Ce jeudi 02 juillet, la Cour des Comptes publiait un rapport sur les résultats de Pôle Emploi, épinglant le service public pour l’emploi et son faible impact dans la lutte contre le chômage. Selon ce rapport, «Pôle emploi ne serait à l’origine directe de la reprise d’emploi, selon les déclarations des demandeurs d’emploi, que dans 12,6% des cas ».
« Coûteux » et « inefficace », voici quelques-uns des termes choisis par la Cour des Comptes pour qualifier Pôle Emploi dans son rapport du 2 juillet. Dans ce document intitulé « Pôle emploi à l’épreuve du chômage de masse », la Cour des Comptes fait état d’une « mission d’intermédiaire entre offre et demande qui n’est plus prioritaire », de « coûts croissants », d’une « dispersion des moyens » et d’une « connaissance insuffisante des besoins des demandeurs d’emplois et des entreprises ».
Sept ans après la fusion de l’ANPE, qui accompagnait les demandeurs d’emploi, et des Assedic, en charge du volet indemnisation, pour créer Pôle Emploi, ce dernier ne semble pas avoir tenu ses promesses. Sur la même période, le nombre de demandeurs d’emplois est ainsi passé de 3,9 à 6,2 millions, soit une augmentation de 58%. Évidemment, la Cour des Comptes reconnait qu’évaluer les performances de Pôle Emploi n’est pas aisé : Comment savoir si le demandeur d’emploi a retrouvé du travail grâce au service public ou grâce d’autres méthodes de recherche ?
Pourtant, les chiffres ne trompent pas. Le taux de chômeurs ayant trouvé un emploi durable – c’est-à-dire un CDI ou un CDD de plus de six mois – était de 2,5% en 2013 contre 3% en 2011 et la part des chômeurs inscrits depuis plus d’un an à Pôle Emploi s’élevait à 43%, contre 40% auparavant. A cela s’ajoute le fait que le nombre d’annonces publiées par Pôle Emploi est tombé à 2,6 millions en 2014, alors qu’il atteignait 3,6 millions en 2007.
Dans le collimateur de la Cour des Comptes, on trouve aussi le budget de fonctionnement de Pôle Emploi – 5 milliards d’euros aujourd’hui contre 4 milliards en 2013. « La fusion de 2008 s’est accompagnée de coûts croissants, notamment du point de vue salarial », dénonce la Cour des comptes. Pour gommer les inégalités de salaires entre les deux précédents organismes, on a procédé à une « augmentation moyenne du salaire brut annuel de 22,3 % (7.052 euros) par bénéficiaire » et on constate également une hausse des effectifs.
De plus, en 2012 Pôle Emploi a choisi de se repositionner, ce qui inquiète fortement la Cour des Comptes. Avec un conseiller censé prendre en charge 70 affiliés au maximum, le reste des chômeurs se divise en deux catégories : « guidés » (où le conseiller conserve des contacts fréquents) ou « suivis » (où les contacts sont quasi-inexistants). La Cour des Comptes évoque la possibilité que Pôle Emploi évolue vers une structure destinée à une toute petite partie des demandeurs d’emplois.
Pour François Nogué, président du Conseil d’Administration de Pôle Emploi, ce rapport ne reflète pas la « réalité du travail quotidien » et s’appuie sur une période particulièrement difficile. En outre, François Nogué estime que ce rapport ne tient pas compte des autres activités de Pôle Emploi, l’aide à la rédaction de CV ou les formations proposées.