Alors que Valmont, adapté des Liaisons Dangereuses, ressort dans une copie restaurée, retour sur trois grands films du réalisateur Milos Forman
D’origine tchécoslovaque, étudiant le cinéma à Prague, Milos Forman deviendra l’un des réalisateurs les plus représentatifs du nouveau cinéma tchécoslovaque avec une première partie de carrière tout en tendresse et en ironie, et des œuvres sur lesquelles souffle un vent de liberté, avec L’As de pique, Les amours d’une blonde ou Au feu les pompiers ! Banni par le régime communiste en 1968, le réalisateur quitte l’Europe pour s’installer aux États-Unis et offrir aux cinéphiles de multiples chefs d’œuvre, de Vol au–dessus d’un nid de coucou, à la comédie musicale Hair, en passant par le drame Ragtime, Amadeus ou Larry Flynt. Toujours provocateur, épris de liberté, le cinéma de Milos Forman est brillant, émouvant, musical, drôle, jouissif, et souvent tellement juste. Alors que Valmont ressort dans une magnifique copie restaurée chez Pathé, c’est l’occasion de revenir sur 3 grands films du réalisateur.
Vol au-dessus d’un nid de coucou – 1975
Réalisé par Milos Forman
Avec Jack Nicholson, Danny DeVito, Christopher Lloyd, Louise Fletcher
Mais c’est quoi déjà… Vol au-dessus d’un nid de coucou ? Pour échapper à la prison, Randle McMurphy est prêt à tout… même à se faire passer pour un malade mental. Interné dans un hôpital psychiatrique, il découvre, au-delà de leur folie, des êtres fragiles et attachants, soumis à l’autorité oppressive de l’infirmière Ratched. S’insurgeant alors contre les règles établies, il décide de révolutionner ce petit monde.
Ode à la liberté porté par Jack Nicholson, Vol au dessus d’un nid de coucou est un chef d’œuvre grinçant et bouleversant, un électrochoc virtuose et culte, condensé d’émotions récompensé par 5 oscars et 6 Golden Globes. Tiré d’un roman de Ken Kesey et produit par Michael Douglas, le second film américain de Milos Forman est une leçon d’humanité, émouvante et lumineuse, qui dénonce une société voulant normaliser l’individu en contrôlant ses désirs, discours dissident d’un réalisateur éveillé au monde. Une œuvre brillante dans une filmographie qui l’est tout autant.
Amadeus – 1984
Réalisé par Milos Forman
Avec Tom Hulce, F.Murray Abraham, Elizabeth Berridge, Jeffrey Jones
Mais c’est quoi déjà… Amadeus ? A Vienne, en novembre 1823. Au coeur de la nuit, un vieil homme égaré clame cette étonnante confession : « Pardonne, Mozart, pardonne à ton assassin ! » Ce fantôme, c’est Antonio Salieri, jadis musicien réputé et compositeur officiel de la Cour. En 1781, un jeune homme arrive à Vienne, précédé d’une flatteuse réputation. Wolfgang Amadeus Mozart est devenu le plus grand compositeur du siècle. Réalisant la menace que représente pour lui ce surdoué arrogant dont il admire le profond génie, Salieri tente de l’évincer.
Vous pensez ne pas aimer la musique classique ? Alors regardez Amadeus… interrogation métaphysique éblouissante et portrait d’un homme et d’une époque. Amadeus interroge sur l’art et la création. Plus qu’un film sur Mozart, c’est un film sur sa musique, une symphonie cinématographique, certes romancée mais d’une extraordinaire modernité. Raconté par un Salieri (formidable F.Murray Abraham) tout en retenu et en noirceur, Amadeus est le portrait d’une rock star, totalement farfelue, enfantine et immature, mais capable de créer des œuvres bouleversantes et intemporelle. Un film grotesque, sublime, tragique, dérisoire et divin, à l’image de l’œuvre de Wolfgang Amadeus Mozart.
Man on the moon (2000)
Réalisé par Milos Forman
Avec Jim Carrey, Danny DeVito, Courtney Love
Mais c’est quoi déjà… Man on the moon ? La carrière du comique américain Andy Kaufman, mort en 1984 d’un cancer du poumon. Né à New York en 1949, il débute dans de nombreux cabarets avant de se faire remarquer à la télévision dans la célèbre émission « Saturday Night Live ». Il est une des vedettes de la série « Taxi » puis provoque les réactions les plus diverses en montant des spectacles originaux, notamment au Carnegie Hall de New York.
Réflexion sur le métier de comédien, en forme d’interrogation subtile, film sur le fil entre réalité et illusion, Man on the moon, doit beaucoup à l’interprétation brillante de Jim Carrey. Biopic déstabilisant, souvent bouleversant, sur un homme contradictoire, provocateur, rebelle et souvent génial. On retrouve dans le dernier très grand film de Milos Forman son talent pour raconter des personnages magnifiques et hors du commun, des destins d’une autre dimension, à la frontière entre le génie et la folie… C’est sans doute pour cela que le choix de Jim Carrey pour interpréter Andy Kaufman est une excellente idée, il amène au personnage ses propres fêlures, clown blanc côté face, Auguste côté pile, pour un résultat profond, drôle et émouvant.