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Congrès du parti allemand anti-immigration et anti-euro, l’AfD

AfD-Chef Bernd Lucke/ Source: DPA

Le parti anti-immigration et anti-euro allemand l’AfD, l’Alternative für Deutschland, tient son congrès ce week-end à Brême. Au programme: réformer la direction du parti et définir des positions claires sur des thèmes autres que l’économie et l’immigration. Suite à des divergences d’avis au sein de l’AfD, le congrès se présente sous de mauvais auspices.

L’Alternative für Deutschland est un parti créé en avril 2013 par des intellectuels, des professeurs et des économistes en désaccord avec les politiques en vigueur face à la crise. Il s’agit avant tout d’un parti anti-immigration et anti-euro. Son fondateur Bernd Lucke attend beaucoup du congrès d’aujourd’hui, puisque l’enjeu est de taille: définir une position claire sur des sujets centraux pour le parti, comme l’immigration, mais aussi sur d’autres thèmes qui apparaissent désormais tout aussi préoccupants: trouver des solutions pour augmenter le nombre de policiers, de médecins, d’enseignants, lutter contre la criminalité. Autrement dit : rendre l’AfD plus crédible en présentant un programme clair et l’inscrire dans le paysage politique allemand.

L’ascension du parti

S’il ne semblait être au départ qu’un parti minoritaire, il a très vite gagné en popularité. En 2013, lors des dernières élections au Bundestag, il a obtenu 4,7 % des voix, frôlant le seuil des 5 % obligatoires pour y avoir un siège. Avec 7% de voix aux européennes, il a pu envoyer sept députés au Parlement européen. Enfin, aux élections régionales, il a obtenu fin 2014 des sièges en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg, des régions d’ancienne RDA, moins prospères que les autres États allemands.

C’est donc avant tout dans un contexte de crise économique qu’il émerge, mais il est encore difficile de savoir si ce parti perdurera dans le paysage politique allemand. Pour l’instant, son discours reste encore minoritaire auprès de la population. Sur le plan économique, 73% de ses partisans seraient d’avis qu’il faudrait supprimer l’euro, tandis que seulement 24% des Allemands regardent l’euro d’un mauvais œil. De même, 63 % des partisans de l’AfD considèrent que l’Europe menace la prospérité de l’Allemagne, avis que partagent 31% des Allemands (chiffres donnés par le Spiegel-Online en octobre dernier).

Panneau pour les élections de 2013_AfD

« Référendum sur la sortie de l’euro! » Panneau pour les élections allemandes de 2013 AfD/ Source: Graf Foto CC BY-SA 3.0

Désaccords au sein du parti : la position sur l’immigration et la réforme de la direction de l’AfD

Récent point de friction sur l’immigration

Si l’AfD se revendique être un parti anti-immigration, la direction du parti ne se met pas d’accord sur les termes à employer.

Selon le Spiegel-online, le vice-président, Alexander Gauland, a exigé la semaine dernière vouloir mettre fin à l’immigration du Moyen-Orient en Allemagne, avec ces déclarations: « Nous ne devrions pas encourager l’immigration d’individus complètement étrangers à notre tradition culturelle, nous devrions même l’empêcher.« 

Embarrassés par ses propos, les portes-paroles du parti, Bernd Lucke et Frauke Petry ont tenté de se distancer quelque peu de Gauland. Bernd Lucke a ainsi affirmé que « l’AfD est en faveur d’un droit à l’immigration semblable au modèle canadien, qui autorise l’immigration pour des raisons économiques, familiales ou humanitaires.«  Et Frauke Petry d’ajouter: « […] Ce qui importe, ce sont surtout la formation, le parcours professionnel et les compétences en langues des immigrés; cela constitue un socle élémentaire pour qu’ils s’intègrent avec succès en Allemagne. La religion et l’origine des immigrés ne sont en aucun cas déterminantes.« 

Autre point de désaccord: le changement de statuts des membres du parti.

Le fondateur du parti, Bernd Lucke, souhaite modifier la direction du parti. Actuellement, à la tête du parti se trouvent trois portes-paroles dotés des mêmes prérogatives: Bernd Lucke, Frauke Petry et Konrad Adam. Le fondateur aimerait dorénavant qu’il y ait un unique président à la tête de l’AfD. Un point qu’il faudra négocier avec les autres portes-paroles, qui pour l’instant, ne fait pas l’unanimité. Toujours d’après le Spiegel-Online, les membres du parti craignent d’entraîner le parti dans des formalités avec des nouveaux statuts, de générer au moins 150 000 € de coûts

L’AfD est donc pour l’instant un parti qui se démarque des autres dans le spectre politique – comme son nom l’indique: « l’Alternative pour l’Allemagne ». Néanmoins, comme il prend un peu plus d’ampleur, cela oblige la direction à repenser son positionnement, que ce soit en termes de statut, de programme politique et d’idées-clés à représenter. 3000 membres sont attendus au congrès du parti pour ce week-end.

Images: 1/ Bernd Lucke – Source: DPA
2/ Panneau pour les élections allemandes de 2013 AfD/ Source: Graf Foto CC BY-SA 3.0

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