Ce mois de janvier est riche en compétitions internationales. Mais si vous avez dû entendre parler des championnats du monde de handball ou de la Coupe d’Afrique des Nations, une autre de ces « grandes messes » vous a sûrement échappé, il s’agit de la Coupe d’Asie des Nations de football, qui a débuté le 9 janvier dernier avec une victoire 4 buts à 1 de l’Australie face au Koweït.
La Coupe d’Asie des Nations est une compétition de football qui se dispute tous les quatre ans. C’est la plus grande compétition de football en Asie et donc l’équivalent de la CAN en Afrique, de l’Euro ou de la Copa America. Seize équipes se disputent le trophée avec deux phases : une phase de poules (4 groupes de 4) et une phase finale à élimination directe, avec quart, demi et finale.
Cette année, se déroule la 16e édition de cette compétition. Lors de la précédente Coupe d’Asie organisée en 2011 par le Qatar, c’est le Japon qui s’était imposé face à l’Australie (1-0 après prolongations), la Corée du Sud prenant la troisième place. L’Australie qui organise aujourd’hui cette nouvelle édition de la Coupe d’Asie.
L’Australie, un pays asiatique ?
Depuis 2007, l’Australie dispute la Coupe d’Asie des Nations. La raison en est principalement sportive. L’Australie s’est imposée comme un pays régulièrement présent dans les grandes compétitions internationales, une réalité masquée par son appartenance à la confédération océanienne. En effet, l’Australie dominait systématiquement les débats en Océanie, mais ne parvenait que rarement à se qualifier pour la Coupe du Monde, devant à chaque fois passer par des matches de barrages compliqués face aux équipes d’Amérique du Sud.
En 2005, l’Australie entame des démarches pour intégrer la Confédération Asiatique et ainsi se confronter à des équipes de meilleur niveau dans des compétitions continentales tout en augmentant ses chances de qualification à la Coupe du Monde. Cette intégration se traduit par une participation de l’Australie aussi bien aux compétitions entre sélections nationales qu’entre clubs.
C’est d’ailleurs un club australien qui a remporté cette année la Ligue des Champions Asiatique. Les Western Sydney Wanderers qui ont battu les saoudiens d’Al-Hilal, sont le premier club australien a remporté cette compétition.
Cette situation concerne d’ailleurs plusieurs pays. Israël qui dominait les compétitions asiatiques dans les années 1960, évolue depuis le début des années 1990 en zone Europe. Une situation qui fait suite à l’exclusion d’Israël de la zone Asie en 1974, à la demande des pays arabes qui boycottaient la sélection et les clubs israéliens dans le cadre des compétitions continentales ou pour les qualifications à la Coupe du Monde.
D’autres pays, apparus à la dislocation de l’Union Soviétique (Arménie, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Géorgie) et qui sont à la frontière de l’Europe (et de la Russie en l’occurrence) prennent part aux compétitions européennes alors qu’ils sont considérés géographiquement comme des pays asiatiques. On pourrait citer également le cas de Chypre, pays asiatique mais qui fait partie de l’Europe aussi bien politiquement (appartenance à l »U.E) que footballistiquement (avec par exemple l’Apoel Nicosie qui a récemment affronté le PSG en Ligue des Champions).
Une compétition suivie en Asie
La Coupe d’Asie se déroule pour la dernière fois avec 16 équipes. Par la suite, la compétition se disputera avec 24 sélections. Un nouveau format qui devrait permettre d’accroître l’audience de la compétition en Asie en faisant participer un plus grand nombre de pays. Une attention du public asiatique qui est variable d’un pays à l’autre, et qui fluctue en fonction des performances des différentes sélections.
En 2011, lors de la dernière Coupe d’Asie organisée au Qatar, l’affluence dans les stades était limitée, avec 12.668 spectateurs en moyenne. Des chiffres logiques dans un pays riche en infrastructures mais avec une faible population. Même constat du côté des audiences, avec « seulement » 484 millions de téléspectateurs en audience cumulée, des chiffres soutenus par le beau parcours du Japon et donc des 209,2 millions de téléspectateurs japonais en audience cumulée.
Lors de l’édition 2004, organisée en Chine, on comptait en moyenne 31.877 spectateurs par match et on a dénombré 748 millions de téléspectateurs en audience cumulée. Des chiffres plus importants qui s’expliquent par le poids démographique de la Chine. Des statistiques qui indiquent également que l’on regarde la Coupe d’Asie pour suivre son équipe et qu’il n’existe pas encore un large public en Asie et dans le monde qui regarde cette compétition pour le plaisir de voir un bon match de football.
