Trois ans après son Oscar du Meilleur Acteur, Matthew Mc Conaughey en remet une couche dans un rôle complètement allumé pour Gold.
Mais c’est quoi déjà… Gold ? Kenny Wells est un explorateur des temps modernes, magouilleur et rêveur, attendant désespérément que la roue tourne. Dos au mur, Wells fait équipe avec un géologue tout aussi malchanceux pour tenter un dernier coup de poker : trouver de l’or au fin fond de la forêt vierge indonésienne.
En 2014, c’était l’année Matthew McConaughey. Avec un Oscar (mérité) pour Dallas Buyers Club et sa plus grande performance tout court dans la claque True Detective, personne ne pouvait lui contester le statut de meilleur acteur du moment. Depuis, le sentiment qu’il cherche, sans succès, à retrouver les faveurs de l’Académie des Oscars domine. Dans The Sea of Tree, l’Etat Libre de Jones ou même Interstellar en 2015, on a le sentiment qu’il pousse son interprétation et le choix de ses personnages vers tout ce qui plaît aux votants : des larmes, des relations familiales compliquées, des sujets patriotiques..
Rien d’étonnant donc à retrouver l’acteur dans Gold, qui s’avère être un mix entre deux prétendants aux Oscars de ces dernières années, Le Loup de Wall Street et American Bluff. Du premier, on prendra le personnage no limit et l’ambiance « on-va-conquérir-Wall-Street ». Du second, le (mauvais) goût pour la métamorphose capillaire et bedonnante, et le costume en tweed marronnâtre… Et le scénario qui ne prend pas.
Le principal problème du film, c’est que l’on ne croit pas aux personnages. En effet, tout file trop vite dans un scénario qui à force de vouloir trop en dire passe au final à côté de ce qui aurait pu faire sa force : son casting. Lâchés en pleine nature, des acteurs au CV pourtant plus que respectable ne peuvent rien faire que de se débattre face à un McConaughey en roue libre à qui personne ne semble avoir expliqué la différence entre performance habitée et caricature. Résultat : on ne croit pas une seconde à la sincérité des relations qui lient amoureux ou collègues, tout étant aspiré dans le vortex chauve, cabotinant et bedonnant créé par l’acteur principal.
La première victime de ce mauvais calcul, c’est Bryce Dallas Howard. L’actrice de Jurassic World hérite d’un rôle de cagole made in USA mal écrit et transparent, simple faire-valoir à la grandiloquence supposée du personnage de Matthew McConaughey, et, au final, pas crédible pour un sou. C’est dommage, car l’actrice a bien plus de talent que ce qu’Hollywood a pu en montrer ces dernières années (il n’y a qu’à voir sa performance dans la dernière saison de Black Mirror).
Deux choses viennent sauver Gold de la catastrophe industrielle totale. Edgar Ramirez d’abord, impérial en Indiana Jones capitaliste mais bien seul à garder son calme à l’écran. Et la dernière partie du scénario, maligne, mais dont on ne sait pas trop si on doit admirer l’audace ou s’écrier « tout ça pour ça ! »
Gold propose donc à son spectateur une overdose de Matthew McConaughey, dans un rôle caricature de tous ses tics de jeu vus ces dernières années. Outre ne pas faire manger trop de sucre à sa star, faire reposer tout un film sur les épaules d’un acteur au sommet de son talent impose également de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, c’est-à-dire faire reposer l’interprétation déjantée de son acteur vedette sur un scénario en béton armé. C’est l’erreur que n’avait pas commise Martin Scorsese avec le Loup de Wall Street, parfait écrin WTF à la folie de Leonardo DiCaprio, film vers lequel lorgne clairement Gold. Peut-être que confier la mise en scène d’un scénario aussi dense et complexe que celui-là au quasi novice Stephen Gaghan, pourtant réalisateur du très impressionnant Syriana il y a quelques années, était une erreur. En tous cas, espérons que Matthew McConaughey se rattrapera en bad guy dans La Tour Sombre, prévu un peu plus tard cette année
Gold de Stephen Gaghan – En salles le 19 avril 2017