Cette nuit avait lieu le premier des trois débats entre Hillary Clinton et Donald Trump. Comme on l’a vu, les enjeux pour les deux candidats étaient immenses et Radio VL vous propose de revenir sur leurs performances.
C’était la question que tout le monde se posait : Donald Trump avait-il préparé ce débat ? Pour de nombreux médias, la réponse est non et affirment même –comble de l’ironie- que cela a pu porter atteinte à la sur-préparation d’Hillary. Dans tous les cas, il y avait un grand gagnant hier sur scène et il s’agit de l’ancienne Secrétaire d’Etat qui a su montrer qu’elle pouvait garder son calme face à un « Donald » qui sur la fin ne pouvait plus se tenir.
Les grands enjeux abordés
Ce débat était en trois grandes lignes : la prospérité des États-Unis, la direction du pays et sa sécurité. Très tôt, Donald Trump tente de s’attaquer frontalement à Hillary Clinton en en oubliant le débat lui-même…
Économie
Alors qu’il est interrogé sur la création d’emplois, il part pendant deux minutes sur une dénonciation des traités commerciaux avec le Mexique, la Chine et alors que le modérateur lui demande comment cela fera revenir les emplois, le candidat reste flou. L’ancienne secrétaire d’État explique tout de suite qu’elle misera sur la jeunesse avec un debt-free college afin de permettre la création d’emplois plus qualifiés qui seront financés par des impôts.
Second point abordé, les impôts, où là encore Donald Trump se montre plutôt moyen face à une Hillary Clinton qui le confronte sur ses baisses d’impôt à destination des riches et des entreprises. L’ancienne Secrétaire d’État parle de trickle down effect qui ne fonctionnerait pas, selon les modalités présentées par Trump et affirme qu’il faut se concentrer sur les classes moyennes et la jeunesse. Alors que la question de ses dossiers financiers qui n’ont toujours pas été rendus publics arrive, Trump se montre peu convaincant dans sa défense, par ailleurs dénoncé par un fact-checking en bonne et due forme. L’ancienne Secrétaire d’État en profite pour affirmer que la raison pour laquelle Trump ne dévoile pas ses dossiers est qu’il ne paye pas d’impôts ou très peu, ce à quoi il rétorque assez maladroitement « si c’est le cas, ça fait de moi quelqu’un d’intelligent« .
L’Amérique de demain
Vient ensuite la seconde partie du débat qui vise à évaluer la vision que les candidats ont de la direction que prend l’Amérique. Le seul sujet de cette partie sera l’épineuse question de la race et notamment des afro-américains face au système judiciaire. Hillary Clinton affirme qu’il y a un problème entre « les communautés et la police » et qu’il est nécessaire de « restaurer une confiance » dans les forces de l’ordre. A cela, Trump répond qu’il est d’accord avec Hillary mais dénonce l’absence de réaction face à certaines personnes et vante plusieurs programmes d’action utilisés à New-York et depuis suspendus.
La question de l’immigration vient également assez vite et Donald Trump évoque ces illegal immigrants qui sont des criminels et doivent être déportés et reconduits dans leur pays. Sur ce sujet, l’ancienne Secrétaire d’Etat se fait discrète et ne parle pas de son plan de trêve à l’adresse des immigrants illégaux présents sur le territoire.
La sécurité
Dernière question abordée, celle de la sécurité des États-Unis, le modérateur fait le choix de lancer les candidats sur la cyber-défense et les attaques dont est victime le pays depuis plusieurs mois. Hillary Clinton affirme que cette défense doit être prise au sérieux d’autant que « de plus en en plus souvent ce sont des Etats qui en sont à l’origine » sans préciser comment elle s’en occuperait. Donald Trump reste également assez flou sur la cyber-sécurité et part très vite sur la question de l’État Islamique dont il blâme la création sur Obama et Clinton. Peu de sujets d’actualité sont abordés, les candidats souhaitant apparemment revenir longuement sur l’intervention en Irak et à peine sur les conséquences de cette dernière pour la sécurité du pays.
La menace nucléaire est également abordée et Donald Trump semble dire qu’il renforcerait l’arsenal du pays, comparant celui des États-Unis comme étant « beaucoup plus ancien que celui de la Russie ». La menace de pays comme l’Iran et la Corée du Nord est également abordée mais Trump préfère critiquer la « politique laxiste » menée par les États-Unis d’Obama envers l’Iran en restant assez sommaire.
Le débat se termine sur Hillary Clinton dénonçant la misogynie de Donald Trump, moment durant lequel elle est applaudie. Le débat se termine donc sur le ton de la campagne : de la politique mais pas trop….
Le fact-checking s’invite dans le débat
Le mot était dans tous les esprits depuis le début de la semaine alors que le premier débat présidentiel se préparait parmi les équipes des candidats mais aussi des salles de rédaction des médias. Cette pratique consiste à analyser les déclarations faites par les candidats pour les confronter à des faits ou bien certaines de leurs déclarations précédentes.
La campagne présidentielle de 2016 est peut-être celle qui pour le moment fait le plus usage de cette pratique, aussi bien pour dénoncer les déclarations mensongères de Trump et Clinton. Pour la première fois hier, les rédactions qui couvraient le débat ont en temps réel proposé à leurs lecteurs ou téléspectateurs de voir si ce que disaient l’un et l’autre des candidats était vrai. Il a même été question que le modérateur du débat fasse cela en direct pour confronter Hillary Clinton et Donald Trump, ce que Lester Holt a tenté de faire sans grand succès face à Trump et sa position sur l’Irak.
Ce premier débat a donc permis à Hillary Clinton, la candidate démocrate, de montrer qu’elle maîtrise ses sujets mais qu’elle peut également faire face à Trump et montrer ses faiblesses. Egal à lui même, Donald Trump est néanmoins apparu assez calme et plus mesuré au début du débat avant de repartir dans ce qu’il fait de mieux avec peut-être moins de véhémence que lorsqu’il est en campagne.
Rendez-vous le 9 octobre prochain pour le second débat et dès le 4 octobre pour l’unique débat vice-présidentiel entre Tim Kaine, colistier de Clinton et Mike Pence, le running mate de Trump.