MONTRÉAL – Les québécois font face à plusieurs mesures déplaisantes depuis quelques semaines, notamment depuis l’avènement du nouveau gouvernement libéral mené par Phillipe Couillard.
Le conflit entre le Gouvernement en place et les employés des municipalités du Québec continue de faire rage. Un conflit englobant les forces policières municipales, les Pompiers et tous les employés embauchés par la municipalité. Tant le gouvernement que les syndicats des employés municipaux se lancent la balle pour diverses raisons, cela dit, le problème se trouverait dans une mesure d’austérité imposée par le gouvernement dans un controversé projet de loi forçant les employés municipaux à payer de leur poche un déficit en modifiant de nombreux aspects des conventions collectives. La loi en question annule également la validité des conventions collectives ou des ententes entre les parties en ce qui concerne la problématique courante.
Ce conflit a mené à de nombreuses manifestations et moyens de pressions. Il a été par exemple remarqué dans de nombreuses villes une diminution des constats d’infraction émis pour un non-respect d’une réglementation routière quelconque, l’exemple le plus flagrant ici serait un véhicule stationné n’ayant pas payé son parcomètre. Moyen de pression économique efficace, la ville de Montréal grimpe dans les rideaux affirmant que les policiers nuisent à la sécurité publique en agissant de la sorte, chose que la fraternité des policiers de Montréal dément, affirmant qu’elle continue d’assurer la sécurité des citoyens. Rappelons que les policiers n’ont pas le droit de grève au Canada.
Il y eut également le «sac» de l’Hôtel de Ville de Montréal. Des centaines d’employés municipaux ont d’abord protestés devant l’Hôtel de Ville, notamment des pompiers et des employés d’entretien, puis ont pénétrés à l’intérieur même de l’Hôtel de Ville, venant rapidement à bout de la sécurité présente. Ils firent une entrée remarquée dans la salle du conseil municipal ou ils lancèrent verres d’eau, micros, papiers et autre articles de bureaux au sol, scandant par-ci et là des slogans, sous les yeux indifférents des policiers. Des fenêtres furent brisés et le maire, replié et barricadé dans son bureau, a du maintenir ses fenêtres fermement closes tandis que des manifestant tentaient de les forcer.
L’Éducation et les Services Sociaux aussi prennent une claque
Le gouvernement du premier ministre Couillard récidive de nouveau avec des mesures d’austérité, cette fois au sein du ministère de l’Éducation et de nombreux programmes de services sociaux. Parmi les coupes les plus critiquées, les enveloppes du ministère de l’Éducation destinées aux écoles pour l’achat de nouveaux livres dans les bibliothèque a été coupée. Lorsque les enseignants et les libraires ont voulus protester, le ministre de l’éducation aurait tout simplement rétorqué qu’« Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres dans les bibliothèques ». Libraires et enseignants furent scandalisés d’une pareille déclaration. De leurs côtés, enseignants et bibliothécaires en milieu scolaires affirment que de nombreuses écoles n’ont pas les moyens de se payer des livres ou des manuels en assez grande quantité pour tous leurs élèves. Certains arguent même que certaines bibliothèques contiennent les mêmes livres depuis des années, n’ayant aucune nouveautés pour les élèves.
Les libraires et le milieu éditorialiste pour leur part connaissent une de leurs plus grande période de vente lors de la rentrée scolaire. Les bénéfices ne furent pas au rendez-vous comme prévu cette année lors de la rentrée. Le ministre Bolduc reste cependant de marbre face au cri du cœur que les libraires et les éditeurs lui ont lancés, affirmant même que « Quelque part, lorsqu’il y a une restriction budgétaire, il y a des gens qui vont faire moins d’argent ».
Bien que le scandale des livres ait soulevé l’ire de nombreux amoureux de la lecture, ce fut sans conteste les coupures à l’aide alimentaire et l’aide au devoir qui a le plus ébranlé le milieu scolaire. Le Gouvernement cherchant à faire des compressions partout ou il le peut, a demandé aux commissions scolaires de réduires leurs dépenses, fixant un seuil pour le retour à l’équilibre budgétaire. Forcées d’agir, les commissions scolaires, afin d’atteindre les objectifs fixés par le ministère de l’Éducation, furent nombreuses à devoir couper dans l’aide alimentaire permettant aux jeunes enfants en milieux défavorisés d’avoir un déjeuner et parfois un diner à l’école. C’est la même pour le programme d’aide aux devoirs qui visait à augmenter le taux de réussite des élèves à l’école via une en dehors des heures de classes pour aider les élèves les plus en difficulté à mieux comprendre la matière donnée par l’enseignant via des séances ou ils sont accompagnés pour faire leurs devoirs. C’était un programme qui avait été chaudement accueilli par la société, notamment par les parents qui travaillent désormais très tard pour subvenir aux besoins de leurs familles et qui n’ont pas le temps de s’asseoir avec leurs enfants pour les aider dans leurs devoirs.
