En France le Front National, n’en fini pas de monter dans les sondages, mais il faut savoir que la France n’est pas le seul pays où l’extrême droite bat des records. Dans de nombreux pays d’Europe, l’extrémisme de droite progresse à des degrés divers. La crise et la crainte de perdre l’identité nationale jouent inégalement selon les pays.
L’extrême droite est passé par plusieurs étapes idéologiques, après la Seconde Guerre Mondiale on faisait allusion à la droite « radicale », qui flirtait avec le fascisme. Pendant les années 60 et 70, on parlait de droite « extrême », aux idées plutôt évocatrices comme : le nationalisme, l’anti-démocratie, le racisme, la xénophobie et l’Etat fort. Aujourd’hui, on parle de parti « anti-système » tout en incluant le terme « populisme » pour désigner leur idéologie politique. Mais une question se pose alors: La montée de l’extrême droite en Europe est-elle la conséquence « d’un vote de crise » ?
En Europe, il existe deux types de mouvement d’extrême droite. En premier lieu, il y a l’extrême droite dite «classique», virulente, antisémite, parfois violente. Pour exemple il y a le « Jobbik » en Hongrie, qui plaide pour le retour des valeurs chrétiennes, de la famille et de l’autorité et se réfère parfois aux symboles d’une formation fasciste pro nazie des années 1930. A noter toute fois que ce genre de parti est plutôt en régression en Europe occidentale. De l’autre coté, on observe l’apparition de partis dits « néopopulistes », qui participent davantage à la vie politique et parfois à certains gouvernements. Ces derniers surfent actuellement sur deux éléments: la crise économique et la perte de l’identité européenne face à l’immigration et à l’islam. Il s’agit souvent de partis de droite qui se sont de plus en plus droitisés, ou de partis créés par des personnes venant de la droite de gouvernement.
« La crise », pain béni pour l’extreme droite.
Cette inefficacité des partis traditionnels montre la présence d’une autre crise importante: celle de l’essoufflement du système des partis. En France on observe un fort lien entre le vote FN et la précarité, qui s’est nettement étendu dans certains départements comme l’Aisne, où le FN a fini deuxième au premier tour. Si l’on regarde les choses sur une plus longue durée, la progression du FN depuis trente ans a été amplifiée par la crise de 1973, la politique de rigueur de 1983 et la précarisation liée à la mondialisation depuis les années 1990. Pour exemple, on peut également parler de «vote de crise» en Allemagne de l’Est, qui connaît un essor du Parti national démocrate (NPD).
Une Europe qui vire a droite.
Les droites sont belles et bien de retour en Europe, mais on observe également une hausse sensible de la droite populiste qui renvoie à l’extreme droite. Pour exemple l’union démocratie du centre (UDC) en Suisse, le Parti pour la liberté (PVV) aux Pays-Bas et le Parti du progrès en Norvège en sont représentatifs. Ces partis neopopulistes sont en pleine progression dans une bonne partie de l’Europe. Le facteur «crise» explique que dans certains pays les partis néopopulistes prennent leur distance avec le libéralisme économique. Ils critiquent la mondialisation ainsi que les politiques d’austérité, comme on le voit par exemple actuellement aux Pays-Bas, où Geert Wilders a refusé samedi les coupes budgétaires prévues par le gouvernement. Au final on peut dire que l’inefficacité des partis traditionnels à fournir des réponses requises aux crises des années 80 a ainsi joué un rôle majeur dans la montée de l’extrême droite.
Mais la crise n’est pas l’unique raison de la montée de l’extreme droite en Europe puisque d’autres exemples aux antipodes de ceux cités dans la première partie viennent s’ajouter à cette problématique. D’autres pistes qui nous démontre que la crise n’est pas la seule raison de cette propulsion de l’extreme droite dans cette partie d’échec politique. À l’inverse, d’autres pays frappés par la crise, comme l’Allemagne ou la Grèce, ne semblent pas connaître la même progression de l’extrême droite… Cela est souvent lié aux traumatismes de leur histoire nationale, plus ou moins récente. Comme pour l’Allemagne, où l’histoire de l’extrême droite n’est plus un secret pour personne ou bien la Grèce par exemple, qui est sortie depuis quarante ans de la dictature des colonels (1967-1974), se refuse le choix d’extrême droite. Dans d’autres cas, c’est le mode de scrutin (scrutin majoritaire) qui rend la percée de l’extreme droite plutôt difficile, notamment pour les partis (British National Party ou le National Front au Royaume-Uni).
« L’immigration » un bouc-émissaire idéal.
En Suisse et dans les pays scandinaves, qui ont été relativement exemptés par la crise, on peut difficilement expliquer le succès des partis néopopulistes par la «souffrance sociale»…Ce qui ce joue là est avant tout la crainte de la perte de l’identité nationale face à ce qui est qualifié de «substitution de population»: l’immigration, en particulier musulmane. Par exemple aux Pays-Bas, le PVV estime que si les frontières restent ouvertes, la moitié de la population néerlandaise sera maghrébine d’ici à 2050. Or cette population représenterait, selon eux, une menace aux valeurs modernes et libérales occidentales, tels que les droits des homosexuels ou l’égalité des sexes. Au final on constate que les pays européens ayant connue des régimes autoritaires, comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce sont ceux dans lesquels l’extreme droite recueille les score les plus fables.
L’inefficacité des partis traditionnels à fournir des réponses requises aux crises des années 80 a ainsi joué un rôle dans la montée de l’extrême droite.
Mais ce parti n’est pas seulement la réponse a la crise, c’est aussi un mélange de plusieurs idéologies comme le nationalisme exacerbé, la peur de l’étranger, le refus de l’immigration, le racisme, la tentation autoritaire et l’antiparlementarisme.
A noter que l’extreme droite n’est aujourd’hui totalement absente que dans un nombre très limité de pays Européens occidentales. Il faut savoir que dans les micros-Etats comme Monaco, Liechtenstein, saint-Marin etc les législations extrêmement restrictives quant à l’attribution de la nationalité aux résidents étrangers limitent indéniablement l’irruption du nationalisme xénophobe. Alors quand les politiciens disent que le vote d’extreme droite est un vote de crise et non un vote d’adhésion, que faut-il en penser ?