L’association de protection des animaux L214 a dévoilé lundi 22 février une vidéo choc d’un abattoir bio du Gard. On y découvre les maltraitances infligées aux animaux, et ainsi le non-respect des normes en vigueur. Une enquête a été lancée. Cette affaire survient quatre mois après la fermeture de l’abattoir d’Alès, à la suite de la diffusion d’images similaires.
« L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà… » — Victor Hugo
La cruauté envers les animaux dans les abattoirs ne cesse d’être dénoncée par les différentes associations de protection des animaux, et particulièrement par L214. Déjà, au printemps 2015, l’association révélait la violence insoutenable perpétrée dans l’abattoir d’Alès (Gard). Ce dernier avait été fermé par la mairie, puis réouvert au bout de deux mois. L214 a récemment écrit au maire de la vile pour demande de « visite filmée de l’abattoir afin de rendre publiques les procédures mises en œuvre pour limiter les souffrances des animaux ».
Ce lundi 22 février, c’est un nouveau scandale que révèle l’association L214. Dans une nouvelle vidéo — tournée entre mai 2015 et février 2016 en caméra cachée — on constate le traitement infligé aux moutons, porcs et bovins dans l’abattoir bio intercommunal du Vigan (Gard).
ATTENTION, ces images choquantes peuvent heurter la sensibilité.
ATTENTION, ces images choquantes peuvent heurter la sensibilité.
Des normes à respecter
La souffrance animale est un sujet délicat dans la chaîne de production de produits alimentaires, car l’abattage est par définition dur. Néanmoins, dans cette vidéo où l’on voit des employés riant en électrocutant des cochons encore vivants, des animaux mal étourdis et saignés à vif, on ne peut qu’être accablé. L’abattoir semble clairement en infraction avec les réglementations, notamment celles de l’organisme Ecocert, qui lui a délivré la certification bio.
Le directeur de l’établissement, Laurent Kauffmann, rappelle que les abattoirs sont suivis par la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), en charge du respect des normes sanitaires. Néanmoins, il admet que la surveillance « a sans doute eu des failles ». L’abattoir doit également se conformer aux dispositions du code rural français, ainsi qu’à la réglementation européenne qui précise :
« Toute souffrance, y compris la mutilation, est réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal, y compris lors de l’abattage. » — art. 14.1 du règlement CE n° 834/2007.
Ainsi, l’association a déposé une plainte contre l’abattoir du Vigan, devant le tribunal de grande instance d’Alès. Une pétition a également été lancée. Elle demande la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs.
« Il n’existe pas de méthode idéale pour étourdir et mettre à mort des animaux »
En France, les maltraitances animales sont punies par la loi. Un animal est maltraité dès le moment où il manque d’eau, de nourriture ou de soins, d’abri ou d’ombre, et également s’il est brutalisé ou abandonné… En 2004, le Groupe scientifique sur la santé et le bien-être des animaux de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a émis un avis dans lequel il était précisé :
« Il n’existe pas de méthode idéale pour étourdir et mettre à mort des animaux de ferme dans le cadre de l’abattage commercial ou de la lutte contre les maladies. Il est donc nécessaire de choisir les procédures dont l’application correcte présente le plus d’avantages en termes de bien-être animal. »
En 2008, la Commission Européenne décide que les méthodes d’étourdissements continueront d’être utilisées, en l’absence d’autres solutions pratiques et commercialement viables.
Une remise en question de nos modes de consommation
Dans « Dictionnaire horrifié de la souffrance animale », la journaliste Alexandrine Civard-Racinais, cite un rapport de 2009, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Il indique que 97 % des carcasses de gros bovins présentent des contusions provoquées par des bâtons, preuves qu’ils ont été frappés avant d’être tués. Par cette démonstration, la journaliste en vient à la conclusion suivante : « Dans l’élevage et l’abattage industriels, en dépit de quelques avancées, impossible d’assurer le bien-être des animaux. »
En France, 82% des 700 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur. 81% des 47 millions de poules pondeuses et 99% des 40 millions de lapins sont élevés en batterie de cages. 90% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments. En 2014, chaque Français consommait en moyenne 86 kg de viande par an. Serait-il temps de remettre en question notre alimentation ?
C’est ce qu’a choisi la chanteuse Nili Hadida, voix off de la vidéo de L214 et chanteuse du groupe Lilly Wood and The Prick : « En ce qui me concerne, je n’ai plus envie d’avoir quoi que ce soit à faire avec cette souffrance. Et c’est pour ça que les animaux, je ne les mange plus. »
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© Photo à la Une : L214.