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CINEMA – «Alps», sueurs glaciales

Après l’absurde et violent Canine, le réalisateur choc Grec Yorgos Lanthimos revient avec un opus plus apaisé, en apparence. Récompensé à la Mostra de Venise pour son scénario en 2011, cette critique sociale glace les sangs.

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AlpsPlan d’ensemble. Gymnase vide, lumière pâle. Une jeune fille s’apprête à effectuer un enchaînement avec son ruban. Deux détails dénotent de l’ensemble : s’il s’agit bien d’un entraînement sans costume pailleté, la musique qui l’accompagne par contre n’est autre que le Carmina Burana. Qui plus est, son ruban n’est pas d’une couleur affriolante. Il est noir. Un rapide échange avec son entraîneur nous fait comprendre qu’elle n’est pas en position d’exiger quoi que ce soit. Un certain malaise nous envahit, entre l’incompréhension et la curiosité d’en savoir plus. C’est sur ce sentiment que le film joue, sans jamais sombrer d’un côté ou de l’autre, tel un funambule.

Alps (prononcez Alpeïs) suit le parcours d’une société secrète, un groupe de personnes dont la seconde vie est assez complexe à déterminer. Chacun des membres a pris comme surnom une des montagnes de la chaîne Alpine. En suivant le quotidien de Monta Rosa, on se rend compte peu à peu qu’Alps offre un service particulier : combler le manque de ceux qui ont subi un décès, en incarnant le ou la défunte.

Mise en page 1Lanthimos se met donc dans la lignée des films à haute tension, où très peu de violence est cependant exposée. Son art revient à définir des personnages avec le minimum vital : leur visage, leur occupation professionnelle. La plupart des scènes sont en fait des mises en scènes voulues par les clients, ce qui fait que le spectateur se perd plusieurs fois. Doit-on critiquer le jeu approximatif ici si ce n’était qu’une demande artificielle ? Le rythme relativement lent des scènes suggère une violence incommensurable, notamment de la part du chef du clan, le mystérieux Mont Blanc. Pourtant, des touches d’humour absurde parsèment çà et là le récit (le débat pour savoir si Prince est véritablement mort, par exemple).

L’expérience d’Alps révèle au moins notre tendance à vouloir sans cesse critiquer une scène et nous rassasier du chagrin des personnages. Encore une fois, la critique sociale est bien présente. Qui plus est, la trame se déroule à Athènes, qui rime aujourd’hui avec crise financière. Les possibilités d’analyses sont aussi abyssales que le visionnage est inconfortable. En effet, où est la limite du jeu ? Comment savoir quel personnage ne peut plus être seulement joué mais vécu ? Jusqu’où peut-on aller avec de l’argent ?

Bien que difficile à regarder et doté d’un rythme en totale opposition avec les demandes actuelles, Alps évoque des sujets et des thèmes brûlants d’actualité, et semble tirer l’alarme d’une société désabusée, se définissant par le nom de ses acteurs favoris et de ses plats préférés. À tester pour les plus téméraires.

Crédits photos : A3 Distribution

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