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C’est quoi “la main morte”, cette menace brandie par Dmitri Medvedev ?

Dans un climat tendu entre Washington et Moscou, Dmitri Medvedev a ravivé le spectre de la guerre froide en évoquant la « main morte« . Un système de riposte nucléaire automatique soviétique. Une menace directe adressée à Donald Trump, dans un contexte de tensions accrues autour de l’Ukraine.

Une menace d’une autre époque

Le 31 juillet, l’ancien président russe Dmitri Medvedev a relancé une ancienne peur nucléaire. Sur son Telegram, il avertit Donald Trump, « Qu’il se souvienne de la dangerosité de la « main morte ». » Un message cryptique, accompagné d’un émoji railleur et d’une référence post-apocalyptique à la série The walking Dead.

La réponse américaine ne se fait pas attendre. Le 1er août, Donald Trump annonce le déploiement de deux sous-marins nucléaires américains dans des « zones appropriées« , sans préciser lesquelles. Il justifie cette décision par les propos « insensés et incendiaires » de Medvedev. La tension monte d’un cran entre les deux puissances nucléaires. Avec elle, une question, l’avenir de ces menaces ?

Un système de riposte automatique

Conçu dans les années 1980 par l’Union soviétique, le système « Perimeter« , surnommé « la main morte », est un dispositif de dissuasion nucléaire unique en son genre. Son principe, assurer une riposte même si tous les centres de commandement russes sont détruits.

Dans The Dead Hand, le journaliste américain David E. Hoffman retrace l’histoire de ce projet ultra-secret. Face aux avancées militaires américaines, notamment le projet de bouclier antimissile spatial annoncé par Ronald Reagan, les Soviétiques craignent une attaque surprise paralysante. Leur réponse : une technologie à « échec mortel ».

Concrètement, si une frappe nucléaire est détectée par des capteurs sismiques ou de radiation, et si les communications avec l’état-major sont interrompues, « Perimeter » peut ordonner automatiquement le lancement d’ogives nucléaires.

Ce système serait opérationnel aujourd’hui, d’après des sources militaires russes. Il aurait été modernisé au fil du temps, mais son fonctionnement exact reste entouré de mystère.

Entre réalité et dissuasion

Officiellement, le système « Perimeter » ne serait activé qu’en cas de crise extrême, avec décision préalable des dirigeants russes. Selon Valery Yarynich, vétéran soviétique ayant participé au projet, l’objectif était d' »éviter une erreur tragique« . En clair, empêcher une réaction précipitée en cas de fausse alerte, tout en garantissant une réponse destructrice en cas d’attaque réelle.

« Cela permettait de calmer tous ces extrémistes et ces têtes brûlées« , expliquait l’ingénieur russe Alexander Zheleznyakov. Il parle même de « revanche« . Une forme d’ultime assurance-vie nucléaire pour la Russie.

Mais une incertitude persiste. Le déclenchement de le « main morte » est-il totalement automatisé ? Ou bien nécessite-t-il, en dernier recours, d’un lancement fait par l’Homme. Selon la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), le système serait semi-automatique. Une poignée d’officiers, retranchés dans un poste sécurisé, devrait valider l’ordre de lancement si le réseau de commandement est détruit.

Ce flou alimente la puissance symbolique du système. Contrairement aux États-Unis, qui ont désactivé leur dispositif de riposte automatique en 1991, la Russie continue de faire planer l’ombre de la « main morte » dans sa doctrine stratégique.

Un climat de Guerre froide ressuscité

La résurgence de cette menace n’est pas anodine. Elle survient alors que Donald Trump, revenu à la Maison Blanche en 2025, durcit le ton face à Moscou. Il donne dix jours à la Russie pour cesser les hostilités en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions économiques. Pour Medvedev, c’est un pas de plus « vers la guerre« .

L’ancien président russe, devenu figure clé de la ligne dure du Kremlin, a choisi ses mots avec soin. En évoquant « la main morte« , il joue sur un imaginaire de fin du monde. Celui d’un conflit nucléaire presque total, où plus personne ne contrôle rien, pas même les missiles.

C’est cette perspective glaçante qu’il entend raviver. Non pas pour frapper, mais pour dissuader. L’objectif étant de rappeler que le Russie dispose toujours de moyens extrêmes si elle se sent acculée. La Russie se veut provocante et mise sur la peur pour s’affirmer à la table des grandes puissances mondiales.

A lire aussi : Garde nationale, marines, police : qui commande qui aux États-Unis?

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