Lancée le 1er septembre, la chaîne d’information continue de France Télévisions devrait se nommer France Info TV. Rencontre avec Raoul Advocat, journaliste à France 3 secrétaire général du SNJ du service public et Didier Givodan, journaliste à France O délégué syndical central SNJ pour s’interroger sur le modèle et la différenciation de la nouvelle chaîne info du service public de ses concurrents directs BFM TV, I Télé et LCI.
Radio VL : Comment France Télévisions peut-elle se différencier du modèle hard news de BFM TV ou de I Télé ? Qu’est-ce qu’une information de service public ?
Moins de dérapages sur les antennes du service public
« Je crois déjà que très concrètement quand on regarde l’information sur ces journaux et sur les chaînes d’information, il y a largement moins de dérapages notamment en terme de qualité d’information. Il y a des compétences qui existent depuis des décennies dans toutes nos rédactions » explique Raoul Advocat.
Un énorme réseau partout dans le monde
« France Télévisions il ne faut pas oublier que c’est des dizaines et des dizaines de rédactions entre les rédactions nationales, les rédactions régionales, les locales de France 3 et les rédactions ultramarines » rappelle Raoul Advocat.
« 2600-2700 journalistes avec autant d’expérience ça a un poids totalement différent que les petites rédactions des chaînes d’information qui sont toutes récentes finalement avec peu d’expérience de l’information et une façon de fonctionner qui est totalement différente » note le secrétaire général du SNJ du groupe.
Une mise en valeur du reportage
« Les chaines d’information [BFM TV, I Télé et LCI] c’est très peu de la télévision. Il y a peu d’image. C’est surtout beaucoup de plateaux. Nous on ne veut pas ça. Se priver du réseau extraordinaire de France Télévisions serait une imbécillité totale. Nous ne voyons pas au SNJ l’intérêt de copier ce qui existe déjà » constate Raoul Advocat.
« La direction dans son projet dit qu’elle veut se démarquer, faire quelque chose de différent. Nous après, on trouve qu’on ne se donne pas forcément les moyens de faire différent dans la mesure où il n’y a pas un budget spécifique important dédié. Ça semblait plutôt être la reprise de ce qui se fait déjà ailleurs. Eux nous disent qu’au-delà des rendez-vous d’information, il va y avoir à travers des modules des sujets plus approfondis qui seraient fait soit ici [à France Télévisions], soit par les partenaires c’est-à-dire notamment l’INA et France 24 mais aussi d’autres partenaires dont la liste ne nous a pas été encore communiqué. Donc le plus, la différence reste à démontrer. C’est de la déclaration d’intention, derrière on jugera sur pièce. Il y a l’idée de pas avoir des invités de façon très importante, de ne pas avoir en boucle des choses qui reviennent systématiquement, d’éviter de communiquer quand il n’y a pas d’info » dénonce Didier Givodan.
« Les déclarations d’intention on adhère mais nous on veut des choses concrètes. Si effectivement la chaîne c’est de ne pas retrouver tout ce qui existe déjà avec ces plateaux et ces spécialistes auto proclamés que l’on voit sur toutes les chaînes, sur tous les thèmes en particulier le terrorisme, on adhère. Mais pour l’instant on n’a rien de concret qui nous permet de dire que l’on va dans ce sens-là. Au contraire tout ce qu’on a comme élément sur le plan éditorial et économique nous fait dire attention on va exactement copier ce qui se passe actuellement » observe Raoul Advocat.
Crédit photo à la Une : lefigaro.fr