Alors que la Corée du Nord reste le pays le plus fermé au monde extérieur et avec une très forte censure, certains bravent les interdictions, et arrivent à se procurer des séries sud-coréenne. Mais en quoi consistent ces séries, et pourquoi ont-elles été visionnées par 83% des transfuges nord-coréens ?
Une fenêtre sur le monde extérieur
Depuis la crise du Covid-19, le nombre de Nord-Coréens parvenant à fuir chez leur voisin du sud a considérablement baissé, passant de 202 en 2019, à 23 en 2023, preuve du durcissement des mesures pour empêcher toute fuite du pays. Visionner une série étrangère est punit en Corée du nord de peine de mort, à l’image d’un jeune paysan nord-coréen de 22 ans qui avait été éxécuté pour avoir écouté 70 chansons sud-coréennes ainsi que visionné plusieurs films.
Les séries le plus consommées par les nord-coréens sont les K-Dramas, des séries sud-coréenne , séries sembables à des séries comme Desperate Housewives dans le fond, ne s’étalant en général sur pas plus d’une saison. Ces dernières mettent souvent en scène des histoires d’amours, à l’image de « Crash Landing on You« , histoire d’amour entre une héritière sud-coréenne, et un militaire nord-coréen. Les nord-coréens y voient des gens libres, expriment librement leur amour et c’est un message qui trouve un écho très fort dans une société très fermée, censurée. « Ils ne le disent peut-être pas oubliquement, mais je ne connaissais personne qui ne regardait pas de vidéos étrangères.” Kang Gyu-ri, transfuge nord-coréen.
Ils planquent des clés USB sous des planches ou dans des murs, tout ça pour quelques épisodes. Et pendant qu’on zappe entre trois plateformes, eux risquent des années de camp pour un drama coréen. Il y a une force là-dedans, une soif de liberté silencieuse, presque désespérée, qui dit plus que mille slogans.
Pourquoi prendre un tel risque?
Ces séries, c’est bien plus qu’un passe-temps. C’est une fenêtre. Un trou minuscule dans le mur de propagande. Elles leur montrent un monde où les gens tombent amoureux sans avoir peur, où on peut rire fort, se disputer, pleurer, choisir son métier, sa façon de s’habiller, même sa manière de vivre. Un monde où l’on peut être soi sans risquer de tout perdre. Ça paraît banal pour nous, mais là-bas, c’est révolutionnaire. Ces fictions leur renvoient une autre image de la vie, une autre image de la Corée du Sud aussi – pas celle peinte comme décadente ou corrompue dans les discours officiels, mais une société moderne, vivante, libre. Et parfois, il suffit d’un seul épisode pour semer un doute, une graine. Une idée qui ne s’efface pas. Alors oui, c’est risqué, mais quand ton quotidien est fait de contrôle, de peur et de silence, parfois un peu de rêve vaut plus que ta propre sécurité. Et ce rêve-là, il passe par une clé USB cachée, un écran noir et blanc, et quelques heures volées à la nuit.