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«C’est une maman, une mamie ou une jeune fille. » : la femme selon l’Education Nationale.

Un « dictionnaire des écoliers »  a été récemment mis en ligne par le Centre National de Documentation Pédagogique, établissement sous la tutelle du ministère de l’Éducation Nationale. Son but ? Eclairer quelques concepts simples à l’intention des enfants, jusqu’au CM2. Jusque-là, rien de particulièrement surprenant. Pourtant, une définition a fait particulièrement débat : celle des genres.

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On y apprend en  effet qu’une femme est « une maman, une mamie ou une jeune fille ». Evidemment, il s’agit là d’une définition à l’intention des enfants. On va donc leur expliquer le concept par ce qui se trouve le plus près d’eux : leur maman. Pour autant, la description est extrêmement maladroite. Une femme ne se résume-t-elle qu’à son rôle reproducteur ? Une femme de quarante ans qui n’est pas mère, puisqu’elle n’est ni une jeune fille, ni une maman, ni, à fortiori, une mamie est-elle toujours une femme ? Ces trois termes sont problématiques en tant qu’ils inscrivent la femme dans un schéma logique complétement dépassé : la jeune fille passe directement au statut de mère puis logiquement à celui de grand-mère. Or, quid de la femme indépendante, qui a d’autres buts que celui d’enfanter ?

La suite de la définition poursuit inexorablement le chemin des clichés. On y apprend que la femme « peut porter des bijoux, des jupes et des robes ». C’est donc ainsi que l’enfant est appelé à la reconnaître. On retrouve donc l’idée que la féminité est profondément ancrée dans l’essence même de la femme, et qu’une femme pas ou peu féminine est donc à peine une femme. La phrase d’illustration (« Miss France est la plus belle femme de France.») a également choquée, parce qu’elle tend à n’accorder aux femmes qu’un trait de caractère principal : leur beauté. Pour autant, nous y sommes tellement habitués, notamment avec les habitudes des présentateurs télé qui annoncent toujours les chanteuses par un tonitruant « et maintenant, la très belle (….) ! », ce qui paraitrait complétement incongru pour annoncer un homme, que l’exemple pourrait presque paraître inaperçu. Mais lorsque qu’on l’oppose à la phrase d’exemple de la définition de l’homme (en tant qu’individu de sexe masculin, puisqu’il est plus que sommairement décrit comme « un humain qui a de la barbe), le problème saute aux yeux. En effet, « dans le monde, les hommes parlent différentes langues. » Les femmes sont donc associées à l’activité possiblement la moins intellectuelle du monde (se présenter au concours miss France et défiler en maillot de bain), mais aussi la plus objectifiante, tandis que l’homme possède l’apanage du savoir et de l’apprentissage des langues. Petit problème, non ?

Alors certes. On parle d’une définition faite à l’intention d’élèves de CP (celles des CM2 sont heureusement un tantinet moins stéréotypées). Mais justement, c’est à eux que nous sommes censés inculquer  le dépassement des cases révolues dans lesquelles on enferme femmes et hommes. De la part d’un gouvernement qui a fait preuve d’une ouverture rafraichissante avec l’autorisation du mariage homosexuel, la vision de la femme inculquée aux enfants de la république fait pour ainsi dire mauvais genre.

 

 

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