La ressortie ce mercredi 4 janvier de Police Fédérale Los Angeles valait bien un coup de projecteur sur trois polars cultes signés William Friedkin
Si William Friedkin a inscrit son nom en lettres dorées dans l’Histoire du cinéma américain, il n’a pas connu la gloire instantanément. Celui qui s’est formé à la télévision a réalisé quatre films avant de connaitre le succès en 1971 avec French Connection puis avec L’Exorciste en 1973. Mais l’énorme échec public de Sorcerer en 1977, pourtant sans doute son meilleur film, a mis un voile sur une carrière qui était pourtant sur une voie royale. Le metteur en scène à la réputation sulfureuse a réalisé des films indignes de son talent après Police Fédérale Los Angeles et jusqu’à Killer Joe, qui signait sa renaissance artistique de manière flamboyante malheureusement restée sans suite pour le moment. William Friedkin a métamorphosé le film policier contemporain, voici trois de ses coups d’éclat:
French Connection – 1971
Réalisé par William Friedkin
Avec Gene Hackman, Roy Scheider…
Mais c’est quoi déjà… French Connection ? Deux flics des stups, Buddy Russo et Jimmy Doyle, dit Popeye, se retrouvent sur la piste d’une grosse livraison d’héroïne en provenance de Marseille. De planques en filatures, d’arrestations en courses-poursuites dans les rues de New York, Popeye et Russo vont démanteler ce que les archives du crime appellent désormais… la French Connection.
Sans doute l’un des films policiers les plus déterminants du cinéma contemporain, French Connection est avec L’Exorciste, dans un genre totalement différent le haut fait d’armes de William Friedkin grâce à ses trois Oscars mais aussi car le film bénéficie d’un réalisme proche du documentaire et d’une violence sèche impressionnante. En conférant à sa réalisation un aspect urgent et réaliste qui atteint son paroxysme dans un sommet de mise en scène avec une course poursuite sous le métro aérien, Friedkin nous laisse béat. Et Gene Hackman est phénoménal dans le rôle de Popeye Doyle un flic raciste, violent et alcoolique, l’un de ses rôles majeurs et personnage inoubliable de l’Histoire du cinéma.
Police Fédérale Los Angeles – 1985
Réalisé par William Friedkin
Avec William L. Petersen, Willem Dafoe…
Mais c’est quoi déjà… Police Fédérale Los Angeles ? Richard Chance est un flic tête brûlée, obsédé par la traque du faussaire Rick Masters. Le jour où son coéquipier est abattu alors qu’il menait une opération en solo, Chance va peu à peu dévier de la légalité pour parvenir à ses fins et régler ses comptes… dans un bain de sang.
Police fédérale, Los Angeles est sans doute l’apogée du polar façon William Friedkin. Un style sec et nerveux, extrêmement stylisé au service d’un polar torturé et paranoïaque comme les affectionne le réalisateur qui nous offre un film tendu et violent bardé de couleurs pop et d’une musique prenante signée Wang Chung. Six ans après La chasse avec Al Pacino, autre polar abrasif situé lui dans le milieu gay, Police Fédérale Los Angeles est un film de vengeance où la frontière entre le bien et le mal est abolie dans la lutte sans merci que se livrent Chance et Masters. Atypique, baignant dans une ambiance crépusculaire de bout en bout et jusqu’au-boutiste dans sa quête de réalisme, Friedkin se permet même de réaliser une séquence de course-poursuite encore plus éblouissante que celle de French Connection. Un morceau d’anthologie.
Killer Joe – 2012
Réalisé par William Friedkin
Avec Matthew McConaughey, Emile Hirsh…
Mais c’est quoi déjà… Killer Joe ? Chris, 22 ans, petit dealer de son état, doit absolument trouver 6 000 dollars s’il veut sauver sa peau. Son seul espoir : les 50 000 dollars de l’assurance-vie de sa crapule de mère. Mais qui va se charger du sale boulot ? Killer Joe, flic le jour, tueur à gages la nuit, est appelé à la rescousse. Mais il se fait payer d’avance et Chris n’a pas un sou en poche. Il tente de négocier. En vain. Joe refuse de discuter, il a des principes… jusqu’à ce qu’il rencontre Dottie, la charmante sœur de Chris. Alors Killer Joe veut bien qu’on le paye sur le fric de l’assurance si on le laisse jouer avec Dottie…
Le garnement William Friedkin revient à presque 80 ans aux affaires après une série de films indignes de son talent avec ce Killer Joe, un thriller d’une noirceur totale, à l’humour absurde incroyable et qui offre à Matthew McConaughey, un rôle absolument incroyable dans lequel l’acteur laisse éclater tout son talent et sa folie. En mettant en scène une galerie de gueules proprement incroyable, Friedkin nous immerge dans un enfer inéluctable, où il propose sa lecture de la déconstruction de la cellule familiale jusqu’à un dernier acte absolument dingue où la folie et la violence se répondent et où le spectateur devient voyeur. Grâce à un casting exemplaire, le réalisateur mène son récit sans aucun temps mort, grâce à une qualité d’écriture et des dialogues au cordeau. Un ovni sombre et fascinant.