Lundi 17 avril, Emmanuel Macron a été filmé en train d’entonner un chant traditionnel pyrénéen, dans les rues de Paris, aux côtés de jeunes soutiens de l’application « Canto ». Une vidéo devenue virale, partagée et commentée par des sympathisants d’extrême droite. Mais que sait-on au juste de cette application « Canto » ?
Le lundi 17 avril, juste après son allocation télévisée, et alors qu’il marchait le soir, en compagnie de son épouse, dans les rues de Paris, Emmanuel Macron a été filmé, en train de chanter, aux côtés de jeunes hommes. La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux. Le chant entonné n’était autre que « le refuge » d’Edmond Duplan, un chant traditionnel des Pyrénées. Bien-sûr, l’on pourrait y voir l’attachement du président à cette belle région, lui qui, avec son épouse, affectionne en particulier La Mongie, chère à ses souvenirs d’enfance. Et l’Élysée d’indiquer à cet égard que le Président a accepté d’entonner une chanson pyrénéenne « qu’il affectionne et connaît ».
Précisons ainsi le contexte : le Président a été abordé par un groupe de dix jeunes dans la rue qu’il ne les connaissait pas. Ils chantaient la chanson « Le Refuge » d’Edmond Duplan, et ont demandé au Président de chanter avec eux. Lors de son déplacement en Alsace, il a ainsi expliqué : « Vous êtes président de la République, vous êtes dans la rue. Vous avez 10 jeunes qui arrivent. Je ne les connais pas ». Et de préciser alors : « Ils chantaient « Le Refuge » (d’Edmond Duplan, un chant pyrénéen), chanson que je connais. Je me suis retourné, je me suis dit “Tiens c’est sympa !” Ils me disent : “Est-ce que vous chanteriez avec nous ?” ». Selon Emmanuel Macron, s’il avait refusé, cela aurait suscité des critiques sur son manque de sympathie et son mépris envers les gens. « C’est simple : vous leur dites non, vous m’auriez fait quarante-huit heures sur le thème : Il est méprisant, il n’est pas sympa, crise démocratique, c’est du mépris » […] « À l’inverse, vous vous arrêtez parce que vous connaissez la chanson, [les journalistes disent] “il a chanté avec des types qui sont politisés”… ».
Des liens de « Canto » avec l’extrême droite ?
Là est le point sensible, celui de liens de « Canto » avec l’extrême droite, en particulier si l’on souligne qu’un cofondateur de « Canto » a été membre du GUD (organisation d’étudiants d’extrême droite). L’entourage du chef de l’État a précisé que le président ne pouvait pas connaître l’histoire politique de chaque personne avec qui il discutait dans la rue.
Le projet « Canto » apparaît avant tout comme une association loi 1901, qui a pour objectif de « sauvegarder, faire vivre et transmettre la mémoire du chant populaire et traditionnel grâce à un site et une application gratuite pour servir de support ». L’association, avec son site dédié, entend ainsi agréger tous les chants populaires et traditionnels de France … Une sauvegarde numérique donc pour ne pas que ces chants traditionnels tombent dans l’oubli. Par ailleurs, l’association est soutenue par le ministère de la Culture : elle bénéficie d’une subvention de 40.000€ du Centre national de la musique. L’association a aussi compté sur le soutien de La Nuit du Bien Commun, un évènement caritatif, qui fournit de l’argent à des associations « souvent liées aux sphères catholiques dures », selon Libération.
Mais, ainsi que le soulignait Libération en octobre dernier, « Canto » a été fondée en 2020 par des anciens militants de l’extrême droite. Et précisément, la vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, a été particulièrement commentée, partagée par des sympathisants d’extrême droite, relayée notamment par des soutiens de l’extrême droite, comme Stanislas Rigault, président de Génération Z, le mouvement jeune de Reconquête, parti d’Éric Zemmour.
Si « Canto » permet la sauvegarde des classiques de la chanson traditionnelle française, Libération rappelle aussi que l’application aurait accueilli des airs nationalistes, des chants militaires du IIIe Reich ou encore l’hymne de la Phalange espagnole du mouvement fasciste de Primo de Rivera.
Aujourd’hui, plusieurs mois après la publication de l’article, certains des chants litigieux repérés par Libération ont été supprimés, comme les chansons militaires du IIIe Reich. Cependant, d’autres sont toujours disponibles, comme Cara al Sol, Les Lansquenets ou Claquez bannières de chrétienté (dont les paroles ci-dessous donnent une tonalité bien marquée).