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Chine: l’intellectuel Ilham Tohti officiellement condamné à la prison à vie

Jeudi 25 septembre, l’agence de presse officielle Chine nouvelle a confirmé la condamnation à la prison à vie de Ilham Tohti, un intellectuel ouïgour modéré pourtant accusé de « séparatisme » auprès de ses étudiants par les autorités chinoises.

Le mystère planait sur la condamnation à perpétuité de l’éminent universitaire ouïgour, jusqu’à ce que l’agence de presse officielle chinoise ne révèle l’information. L’économiste, considéré comme un modéré, aurait été jugé pour avoir émis des commentaires relatifs à la situation actuelle dans la région du Xinjiang.

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©Capture d’écran CCTV.

Cette région autonome, qui abrite dix millions de ouïgours musulmans, fait partie des cinq régions autonomes de la République populaire de Chine. Le Xinjiang à un statut particulier tout comme la Mongolie ou le Tibet mais depuis plus d’un an de nombreux affrontements entre l’armée chinoise et les indépendantistes musulmans ouïgour illustrent la montée de vives tensions ethniques et religieuses.

Un des auteurs de l’attentat de Tiananmen entrain de brûler le drapeau chinois. (© CAPTURE D’ECRAN CCTV13 via Le Monde.fr)

Ces derniers mois, les attentats se font de plus en plus fréquents et Pékin lutte contre des rebelles islamistes et séparatistes. Parmi la population présente sur ces territoires de l’Ouest Chinois, la communauté des Ouïgours, numériquement très présente dans la région, s’est radicalisée jusqu’à rejeter la tutelle chinoise. Pour les autorités chinoises ces mouvements « séparatistes » sont « terroristes » et ils favorisent « l’extrémisme religieux ».

http://www.dailymotion.com/video/x1w0mxr_chine-attentat-meurtrier-dans-la-region-musulmane-chinoise-du-xinjiang_news

Lundi 22 septembre, le site d’informations du gouvernement ,Tianshan, avait annoncé la mort de deux personnes et de « nombreux blessés » dans une série d’explosions. Les répressions chinoises ne se font pas attendre. Pékin a lancé une vaste campagne d’exécutions officielles en marge de plusieurs centaines d’interpellations et d’autres condamnations de masse sans procès réellement équitables.

0207-01Les procureurs chinois ont mis en avant des « preuves » permettant d’affirmer que le professeur Tohti encourageait ses élèves à intégrer des « groupes séparatistes ». Pour Pékin, il prônait l’indépendantisme au sein de l’Université des minorités de la ville. S’appuyant sur des enregistrements vidéo de ses cours, l’accusation affirme qu’il aurait déclaré « Xinjiang appartient d’abord au groupe ethnique des Ouïgour » et non au groupe ethnique des Han dont est issue la majorité des Chinois.

Selon les autorités chinoises, l’homme aurait incité ses étudiants à la haine ethnique et religieuse ainsi qu’à la violence en saluant l’attaque meurtrière d’un poste de police en avril 2013 dans le canton de Bachu.

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Plusieurs représentants internationaux avaient demandé la libération de l’intellectuel ouïgour I. Tohti, considéré comme un modéré.

Pour la défense, ces affirmations sont fausses et orchestrées. L’avocat du professeur Tohti a d’ailleurs porté plainte contre l’agence de Presse. Selon les propos de l’homme de loi, son client n’a jamais encouragé le terrorisme. Il aurait simplement fait allusion à des incidents récents survenus dans la région. Il aurait relaté les faits selon lesquels des habitants de la région du Xinjiang se serait opposé à l’intrusion par la force des autorités chinoises dans leurs domiciles afin de supprimer le port des voiles musulmans. L’intellectuel aurait simplement apporté son soutien affirmant que « si c’était (sa) propre épouse qui se serait vu arracher son voile, (il aurait) résisté (lui) aussi. » Malgré la possibilité d’interjeter appel, les chances d’Ilham Tohti de l’emporter devant les tribunaux affiliés au Parti Communiste Chinois sont minces.

Hommes ouïgours portant la coiffe traditionnelle dans la région de Xinjiang. (©AFP / Frederic J. Brown)

Alors que la situation semble s’aggraver au Xinjiang, la Chine accuse l’Occident d’y encourager le terrorisme. Selon certains médias chinois, les États-Unis et certains pays occidentaux motiveraient ces attaques meurtrières en soutenant les rebelles Syriens. Ces derniers auraient un rôle déterminant dans la formation des rebelles ouïgours.

Selon le Quotidien du Peuple, un des principaux médias apparentés au Parti Communiste au pouvoir, « de peur de voir une Chine non-chaotique, et donc performante, les États-Unis conspirent afin d’accabler notre pays de terrorisme et de mouvements sociaux ». Il poursuit « le double rôle américain dans la guerre contre le terrorisme n’est pas différent des autres…Sont-ils différents de ces pays qu’ils accusent d’inciter le terrorisme, puisqu’ils le font eux-mêmes quand ça les intéresse? » Un débat qui n’est prêt de se tarir alors que les membres de la coalition internationale de lutte contre l’implantation d’un État Islamique en Irak et en Syrie s’est réunie Mercredi 24 septembre au siège des Nations Unies à New-York.

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