Les prostituées de nouveau dans les rues. Pas pour travailler cette fois mais bien pour défendre leurs droits. Elles entendent protester contre la pénalisation des clients, prévue dans le projet de loi du gouvernement. Le texte doit être étudié vendredi à l’Assemblée nationale.
Une série de manifestations
C’est la troisième manifestation des prostituées qui a lieu depuis le début du mois de juin. Venues des quatre coins de l’Europe, elles s’étaient déjà réunies à Lyon le 2 juin pour célébrer les 40 ans de l’occupation des églises, mais aussi pour contester les nouvelles mesures prises contre la prostitution. La pénalisation des clients vont en réalité à l’encontre de leur sécurité. Victimes de répression, elles sont condamnées à s’isoler pour continuer à exercer leur métier. Brandissant des pancartes aux inscriptions polémiques et scandant des slogans incisifs tels que « Vous couchez avec nous, vous votez contre nous », les prostituées veulent faire entendre leurs voix. La lutte s’est poursuivie jusque dans la capitale avec un premier rassemblement à la Tour Eiffel le 5 juin et aujourd’hui, place des Invalides.
Le délit de racolage au coeur de la polémique
À l’appel du Strass, syndicat du travail sexuel, hommes et femmes prostituées se sont regroupées pour contester les prises de position du gouvernement. Les critiques se concentrent notamment sur le délit de racolage. Supprimé dans un premier temps, celui-ci avait été rétabli par le Sénat fin mars 2015 au grand dam des associations de protection des travailleurs du sexe et de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Il prévoit en contrepartie une pénalisation des clients, soit une amende de 1500 euros pour tout achat sexuel. Une mesure qui existe déjà en Suède, pays où les prostituées sont stigmatisées et où leur situation reste précaire. De quoi inquiéter les nombreux travailleurs du sexe qui craignent pour leur avenir. La décision est pour le moment dans les mains des membres de l’hémicycle qui effectueront une relecture de la loi vendredi.
Clarisse Duppré