A titre de comparaison, la finale de l’Euro 2012 a réuni à elle-seule 299 millions de téléspectateurs dans le monde. Les performances de pays comme le Japon, la Chine, la Corée du Sud ou l’Iran jouent donc un rôle dans la rentabilité de la compétition.
Pourquoi s’intéresser à la Coupe d’Asie des Nations ?
La Coupe d’Asie peut sembler peu intéressante au regard des compétitions qui existent en Europe, qu’elle soit nationales ou continentales. A noter également que lors de la dernière Coupe du Monde, aucune équipe asiatique n’est parvenue à passer le cap du premier tour.
Ces faiblesses ne doivent pas masquer le fait que le football asiatique, bien que très différent d’un pays et d’une région à l’autre, est aujourd’hui en progrès. Si l’on s’est habitué à la présence des joueurs coréens ou japonais dans les championnats européens, leur nombre n’a explosé que récemment, notamment après la Coupe du Monde 2002 au Japon et en Corée du Sud.
D’autres pays sont plus discrètement présents en Europe comme l’Australie (principalement dans le championnat anglais), l’Ouzbékistan (Russie), ou encore l’Iran. La Coupe d’Asie est donc un moyen de se familiariser avec le football de ce continent et de découvrir des joueurs, que l’on a trop peu l’occasion d’apercevoir de notre côté de la planète.
Car le football en Asie est encore dans sa phase de développement. Les facteurs d’explication sont ici multiples : la jeunesse de beaucoup de pays, les problèmes politiques, économiques, les conflits militaires qui peuvent exister dans certaines régions… sont autant de difficultés qui peuvent participer à mettre le sport au second plan.
A titre d’exemple, les deux géants du continent, la Chine et l’Inde sont encore des petits pays de football. La Chine avait réussi son premier exploit en parvenant à se qualifier pour la Coupe du Monde 2002, une première pour le pays. Deux ans plus tard, les Chinois organisaient la Coupe d’Asie des Nations, en parvenant à susciter un certain engouement autour de la compétition, la Chine réussissant à se hisser jusqu’en finale pour finalement perdre face au Japon.
Depuis beaucoup d’argent a été injectée pour développer le sport dans le pays, avec des résultats limités. Il faut pourtant signaler la victoire du club chinois de Guanghzou Evergrande en Ligue des Champions en 2013, ou encore le récent transfert de Zhang Xizhe, international chinois, vers le VFL Wolfsburg, deuxième de Bundesliga, preuve de l’intérêt de certains clubs européens pour le football du pays.
L’Inde est elle encore moins avancée dans le développement du football, malgré la réussite de la première édition de l’Indian Super League, organisée fin 2014 dans le pays. L’Inde n’est d’ailleurs pas parvenue à se qualifier pour cette Coupe d’Asie. Mais comme d’autres pays, ce « retard » peut s’expliquer aussi par le fait que le football n’est pas forcément le sport majeur du pays (le cricket dans le cas de l’Inde).
Cette Coupe d’Asie verra également la première participation de la Palestine à une compétition internationale de ce niveau. La Palestine, qui n’est pas encore constituée comme état, est néanmoins reconnue par la FIFA depuis 1998. Une sélection qui a réussi à se qualifier pour la Coupe d’Asie après avoir remporté la Challenge Cup au printemps 2014. Une participation qui aura forcément une portée symbolique forte, sur le continent asiatique et au-delà, alors que la Palestine a récemment été distinguée par la Confédération Asiatique de Football, recevant le prix de l’équipe asiatique de l’année 2014.
Qui sont les favoris de l’épreuve ?
Les sélections que l’on attend dans le dernier carré sont les mêmes équipes qui sont parvenus à se qualifier pour la Coupe du Monde. Le tirage au sort laisse d’ailleurs imaginer une finale Japon – Australie pour un remake de la finale de 2011. A côté de ces deux grands favoris, il faudra donc compter sur la Corée du Sud et l’Iran, auteure d’une Coupe du Monde honorable. A côté des mondialistes, on peut citer l’Irak, vainqueur de l’épreuve en 2007 ou la Chine, coachée par Alain Perrin (champion de France avec Lyon en 2007-2008), deux équipes qui peuvent réaliser un bon parcours dans cette compétition.