Alors que la nouvelle version revient sur TF1, retour sur Ma celui qui est sans nulle doute l’une des grandes figures des années 80.
Grand, séduisant, la moustache frétillante et la silhouette dégingandée, en short et baskets, la casquette vissée sur le crâne et les lunettes de soleil posées sur le nez, derrière le volant d’une Ferrari rouge qui vous classe un homme, Thomas Sullivan Magnum arpente les côtes Hawaïennes gangrenées par le crime organisé et les malfrats locaux avec une décontraction que d’aucuns, de prime abord, pourraient apparenter à de la nonchalance.
Nous sommes en 1980 et CBS met à l’antenne une série signée Donald P. Bellisario et Glen A. Larson dont le personnage principal est un détective privé, ancien du Vietnam, bien décidé entre deux enquêtes à profiter de la vie que lui offre une place en or de chef de la sécurité qu’il occupe dans la luxueuse résidence de l’écrivain Robin Masters. Ce qui fait tout l’intérêt de ce personnage, hormis le fait qu’il soit un détective hors pair, c’est bien évidemment son envie incommensurable de se la couler douce. Or, pour cela, il doit mener une guerre sans merci au majordome des lieux, Higgins, auquel il tente d’extorquer le moindre privilège dès qu’il en a l’occasion.
Si Magnum est athlétique et tout à fait à même de faire le coup de poing si le besoin s’en fait sentir, il est un homme à la personnalité plus profonde qu’il ne semble au premier coup d’œil. Vétéran de la guerre du Vietnam, il en est quitte pour d’innombrables traumas qu’il devra gérer au fil du temps. Sa part d’ombre, qui se révélera en filigrane des 162 épisodes de la série, est heureusement contrebalancée par un humour irrésistible dont il fait preuve avec régularité et qui ajoute à son charme auprès de la gent féminine avec laquelle il a un certain succès. Personnage doté d’une richesse peu courante, on apprendra à découvrir sa complexité tout comme ses fêlures au fil des saisons où tout un pan de son passé finira par être dévoilé par bribes et achèvera de le définir, notamment en montrant les rapports compliqués qu’il entretient avec ceux qui lui sont proches (son père, sa femme…) ou du moins avec leurs souvenirs.
Chantre du second degré, brisant le quatrième mur en s’adressant constamment au téléspectateur, Magnum et son catalogue d’objets qui le caractérisent (sa chevalière, son revolver, ses casquettes de base-ball, ses incontournables chemises hawaïennes…) définissent également toutes les composantes d’un personnage fascinant en diable. L’une des autres caractéristiques principales de Magnum, c’est aussi cette géniale utilisation de la voix-off, principe hérité du film noir (et du polar hard-boiled) et qui sied ici comme un gant à notre privé moustachu. Renforcé par une VF irrésistible et le travail vocal de l’immense Francis Lax, ce gimmick soulignera avec force les atouts de Magnum, que ce soit son humour, son sens de la déduction, ses peurs ou encore les contours de sa relation avec Higgins. Ce jeu du chat et de la souris qui sera récurrent durant les huit saisons du show sera mâtiné d’un respect mutuel qui ne se verra jamais pris en défaut.
Magnum est un pur héros comme les affectionne Don Bellisario et une série où l’on retrouve certains de ses thèmes récurrents (la filiation, le dépassement de ses capacités…). Homme perclus de doutes et donc faillible, Magnum possède un sens de l’honneur extrêmement développé et il tient l’amitié comme une vertu cardinale qu’il n’hésite pas, à la fois à ériger comme étendard pour justifier certaines de ses décisions mais également à utiliser pour s’octroyer des avantages (ses relations avec Terry et Rick, ses deux meilleurs amis, tournent constamment dans un sens ou dans l’autre mais leur amitié en sortira à chaque fois renforcée).
Bien plus qu’un banal héros de série, Magnum s’affranchit des fictions télé lambda en mettant en scène un personnage à l’humanité débordante et pour lequel l’empathie et l’identification fonctionneront à plein régime du début à la fin. Cela n’est bien évidemment possible que grâce à l’extraordinaire prestation de Tom Selleck qui transpire Thomas Magnum par tous les pores de la peau. Passant avec une même virtuosité de célibataire badin à militaire badass, de détective infaillible à père aimant et protecteur, de sportif amateur à dragueur de compétition (ou le contraire) le comédien déploiera une palette de jeu proprement hallucinante pendant les huit saisons que durera la série. Son œil qui frise, sa décontraction naturelle, sa capacité à embrasser l’humour et le drame avec un même bonheur auront contribué à dessiner les contours d’un personnage haut en couleurs, qui s’est imposé dans notre tube cathodique comme l’une des figures incontournables de la télévision des années 80.
Crédits: CBS