La Coupe des Confédérations a lieu du 15 au 30 juin au Brésil. A un an de la coupe du monde, elle sera l’occasion de voir s’affronter les meilleures équipes de chaque continent. Pourtant, cette compétition est négligée, voire méprisée par de nombreux observateurs … et peut-être par les participants eux-mêmes. A quoi sert ce tournoi ? Quel est l’intérêt de le jouer pour les équipes qui y prennent part ? Analyse
Un petit apéritif avant la coupe du monde ! La Coupe des Confédérations débutera ce samedi avec le match entre le Brésil, pays hôte, et le Japon, champion d’Asie. Outre ces deux sélections, six autres équipes participeront à la compétition : l’Espagne, championne du monde et d’Europe en titre, l’Italie, finaliste du dernier Euro, l’Uruguay, vainqueur de la dernière Copa America, le Mexique, tenant de la Gold Cup, le Nigeria, champion d’Afrique, et le petit poucet Tahiti, vainqueur surprise de la coupe d’Océanie. En résumé, les derniers vainqueurs de chaque compétition continentale vont en découdre pendant quinze jours.
Manque de fraîcheur physique
Néanmoins, des doutes subsistent sur l’utilité d’une telle compétition. Peu renommée, elle arrive tard dans la saison, et beaucoup de joueurs risquent d’avoir l’esprit en vacances. On pense notamment à ceux de l’équipe d’Espagne, qui ont eu une saison très longue. La Liga a été le grand championnat européen qui s’est terminé le plus tard, le 1er juin, soit une semaine après la Ligue 1, et deux semaines après les championnats anglais, italien et allemand. Or, la très grande majorité des joueurs de la Furia Roja est issue du Barça et du Real Madrid, qui en plus du championnat, sont allés jusqu’en demi-finales de la ligue des champions. La fatigue physique risque donc de se faire sentir dans les rangs espagnols. D’une manière plus générale, un très grand nombre joueurs ont entre 40 et 50 matchs dans les jambes, notamment ceux évoluant dans de grands clubs, qui ont accumulé de longs parcours dans leur championnat et en coupe d’Europe, voire dans les coupes nationales. Le manque de jus pourrait donc handicaper certaines équipes à un moment ou un autre de la compétition.
Une belle occasion de se tester … et de se rassurer
Compétition inutile, serait-on alors tenté de dire. La Coupe des Confédérations est-elle pour les équipes nationales ce que la coupe de la ligue est pour les clubs ? Pas forcément. Un an avant la coupe du monde, elle permet de donner des indications sur le niveau d’équipes qui, pour la plupart, seront probablement présentes au Brésil l’année prochaine. Au vu du fait que cette compétition réunit les meilleures équipes de chaque continent, on peut même se demander si son niveau n’est pas plus élevé que celui d’une coupe du monde. Elle est en tout cas, pour plusieurs équipes, un vrai test, et l’opportunité de se frotter à des adversaires de haut niveau. Une occasion en or pour des équipes qui ont besoin de confiance.
Sur ce point, le Brésil arrive certainement en tête. A un an de « sa » coupe du monde, la Seleçao a beau posséder dans ses rangs des joueurs de classe mondiale (Thiago Silva, Neymar, Oscar), elle fait beaucoup moins rêver que d’autres générations glorieuses du football brésilien. De plus, ses résultats sont mitigés et son jeu pas toujours enthousiasmant. S’ils ont convaincus lors de leur match face à la France, avec une large victoire 3-0, les hommes de Luiz Felipe Scolari, ont aussi obtenu des résultats moins satisfaisants ces derniers mois (tenus en échec par le Chili ou encore la Russie, entre autres). Surtout, ils pointent à la … 22e place au classement FIFA, soit une des pires positions de leur histoire ! Remporter cette Coupe des Confédérations serait donc un bon moyen pour eux de prendre confiance, de rassurer leurs supporters et de faire taire les critiques des médias et de certaines idoles du passé (Pelé a récemment déclaré que le Brésil était dans « un creux générationnel »). Mais la Coupe des Confédérations peut aussi être considérée comme un point de repère pour l’équipe Auriverde. Qualifié d’office pour la coupe du monde en tant que pays hôte, le Brésil n’a en effet joué que des matchs amicaux depuis un an. Des rencontres certes prestigieuses (l’Argentine, l’Angleterre par deux fois, l’Italie et plus récemment la France, ont été ses adversaires) mais qui restent sans enjeu. La Coupe des Confédérations sera donc aussi l’occasion pour les coéquipiers de Neymar de voir comment ils se comportent et comment ils gèrent la pression dans une compétition officielle.
