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Comment a commencé le conflit au Soudan ?

À Khartoum, dans la capitale soudanaise, les combats font rage depuis une semaine. S’opposent, d’un côté, l’armée, et de l’autre, des paramilitaires, qui se disputent le contrôle du pays. Plus d’une centaine de civils ont été tués depuis vendredi dernier. Décryptage de l’origine du conflit soudanais…

Le Soudan, pays d’Afrique de l’Est, a été le théâtre de nombreux conflits au cours de son Histoire. Voilà plus d’un demi-siècle que le Soudan est ravagé par des guerres civiles, des affrontements entre le nord et le sud, mais aussi, à l’ouest, par le conflit du Darfour. Le conflit actuel au Soudan a commencé en 2003 dans la région de Darfour, située à l’ouest du pays, et s’est depuis étendu à d’autres régions du Soudan.

Le conflit du Darfour est né de tensions entre les groupes ethniques arabes nomades et les groupes ethniques non-arabes sédentaires. Les groupes non-arabes se sont sentis marginalisés politiquement, économiquement et culturellement par le gouvernement central, dominé par des Arabes. Cette marginalisation a conduit à la création de mouvements rebelles non-arabes qui ont commencé à attaquer les forces gouvernementales. Le gouvernement a répondu en finançant des groupes armés arabes locaux, connus sous le nom de Janjawid, pour lutter contre les rebelles. Les Janjawid ont été accusés de commettre des atrocités contre les civils non-arabes, notamment des viols, des meurtres et des déplacements forcés. Les Nations Unies ont qualifié la situation au Darfour de « pire crise humanitaire du monde ».Le conflit s’est rapidement étendu à d’autres régions du Soudan, notamment les États du Nil Bleu et du Kordofan-Sud. Les groupes rebelles dans ces régions ont également été marginalisés politiquement et économiquement par le gouvernement central. Les combats ont été intenses et ont entraîné la mort de milliers de personnes et le déplacement de millions d’autres.

Les efforts pour mettre fin au conflit ont été difficiles 

En 2004, le gouvernement soudanais a accepté de permettre le déploiement de forces de maintien de la paix de l’Union africaine au Darfour, mais ces forces ont été confrontées à des difficultés logistiques et financières importantes. 

En 2007, l’ONU a pris le relais en déployant une mission conjointe de maintien de la paix et de l’humanitaire au Soudan, mais cela n’a pas réussi à mettre fin au conflit.

En 2011, le Soudan a été divisé en deux pays, le Soudan et le Soudan du Sud, après un référendum qui a donné l’indépendance au Sud. Cela a entraîné une réduction de la pression sur le gouvernement central pour résoudre les conflits dans les régions frontalières.

Le conflit a également été exacerbé par les changements climatiques, qui ont conduit à des sécheresses plus fréquentes et à une augmentation des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs pour l’accès aux ressources naturelles telles que l’eau et les terres.

En 2019, les manifestations populaires ont conduit à la chute du président Omar al-Bashir, qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant trente ans. Depuis lors, un gouvernement de transition a été mis en place, avec pour objectif de mettre fin au conflit et de rétablir la paix et la stabilité dans le pays. Le gouvernement de transition a entrepris des négociations avec les groupes rebelles et a signé un accord de paix en octobre 2020.

Coup d’État du 25 octobre 2021 et rivalités des deux généraux

Le 25 octobre 2021 a eu lieu un coup d’État mené par le général et chef de l’armée Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, qui met fin à la transition en cours vers un pouvoir entièrement civil au Soudan. Il dirigeait déjà le pays aux côtés du premier ministre Abdallah Hamdok. Le 25 octobre, Abdallah Hamdok est arrêté et placé en résidence surveillée, ce qui donne lieu à des manifestations.

Depuis ce putsch, deux généraux sont aux commandes du Soudan : le général Abdel Fattah Abdelrahman al-Burhane, chef de l’armée, et le général Mohamed Hamdane Daglo (dit « Hemedti ») qui est à la tête des Forces de soutien rapide (les FSR), composés des ex-miliciens de la guerre du Darfour. Mais les tensions se sont amplifiées entre les deux hommes, en particulier sur la question de l’intégration des paramilitaires dans l’armée. C’est dans ce contexte géopolitique tendu depuis le coup d’État que le premier ministre Soudanais Abdallah Hamdok, qui occupait à nouveau sa fonction depuis 21 novembre 2021, avait annoncé sa démission, le 2 janvier 2022.

La rivalité entre les deux généraux aux commandes depuis le coup d’État de 2021 n’a donc cessé de s’amplifier, pour dégénérer en combats de rue, en violents affrontements entre militaires et paramilitaires…

A lire aussi : Coup d’état au Soudan : les origines d’une crise politique

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