Etre découvert à l’âge de 53 ans est un cas assez unique pour qu’on s’y intéresse. Christoph Waltz, l’officier SS super cultivé de Inglorious Basterds, cet enfant du théâtre. Icône télévisuelle en Allemagne et en Autriche, le Docteur King Schultz de Django Unchained, a connu l’ascension rêvée depuis la rencontre avec le mentor Tarantino. 2009, l’année de tous les succès. Un prix d’interprétation masculine au festival de Cannes, le Golden Globe, la BATFA Award et pour couronné le tout, un Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. La carte pour une seconde jeunesse, et une vie d’acteur tant rêvé par l’enfant de Vienne. Papa et Maman décorateurs, Christoph Waltz a baigné depuis tout petit dans le monde artistique. Les planches avant les caméras, Waltz a ça dans les veines. Un baroudeur, de New York à Zurich, en passant par Londres. Les études de chant aux Etats-Unis, l’intermittent du spectacle sur les événements comme le Salzburg Festival, et le grand départ pour le Royaume-Uni. Les portes de la télévision s’ouvre à lui. Inspecteur Derrick, ou encore Rex, le chien flicard. En 2000, l’autrichien s’essaye même à la réalisation avec son premier film, Wenn Man sich traut.
En voilà, 2009, et le costume de Hans Landa le sadique « Chasseurs de Juifs« . La critique et le grand public découvrent Monsieur Waltz. Tarantino avouera même « je savais que Landa était un des meilleurs personnages que j’ai jamais créé et probablement un des meilleurs que je créerai jamais et je n’aurais pas réalisé Inglourious Basterds si je n’avais trouvé le bon acteur pour jouer le rôle pivot de Hans Landa. » Hollywood s’arrache le papy prodige, Michel Gondry l’appelle en pompier de secours pour suppléer Nicolas Cage dans The Green Hornet. Carnage sort deux ans plus tard, un rôle taillé pour lui par le sulfureux Roman Polanski.
2012, nouvelle oeuvre du maitre Quentin Tarantino et un rôle de maitre dentiste impitoyable chasseur de primes. Tout le monde, presse et public, vante l’unanimité. Un nouveau Golden Globe pour Waltz dans le meilleur second rôle, et une nomination aux Oscars. Le cinquantenaire se lancera ensuite dans le nouveau projet de Mike Newell, Reykjavik. Il y incarnera le rôle de Mikhaïl Gorbatchev, dans un film racontant sa rencontre avec Ronald Reagan, qui sera joué par Michael Douglas, au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl.
Christopher Waltz se confiait à Libération en début de semaine, une vraie déclaration d’amour à Tarantino qu’il remercie grandement pour ce rôle taillé sur mesure, extrait : « Quentin a mis pratiquement tout dans ce Dr. King Schultz quand il l’a écrit. Après, il est toujours possible de mettre l’accent sur tel point ou tel autre dans un processus classique d’interprétation, mais j’ai toujours fait en sorte de rester au plus près du texte. Je ne fais aucune différence entre Molière, Tchekhov, Shakespeare ou Tarantino. Dans le sens où je témoigne à tous ces auteurs le même respect pour leurs textes. J’ai donc essayé de ne rien imposer mais de produire une impulsion à partir de cela. Si je résume ma manière de travailler, c’est davantage de l’extrapolation que de l’interprétation. Par exemple, la puissance comique du personnage constituait le trait de caractère qui déclenchait le plus d’enthousiasme chez moi à l’égard de Schultz, et c’est un des points sur lesquels je pense avoir été capable d’apporter quelque chose. »