Autre grand favori, l’Espagne aura quant à elle l’objectif de montrer qu’elle est toujours la meilleure équipe du monde. Certes, la meilleure occasion de le prouver reste de conserver son titre dans un an, mais les hommes de Vicente Del Bosque auront sans doute à cœur de prouver que le football ibérique brille toujours, même après les déroutes du Real Madrid et du Barça face aux clubs allemands en demi-finales de ligue des champions. Malgré la fatigue liée à la fin de saison, au voyage et au décalage horaire, la Furia Roja pourra s’appuyer sur des joueurs expérimentés et qui restent les meilleurs au monde à leur poste (Casillas, Xavi, Iniesta, pour ne citer qu’eux). Sans oublier ce jeu, cette cohésion et cette formidable maîtrise technique qui font sa force depuis cinq ans.
L’Italie, autre représentant européen, fait figure d’outsider. La Squadra Azzurra n’a remporté aucune des dernières compétitions, mais a profité de son statut de vice-champion d’Europe pour se qualifier pour cette Coupe des Confédérations (l’Espagne étant à la fois championne du monde et d’Europe, c’est le finaliste de l’Euro 2012 qui a été repêché). Forts d’un très beau parcours lors du dernier Euro (avec en plus du beau jeu, ce qui change du catenaccio efficace mais ennuyeux), les hommes de Cesare Prandelli sont bien placés dans leur groupe de qualifications pour le mondial. Mais ils ont réalisé des derniers matchs très décevants (nul 0-0 en République Tchèque après une prestation catastrophique, tenus en échec 2-2 par Haïti). Cette « mini coupe du monde » sera donc pour eux aussi l’occasion de se rassurer.
Tahiti : leur coupe du monde à eux
Nous avons parlé des favoris, mais il ne faut pas non plus oublier les autres équipes. Ce sont aussi elles qui vont rendre cette Coupe des Confédérations intéressante. L’attraction de la compétition se nomme Tahiti, 138e nation mondiale et vent de fraîcheur venu d’Océanie. Les Tao Aito (guerriers de fer) ne comptent qu’un seul joueur professionnel dans leurs rangs, Marama Vahirua. Une chose est sûre : eux la joueront à fond cette Coupe des Confédérations, c’est leur coupe du monde, car malheureusement, ils sont déjà éliminés dans la course à la qualification pour le mondial l’an prochain.
Des primes toujours bonnes à prendre
Outre les enjeux sportifs, le facteur économique constitue évidemment un critère d’attractivité et une source de motivation pour les joueurs. Il est bien sûr question de primes, liées à la participation et au parcours dans la compétition. Le montant des primes versées par la FIFA pour cette Coupe des Confédérations n’a pas encore été communiqué, mais lors de la précédente édition, en 2009, il allait jusqu’à 2,5 millions d’euros pour le vainqueur. Mais comme souvent dans le football, qui dit primes dit polémique. C’est cette fois-ci le Nigéria qui est visé. Les Super Eagles menacent de boycotter la compétition en raison de montants revus à la baisse par la fédération nigériane après de mauvais résultats dans les éliminatoires pour la coupe du monde 2014.Une affaire regrettable qui pollue la bonne tenue de la compétition. Malgré tout, cette Coupe des Confédérations s’annonce intéressante pour le public, et attractive pour les équipes participantes, tant sur le plan sportif qu’économique. Tiendra-t-elle ses promesses ? Premier élément de réponse demain.