Nouvelle polémique pour le site d’e-commerce chinois Shein. Un nouveau scandale qui frappe l’entreprise de fast fashion à quelques jours de son arrivée au BHV.
Longtemps connue uniquement comme géant mondial de la mode à bas prix, Shein a évolué. Depuis 2023, elle ouvre ses portes aux vendeurs indépendants. Grâce à son programme marketplace, la plateforme autorise de petites marques et des créateurs à proposer leurs produits, offrant une visibilité à des millions d’utilisateurs dans le monde. Elle fonctionne comme Amazon ou Vinted : les vendeurs peuvent y proposer leurs propres articles, qui apparaissent aux côtés des produits Shein classiques. Le géant chinois précise que seuls les professionnels enregistrés (micro‑entrepreneurs, sociétés, artisans) sont pour l’instant éligibles.
Des poupées illégales accessibles en ligne
Sur le site Shein, des objets à caractère pédopornographique ont été proposés à la vente en quelques clics. Le samedi 1ᵉʳ novembre, la justice française a été saisie après que la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a transmis un signalement. Elle a repéré une offre illégale : une poupée sexuelle représentant une fillette tenant un ourson en peluche. Elle est décrite mesurant 80 centimètres de haut et comme un « jouet de masturbation masculine avec corps érotique et vrai vagin et anus ». La DGCCRF a indiqué que la description et la catégorisation de ces produits sur la plateforme ne laissaient guère de doute. Aucun filtre ne bloquait l’accès à cette page pour les mineurs : l’annonce devenait consultable après une simple validation d’âge.
Shein avait déjà subi des sanctions pour pratiques commerciales trompeuses et produits non conformes, ce qui renforce la gravité de cette affaire. La DGCCRF a contacté la plateforme pour lui demander de supprimer l’annonce qu’elle a depuis retirée. Face à cette situation, le ministre de l’Économie Roland Lescure a menacé le lundi 3 novembre d’interdire l’accès de Shein au marché français si de tels faits se reproduisaient. La législation française prévoit jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende pour la diffusion de contenus pédopornographiques via un réseau de communications électroniques.
La haute‑commissaire à l’Enfance Sarah El‑Haïry a annoncé qu’elle convoquerait toutes les grandes plateformes de commerce en ligne pour identifier les responsables, les fournisseurs et les dispositifs de prévention mis en place afin d’éviter la réapparition de tels objets. Elle a précisé qu’un tel contrôle s’étendait déjà à d’autres sites, notamment AliExpress et Alibaba, où des produits similaires avaient été retirés lorsqu’ils restaient accessibles depuis la France.
À quelques jours de l’ouverture
Le mercredi 5 novembre, Shein ouvrira sa boutique au sixième étage du BHV Marais, sur près de 1 000 m², consacrés aux produits du géant chinois de la fast‑fashion, qui signera ainsi sa première implantation permanente en France.
Cette ouverture déclenche une vive polémique. Une pétition lancée sur Change.org a recueilli plus de 100 000 signatures pour demander l’annulation du projet, dénonçant les pratiques de production de Shein : exploitation des travailleurs, contournement des règles douanières européennes, et fort impact environnemental. Des associations de défense des droits humains et de l’environnement ont également pris position, rappelant que la marque avait déjà été critiquée pour la présence de substances chimiques interdites dans certains vêtements.
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Le choix du BHV Marais, filiale du Galeries Lafayette et établissement emblématique du centre de Paris, suscite lui aussi des critiques. Plusieurs élus écologistes et de gauche dénoncent une contradiction entre les politiques locales de transition écologique et l’accueil d’une marque considérée comme symbole de sur‑consommation et de pollution textile. L’adjointe à la maire chargée du commerce a déclaré qu’« une telle implantation ne correspond pas aux valeurs de Paris ».
Dans un long message publié sur les réseaux sociaux, le dirigeant du BHV Marais assume pleinement sa décision malgré les polémiques.