La situation s’enlise en Gambie, plus petit pays de l’Afrique de l’Ouest, situé entre le Sénégal et la Guinée Bissau. Alors que des élections ont eu lieu la semaine dernière et que le Président en place depuis 22 ans, Yahya Jammeh, semblait avoir accepté noblement sa défaite électoral, ce dernier est revenu sur ses dires et a officiellement déclaré ne pas reconnaître le résultat des urnes. Selon lui, des irrégularités ‘inacceptables’ appelle à un nouveau vote. Cette attitude inquiète la communauté régionale et intestinale, alors que des troupes armées ont été déployées cette semaine dans la capitale Banjul.
Une défaite qui aura été de courte durée et aura donné l’impression d’un moment d’espoir la démocratie sur cette partie du continent. Les Gambiens avaient célébré ce moment jusqu’au petit matin. Jusqu’à ce que quelques jours plus tard, Jammeh apparaisse à la télévision nationale, annonçant qu’il avait changé d’avis et demandait de nouvelles élections, ‘pures et transparentes.’ Il ne fait aucun doute que Jammeh craint pour son avenir et a senti peser la menace de poursuite judiciaire pour ses deux décennies autocratiques passées au pouvoir.
La Gambie: Rappel
Yahya Jammeh a accédé au pouvoir en 1994 au travers d’un coup d’état. Depuis, il dirige la Gambie, qu’il a proclamé République Islamique, d’une main de fer. Il se fait remarquer pour certaines déclarations polémiques comme celle de 2008 où il ordonne à tous les homosexuels de Gambie de quitter le pays. En 2009, il menace de mort les activistes d’Amnesty International en les accusant de vouloir déstabiliser le pays. En 2016, en réponse au groupe de défense des droits de l’homme et de Ban Ki Moon qui demande à ce qu’une enquête soit ouverte pour détailler la mort de l’opposant politique Solo Sandeng, Jammeh déclare sans la moindre gène qu’ils peuvent aller en ‘enfer’, que des gens meurent en détention ou lors d’interrogatoire, que cela n’a rien de choquant, et que personne ne lui dira que faire dans son pays. Un personnage attachant.
Son gouvernement autoritaire a capturé, torturé et tué ses opposants politiques tout au long de ses mandats. Des douzaines d’activites pro-démocratie ont disparu rien que durant l’année 2016.
Jammeh s’accroche au rênes du pouvoir
Activistes et militants spéculent que Jammeh a peur de représailles juridiques une fois qu’il ne serait plus président.
Deux semaines auparavant, son successeur élu Adama Barrow annonçait en grande pompe que Jammeh serait poursuivi pour ses crimes une fois son immunité présidentielle disparue. Sa décision de se retirer semblait avoir été motivé par le fait qu’il n’avait pas suffisamment de soutien de la part des figures exécutives de la sécurité. Seulement, la possibilité d’être poursuivis en même temps que l’ancien chef de l’état semble avoir rallié une grande partie de l’armée et des forces de police derrière Jammeh. Cette tentative désespérée de se maintenir en place après avoir accepté un scrutin démocratique ne berne personne.
Une médiation Africaine composée de la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, du président nigérien Muhammadu Buhari, du président du Ghana Dramani Mahama, qui a lui même reconnu sa propre défaite à la dernière élection; et le président de la Sierre Leone Ernest Bai Koroma, se sont rendus sur place pour inciter Jammeh à se résigner et à s’éviter un embarras colossal ainsi que de plonger son pays dans une crise politique et institutionnelle.
Cette médiation n’a pas porté ses fruits et aucun accord n’a été trouvé à ce jour.