On pourrait penser que l’adaptation de Gatsby est vue, revue, et trop vue. Promise par le réalisateur Baz Luhrmann depuis plus d’une décennie, douze ans exactement comme l’aime à le rappeler l’Australien, la quatrième adaptation de l’une des références de la littérature américaine du vingtième siècle, écrite par Francis Scott Fitzgerald est arrivée sur les écrans français aujourd’hui, en concordance avec sa projection en ouverture du 66e festival de Cannes.
Il y a douze ans déjà, Baz Luhrmann faisait l’ouverture du festival cannois avec Moulin Rouge, le dernier opus de sa célèbre trilogie Rideau rouge. Film d’ouverture, c’est avant tout une récompense, un honneur fait à un travail qui aura longtemps tenu en haleine les cinéphiles qui ont pu découvrir enfin l’étendue du travail pharaonique de Luhrmann. Grâce à un budget stratosphérique (125 millions de dollars, soit à peu près ce qu’avait dépensé le réalisateur pour Australia en 2008), la place à l’imagination semblable à celle de Gastby, débordante de folie, pouvait être satisfaite. Reflet de l’époque jazz et de la littérature américaine, critique masquée de la bourgeoisie, Gastby le magnifique revient donc dans une énième version depuis la dernière en date, et surement la plus célèbre, en 1974 oeuvre de Jack Clayton avec à l’affiche Robert Redford.
Au coeur du New-York des années 20, enclin à la fête et porté par une ferveur jazz enivrante, l’histoire de Gastby est contée au cours de la thérapie de Nick Carraway (Tobey Maguire), ancien voisin du millionnaire. Porté en parallèle, par le fiasco amoureux du couple Buchanan, Daisy et Tom (Carey Mulligan et Joel Edgerton), le film s’emballe entre mensonges, manipulations et corruption. Nick Carraway agit comme un passeur de plat, arbitre assisté de la ravissante Jordan Baker (Elizabeth Debicki), sous l’emprise de Gatsby, personnage monté sur l’illusion de l’argent. A l’époque où chacun voulait sa part du rêve américain dans une Amérique à la santé tant enviée, Nick, écrivain de profession contre une histoire de rêves absolus, de tragédies dévastatrices, pour mieux nous parler de cette époque moderne dans laquelle nous évoluons aujourd’hui à travers nos différents combats.
Plein la vue
Emmené par un casting grandiose dont Leonardo Di Caprio (Gastby) porte l’étendard, Gastby le magnifique nous envoute par la beauté des images, dont les moyens ont été donnés pour permettre la réalisation en 3D, et la justesse du choix musical. 2h20 où le spectateur en prend plein la vue, et est pris dans un décalage entre le son et la fête (Hip-Hop de Jay Z et Kanye West lors de véritable beuverie) méconnus de l’époque. Rien à envier à l’époque actuelle. Baz Luhrmann nous emmène dans son univers avec pour base les thèmes phares de son cinéma : fête, artifice et amour impossible. L’excès, l’argent et la passion débordante sont les moteurs d’un véritable chef d’oeuvre du cinéma du point de vue du scénario et de réalisation. A ne manquer sous aucun prétexte.
Crédit photo : Warner Bros France.