Lundi 21 mars dernier, Washington a officiellement reconnu le génocide contre les Rohingyas perpetré par la junte brimane. Qui est ce peuple ? Les raisons du génocide ? On décrypte pour vous.
C’est qui les Rohingyas ?
Les Rohingyas sont un groupe apatride de confession majoritairement musulmane, ils parlent une langue indo-européenne. Cette communauté vit principalement au nord de l’État de Rakhin (anciennement État d’Arakan), cette subdivision administrative à l’ouest de la Birmanie. Si 600 000 d’entre eux vivent encore en Birmanie, la plupart ont fui au Bangladesh, ils y sont environ 800 000. Ils sont également 200 000 à avoir fui au Pakistan et environ 100 000 en Thaïlande.
Pourquoi sont-ils persécutés ?
La Birmanie déclare son indépendance en 1948 et crée un modèle politique parlementaire dans lequel le peuple Rohingya est inclus et considéré. En 1962, le militaire Né Win renverse le gouvernement par un coup d’État et impose un régime autoritaire qui mélange nationalisme, marxisme et bouddhisme. Ce nouveau régime entame une politique de “birmanisation” qui passe par l’épuration du pays, donc la persécution des minorités ethniques et religieuses. En 1982, les critères de citoyenneté se renforcent par voie de décret, le peuple Rohingya perd sa nationalité birmane et devient, de ce fait, apatride.
Privés de nationalité au regard de la communauté internationale, la communauté Rohingya a commencé à fuir vers des pays musulmans tels que la Malaisie ou l’Indonésie. Pour ceux qui arrivaient à leurs fins, ils étaient placés dans des camps de migrants insalubres et surpeuplés, pour les moins chanceux, leurs voyages s’arrêtaient en mer. Depuis 2010, l’immigration du peuple Rohingya s’est accéléré en même temps que la répression birmane.
En 2017, la résistance des Rohingyas s’organise et des postes de police et aux frontières sont attaqués, la réponse est immédiate et sanglante, l’ONU évoque au moins 1000 morts en deux semaines. À la suite de ces événements, l’immigration n’a fait qu’accroître, le peuple Rohingya est désormais majoritairement réfugié au Bangladesh, dans le camp de Kutupalong, devenu le plus grand camp de réfugiés du monde.
Vers la reconnaissance d’un génocide ?
Après environ 5 mois d’enquête, les États-Unis ont estimé que l’action birmane contre cette population était qualifiable de génocide. De plus, le 15 mars dernier, un rapport du Haut-Commissariat de l’ONU accusait l’armée birmane de crime de guerre et crime contre l’humanité et a appelé la communauté internationale à prendre immédiatement des mesures. Pour l’instant, le nombre de victimes est incertain, aucune enquête complète n’a été communiquée.
Les derniers chiffres fiables datent de 2017 et sont tirés d’une enquête réalisée par l’ONG Médecin Sans Frontière, elle recense environ 6 700 personnes tuées dont au moins 730 enfants en moins d’un mois.