et, lundi, les deux femmes se sont vues contraintes de lui accorder droits de visite et d’hébergement. Le juge des affaires familiales a même « organisé les droits du père et des rencontres progressives avec l’enfant pour s’orienter vers un droit de visite et d’hébergement classique », indique l’avocate de la mère biologique, Me Anne Bouillon.

Pourtant, cette situation, aucune des trois personnes concernées ne l’avait prévu. L’enfant avait été conçu hors relation sexuelle, avec « le meilleur ami du couple à qui a été demandé d’être le donneur de sperme », explique l’avocate du père, Me Magali Castelli-Maurice. « Mon client a toujours été considéré comme un simple géniteur », continue-t-elle. Mais il a voulu reconnaître l’enfant, sept mois après sa venue au monde, « parce qu’il avait envie d’être père. ». Une demande on ne peut plus classique, « mais la particularité c’est qu’on a un couple d’homosexuelles qui a refusé la présence du père », assure l’avocate de celui-ci. D’après ses dires, un juge d’Orléans avait déjà homologué les droits du géniteur en janvier dernier, une décision rendue caduc par le départ précipité du couple à Nantes. Dès lors, une procédure auprès du juge nantais des affaires familiales était inévitable.

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« La famille, c’est moi et ma compagne. »

De son côté, la mère biologique fait valoir son point de vue via des propos rapportés par son avocate : « La famille, c’est moi et ma compagne. On n’avait pas prévu que ce monsieur viendrait revendiquer ses droits. Ça bouleverse notre famille. ». Me Bouillon a toutefois précisé que sa cliente « n’avait pas demandé au juge de nier les droits du père ». « Il y a un monsieur qui a rendu service à ma cliente et sa compagne. Il a changé d’avis et voulu prendre sa place de père. Dont acte. Il le fait dans un cadre organisé par la justice. », poursuit l’avocate. Mais pour cette dernière, la vraie question, c’est « ce qui fait famille et comment les familles homoparentales doivent se préparer à composer une organisation parentale à plus de deux. ». Et vient ensuite le problème de l’adoption par la future épouse de la maman biologique. « Elle ne pourra adopter que dans le cadre de l’adoption simple. Et il faut que le père consente à cette adoption. ». Un dossier à suivre, et dont le dénouement pourrait faire exemple.

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