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C’est quoi Bygmalion, cette affaire pour laquelle Nicolas Sarkozy a été condamné ?

Mercredi 26 novembre 2025, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion, rendant sa condamnation pour financement illégal de campagne présidentielle en 2012 définitive. Ce tournant judiciaire marque un coup d’arrêt pour l’un des dossiers les plus retentissants de la Vᵉ République.

Bygmalion est une société d’événement engagée pour organiser les grands meetings, rassemblements et « shows » de la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy. À l’époque, les rassemblements politiques adoptaient une mise en scène spectaculaire, mais ce luxe avait un coût. En coulisses, les factures de ces événements ont fait exploser les plafonds légaux des dépenses autorisées pour une campagne présidentielle.

Le mécanisme contesté

Selon les juges, une partie importante des sommes déboursées pour la campagne n’a pas été imputée (comme elle aurait dû le faire) à la campagne électorale, mais à l’ancien parti de Nicolas Sarkozy (UMP). Pour cela, des « conventions fictives » ont été utilisées, sous couvert d’événements de parti. Alors qu’en réalité, il s’agissait de meetings électoraux. Une manœuvre destinée à masquer le dépassement du plafond légal des dépenses.

Lorsqu’a éclaté l’affaire en février 2014, avec la révélation d’importantes facturations par le magazine Le Point, Jean-François Copé, président de l’UMP à l’époque, conteste les accusations. Dénonçant ce qu’il a qualifié de “campagne de désinformation” et annonçant qu’il porterait plainte.

Selon l’enquête, les dépenses totalisées atteignaient près de 43 millions d’euros. Bien au-delà du plafond légal de 22,5 millions d’euros pour une campagne présidentielle.

L’alerte

L’alerte est donnée le 27 février 2014, lorsque l’hebdomadaire Le Point publie une enquête révélant que Bygmalion aurait surfacturé ses prestations à destination de l’ancien parti de Nicolas Sarkozy. Ces factures « gonflées » auraient servi à masquer des dépenses de campagne dépassant le plafond.

Dès le lendemain de cette révélation, les dirigeants de Bygmalion, proches de l’époque de la direction de l’UMP déposent une plainte en diffamation. Montrant à quel point l’affaire allait faire trembler la classe politique.

Quelques mois plus tard, en mai 2014, les choses s’accélèrent quand un de ses anciens directeurs de campagne. Jérôme Lavrilleux admet à l’antenne que le plafond des dépenses avait été « explosé » et que l’UMP avait absorbé une partie des coûts. Ce sont ces aveux publics suivis des publications de fausses factures qui créent le basculement. L’affaire cesse d’être un soupçon pour devenir un scandale judiciaire. Jean-François Copé démissionne de la présidence de l’UMP le 15 juin 2014, poussé par le parti.

Le parcours judiciaire de l’affaire

Après plusieurs années d’enquête et de procédure, la justice a finalement tranché. En appel, le 14 février 2024, la cour de Paris avait condamné Nicolas Sarkozy à un an de prison, dont six mois ferme pour financement illégal de campagne. À l’issue de l’enquête et des auditions, la justice a accordé à Jean-François Copé un non-lieu. Il n’a jamais été mis en examen dans l’affaire Bygmalion. En revanche, Jérôme Lavrilleux (directeur adjoint de campagne), Éric Cesari (ancien directeur général de l’UMP), Fabienne Liadzé (responsable des finances). Mais aussi Pierre Chassat (ancien directeur de la communication de l’UMP). Ainsi que plusieurs cadres de la société Bygmalion elle-même ont été condamnés dans l’affaire.

Ces condamnés pour complicité de faux, usage de faux, escroquerie et financement illégal de campagne ont écopé de peines allant de deux à trois ans de prison. Pour certaines avec sursis, ainsi que d’inéligibilité pour plusieurs d’entre eux.

Mais l’affaire n’était pas terminée. L’ancien président s’était pourvu en cassation (demander à la juridiction suprême de censurer la non-conformité en droit d’une décision de justice sans se prononcer sur le fond du litige). Le 26 novembre 2025, la plus haute juridiction française, la Cour de cassation, a rejeté ce pourvoi. Elle a ainsi rendu la condamnation définitive. Statut judiciaire aujourd’hui pleinement validé pour l’ancien président.

La Cour a jugé que la qualité même de candidat suffit pour engager la responsabilité pénale. Même si Nicolas Sarkozy n’avait pas personnellement signé les fausses factures, son autorisation des dépenses rend son implication juridiquement établie.

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