C’est l’une des meilleures adaptations des enquêtes du personnages créés par Agatha Christie, Hercule Poirot. Mais si on vous parlait des coulisses de la fin de la série !
Le chat du cygne de Poirot
Alors que le tournage du Crime de l’Orient Express se déroule en février 2010, ce n’est que le 25 décembre 2010, quasiment un an plus tard que l’épisode est diffusé en Angleterre. La chaîne entendait faire des aventures de Poirot des téléfilms événementiels. A ce moment là, Suchet pense que jamais il ne tournera les dernières adaptations qui manquent pour compléter la transposition de l’œuvre de Agatha Christie sur petit écran, et notamment la dernière enquête de Poirot, Curtain ou Poirot quitte la scène. Suchet ne peut concevoir de ne pas jouer la mort de Poirot, tout en redoutant cet instant. Il est cependant conscient que cela représente un coût pour la chaîne, plus de 9 millions £ en tout. C’est finalement courant 2012 que sont officialisés les 5 derniers épisodes de la série.
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Dans cette dernière histoire, Poirot est mourant et a perdu beaucoup de poids, Suchet veut montrer cette faiblesse à l’écran. Et donc filmer Poirot quitte la scène en premier, puis ensuite s’occuper des 4 autres histoires, plus “conventionnelles” dit il dans ses mémoires. Suchet va donc décider de perdre du poids, beaucoup de poids. Puis la série fera un break de deux mois pour que Suchet reprenne le poids perdu. Puis entre janvier et juin 2013, ce sont les 4 autres histoires qui seront tournées. Mais l’expérience du tournage de ce dernier épisode, notamment les derniers instants de Poirot, vont se révéler très éprouvants pour Suchet.
Retour sur les lieux du crime
Dans cette dernière histoire, Poirot revient avec son vieil ami Hastings dans le domaine de Styles où les avait leur première enquête. Poirot, au crépuscule de sa vie, prisonnier d’un fauteuil roulant, les mains abîmées et déformées par l’âge et la maladie, pressent qu’un crime va de nouveau y être commis. Il veut tenter de l’empêcher. Mais à mesure que le danger s’approche et se concrétise, et que ses amis courent un vrai danger, Poirot va franchir la ligne rouge qu’il s’est toujours interdit et se substituer à la justice. Refusant de livrer le coupable à la police et cette fois-ci, pas pour les mêmes raisons que dans l’Orient Express, Poirot va appliquer lui même la loi du talion et littéralement éliminer physiquement le criminel. Puis quand la mort frappera à sa porte, il ne fera rien pour l’en empêcher, estimant mériter son sort … pour avoir pris une vie. Mais cette terrible et bouleversante vérité, Hasting ne la découvrira qu’une fois Poirot mort. Après que les deux amis se soient dit au revoir.
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Ses scènes à tourner sont pour Suchet “la chose la plus dure que j’ai eu à faire dans toute ma carrière”. C’est la réalisatrice Hettie MacDonald qui va mettre en scène cet épisode. Elle avait déjà réalisé l’adaptation du roman Le train bleu et est connue pour avoir réalisé un des épisodes les plus terrifiants de Doctor Who “Blink”.
Sur le tournage “tout le monde est saisi par l’émotion de me voir moi en tant que Poirot, rendre mon dernier soupir. Tout le monde a aussi conscience que cet instant va marquer la fin d’une époque, une des plus longues séries qui ait vu un même acteur dans le rôle titre”.
Suchet est entouré de sa femme Sheila, assise près de l’ingé son car elle sait ô combien ce moment est difficile pour son époux. Poirot se meurt d’une angine des poumons et Suchet ressent cette détresse jusque dans son être. De manière assez étrange, alors que Poirot d’une infection qui touche sa respiration, Suchet a pris froid. Comme à chaque fois qu’il joue un Poirot malade, il est malade aussi. Freud qu’il a incarné dans une série aurait beaucoup à dire dessus. “Aujourd’hui, c’est la mort d’un ami qui va se dérouler devant nous tous. Je dois me concentrer sur ce qui va arriver à mon vieil ami … et à moi.” A l’image, les derniers mots de Poirot à Hastings seront accompagnés du prélude de Chopin, La goutte d’eau, que Hettie Mcdonald fait retentir sur le set afin que chacun s’en imprègne. Puis quand le moteur retentit, la musique s’arrête, Suchet demande un instant le silence pour que “Poirot et moi retrouvions nos esprits”.
Curtain
Suchet est allongé sur le lit. Il a voulu que beaucoup de choses passent par sa respiration difficile “non seulement pour montrer que mourir n’est pas facile, que Poirot lutte pour vivre. Mais aussi car je voulais montrer que quelque chose le perturbe beaucoup. Et ce quelque chose c’est de savoir si Dieu va lui pardonner ce qu’il a fait. C’est un moment de fragilité extrême pour Poirot car pour la première fois, il ne contrôle pas ce qui arrive. Il est rendu à sa condition de mortel. Je ne veux pas faire de la mort de Poirot quelque chose de très sentimental, mélo dramatique. Je veux la rendre la plus réelle possible. Jusqu’à ce moment où il s’empare une fois seul de son chapelet qu’il sert contre lui comme pour implorer le pardon du seigneur. Cette scène si difficile, je ne voulais la faire qu’une fois. Je me suis donc concentré sur toutes les parcelles de mon être pour la rendre la plus juste possible. Pour servir jusqu’au bout le Poirot que Dame Agatha Christie a créé. Puis Hettie a crié “Coupez”. Puis en ce vendredi, il ne reste que la scène où Hastings découvre le corps de Poirot à tourner. La position que je vais choisir pour faire le mort est importante car je veux montrer au public que jusqu’au bout, il a souffert sans pour autant rendre ça horrible. Donner cette intensité à la mort de Poirot est important et je le dois à ce personnage que j’ai servi et protéger durant 25 ans.”