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CINEMA : «Hunger Games 2, L’Embrasement» Vrai-faux blockbuster ?

Suite des aventures de Katniss et Peeta, pour lesquelles la machine commerciale hollywoodienne a été mise en branle. Le tout pour un message plutôt… anti-capitaliste.

The-Hunger-Games-Catching-Fire-Lembrasement-Affiche-Finale-FranceAutre cas de succès de librairie qui passe à l’écran, Hunger Games tente de s’imposer comme franchise cinématographique. Au risque d’être très (voire trop) fidèle, et afin de se réserver pour les suites à venir (sans surprise, le troisième volet sortira en deux parties en 2014 et 2015), ce deuxième épisode s’appuie un peu trop sur l’originalité du premier avant de décoller aux 3/4 du film. Et contre toute attente, son discours sur la société de consommation est assez engagé.

Conformément à la tradition, Katniss et Peeta, les vainqueurs des 74ème Hunger Games ou Jeux de l’Expiation, se soumettent à une tournée de gala dans les 12 districts de Panem, et feignent de s’aimer. Katniss tait ainsi sa relation avec Gale à contre-cœur. Où qu’ils passent, le peuple les associe à un espoir révolutionnaire, ce qui accentue la répression de la milice. Pour calmer ces émeutes, le président de Panem annonce une édition spéciale des Jeux réservée aux anciens vainqueurs, dans l’espoir de se débarrasser de ‘la fille en feu’.

Bien peu d’éléments ont changé entre les deux épisodes : mêmes acteurs, mêmes styles vestimentaires, même triangle amoureux. Mais ce n’est plus Gary Ross, le réalisateur à l’origine de l’univers en noir et blanc et en couleurs de Pleasantville (1998), mais Francis Lawrence qui est aux commandes de cet opus. Il a réalisé entre autres le clip Bad Romance de Lady Gaga (2009), qui fait partie des 10 vidéos les plus vues sur YouTube. Là où Ross avait préféré donner une couleur ambrée à sa photographie, l’Embrasement de Lawrence est plus bleuté et froid, plus conventionnel. Cet écho Twilightesque enlève un peu à l’intérêt de l’opposition entre monde rural et la Capitale qui fonctionnait dans le premier opus. Ici, on suppose qu’il fallait accentuer les styles néo-baroques des nantis face aux haillons des pauvres districts. Le choix n’est pas révolutionnaire, en soi.

Still07-VictoryTourLa lumière du film est cependant faite sur l’actrice qui incarne Katniss Everdeen à l’écran, et qui emprunte son nom de famille au réalisateur (mais avec aucun lien de parenté) : Jennifer Lawrence. En effet, depuis son oscarisation pour Happiness Therapy (2012), la jeune héroïne envahit totalement l’écran, quitte à l’occuper un peu trop. Dans le premier épisode, la dureté de Katniss était moins dissonante, car elle contre-balançait avec une certaine diplomatie maladroite de Peeta (Josh Hutcherson). L’héroïsme de la grande brune face au petit blond s’exprimait alors par un mutisme singulier (celui-là même qui lui a permis de décrocher l’Oscar face à Bradley Cooper, blond lui aussi). Ici, la jeune continue de se morfondre, tout en se trouvant un don pour la comédie et l’anticonformisme. L’auto-caricature n’est pas loin.

Et pourtant, quand on pense savoir d’avance l’issue de ce 75ème Jeu d’Expiation, on y découvre non plus une lutte animale, mais des alliances, des stratagèmes, entre coups de bluff et lutte contre un système qui rappelle étrangement Hollywood. Plus précisément ses méthodes de sélection et de rentabilité. La fidélité au texte (l’adaptation en scénario a été assurée par l’auteur Suzanne Collins elle-même) aura au moins l’intérêt de proposer une réflexion sur l’économie du cinéma et ses déboires. Car au fond, la dernière image de cet Embrasement, le cliff-hanger qui vous fera peut-être languir pendant un an, ce n’est qu’un seul visage, qu’un seul regard de braise. Il n’est pas inconnu, comme celui qui clôt Matrix Reloaded (2003), mais il présage le même danger.

Crédits photos : Metropolitan Filmexport

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