A l’affiche de Only God Forgives, nouveau bébé du réalisateur de Drive Nicolas Winding Refn, Ryan Gosling n’en finit pas de séduire Hollywood. Porteur d’une aura électrifiée aussi intrigante qu’émouvante, son nom suffit à confirmer une réussite qu’il n’est pas pourtant pas évident à définir. Retour sur son dernier rôle en date : The Place Beyond The Pines, sorti en salle le 20 mars dernier.
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Le film s’ouvre sur un plan-séquence magistral, qui averti sur quelles épaules il repose.
L’univers dépeint, celui des forains, rarement representé dans le cinéma, donne le ton.
Une performance appellée Globe of the Death, cage minuscule pour trois motards, introduit le film dans un vacarme d’exemplarité.
Déchainé, survolté, bruyant et mécanique : c’est ainsi que commence The Place.
Luke incarné par R. Gosling, est un jeune motard itinérant, un peu paumé, qui s’est fait un nom en tant que cascadeur.
En passant par l’état de Schenectady, il revoit son ex, Romina, et découvre l’existence d’un jeune nourrisson qui n’est autre que leur fils, Jason.
Cet évènement va précipiter Luke à agir en conséquence. Une personnalité incomplète, animé par des pulsions de vitesse et de violence, résulat d’une enfance inachevée. Son détachement vis-à-vis de la réalité a de quoi déconcerter, tant il est toujours autant difficile de percevoir des émotions sur le visage R. Gosling. Déterminé à offrir le meilleur avenir possible à son fils, il ne concertera personne à part Robin, son seul «ami». Ce dernier l’incitera à se lancer, massivement, dans le braquage de banques des environs.
Les scènes d’action nous sont rendues sous la forme d’une énergie palpable et nerveuse, devenue la représentation unique d’un Gosling plus incarné que jamais. On y retrouve un truand aussi calculateur qu’impulsif, intriguant au possible, qui n’est pas sans rappeler le sociopathe de Drive. La rafle des banques locales fonctionne jusqu’à ce que Luke soit obligé de faire cavalier seul, son comparse sentant que leur fin est proche. Déterminé dans son plan, Luke refuse. Et en voulant s’échapper d’une mauvaise passe, il se heurte à l’officier Avery Cross, un jeune arriviste qui saisit l’occasion de mener sa carrière vers de plus hautes stelles.
Après une poursuite effrénée, se solde l’évènement qui conduit le film à s’ouvrir sur une nouvelle dimension. Au centre de l’intrigue donc, demeure de nouvelles vies et leurs histoires respectives. Filmé avec une émotion dense et rare, le film de Derek Cianfrance amène le spectateur à anticiper les réactions, ce dernier étant témoin de la fatalité hors-norme qui berce le film. Au coeur de sa critique, l’égalité des chances et la corruption policière, ne laisseront personne indifférent.
Le film s’étend sur plus de deux heures certes, et si on peut accuser Derek Cianfrance de réutiliser certains procédés filmiques un peu clichés, parfois nourris par un abus de bons sentiments, le scénario tire son immersion dans un art du rebondissement intacte.
The Place Beyond The Pines est une belle démonstration de mise en scène qui ne peut se rattacher à aucun genre en particulier tant les questions qu’il met en exergue et sa façon de les introduire se rattache bien souvent à de l’introspectif. Magnifique et humain donc. A voir d’urgence avant le 22 mai.