En plus des coupes dans ces nombreux services d’éducation publique, le gouvernement souhaite aller de l’avant avec un projet visant à couper de 50% son financement aux écoles privées. Les écoles privées se disent inquiètes et craignent une exode vers le système public, déjà lourdement chargé. La Fédération des établissements d’enseignement privés affirme qu’une telle compression du financement du gouvernement exigerait des écoles privées qu’elles augmentent de 2000$ par année leurs droits de scolarité par étudiant. La fédération estime d’ailleurs qu’un tel scénario mènerait à la perte de 80% de sa clientèle et pousserait de nombreuses écoles privées au bord de la faillite, sinon à fermer. Scénario qu’elle craint et qu’elle refuse de voir se concrétiser.
L’éducation durement touchée, d’autres services sociaux comme les allocations parentales, pour ces tout nouveaux parents viennent d’être durement touchés. Le premier ministre Couillard estime en effet que le régime d’allocation parentale est trop généreux en l’état actuel des choses, justifiant ainsi sa coupe draconienne dans le budget accordé à une telle aide.
Ravages culturels à prévoir en régions
Loin d’être la dernière des cibles des politiques d’austérité du gouvernement, la culture aussi prendra un coup là ou ça fait mal. Déjà sous-financé (Pour simple exemple, le salaire moyen d’un acteur de théâtre au Québec est d’environ 0 à 5000$ annuellement, ce qui est largement sous le seuil de la pauvreté au Canada), le domaine de la culture prend son ultime choc. Le Québec compte 7 conservatoires au total ; 2 situés en milieux urbains (Montréal et Québec) ainsi que 5 en régions. Le Conseil d’Administration des Conservatoires du Québec (CACQ) est dorénavant forcé de fermer ses 5 conservatoires en régions. La Ministre de l’Éducation, bien qu’elle n’ait pas ordonnée la fermeture de ces conservatoires, est à l’origine de cette décision du CACQ. Comme les commissions scolaires, la ministre aurait imposée au CACQ des devis des seuils à respecter, et aurait demandé au CACQ de revenir à l’équilibre budgétaire en remboursant les 12 millions de dettes qu’il aurait accumulé. Chose impossible à faire pour le CACQ qui ne voit qu’une solution pour espérer éponger sa dette : fermer ses 5 conservatoires en régions.
De nombreux artistes et musiciens ont protestés en musique devant le parlement afin de sauver leurs conservatoires. De nombreuses études viennent également soutenir les conservatoires, affirmant qu’ils contribuent non seulement au développement culturel des régions, mais également au développement démographique et économique des régions. De nombreux artistes craignent également que si le CACQ est forcé d’emprunter cette voie, qu’un des deux conservatoires en milieux urbains puisse également fermer ses portes éventuellement.
Le gouvernement continue de défier
Bien qu’il ait déjà entrepris de nombreux mouvements et de nombreuses mesures d’austérité, le gouvernement continue de défier la société québécoises et également les premières nations. Des nations comme les Atikamekw dans le Nord Est du Québec doivent se défendre pour éviter que des forêts sur leurs territoires ne soient rasées. Ceux-ci ont clairement prévenus le gouvernement Couillard qu’aucune coupe ne sera tolérée sans leur approbation. Le gouvernement est resté silencieux dans cette affaire et aurait laissé vraisemblablement les industries forestières poursuivre leurs opérations, en dépit des avertissements de la nation autochtone lésée.
Une large réforme du système d’éducation serait également prévue, notamment la possible suppression des commissions scolaires et le transfert de nombreux pouvoirs de ces dernières aux municipalités.
Le socialisme en voie de disparition au Québec?
C’est une question à se poser. Avec autant de mesures d’austérité, il est à craindre qu’une ère du système privé s’installe. Le Québec a toujours été unique en Amérique grâce à ses politiques socialistes, telles qu’une éducation universelle et gratuite, un système de santé et une assurance maladie universelle et gratuite, des allocations familiales et parentales généreuses. Les québécois sont déjà surtaxés pour des services qui sont en voie de disparition. Quel sera l’avenir du socialisme dans ce territoire d’exception en sol Nord-Américain? La caste étudiante semble vouloir se mobiliser à nouveau contre les politiques d’austérité et il est fort probable qu’elle ne soit pas la seule cette fois, contrairement au printemps érable de 2012.
Frédérick Leclerc
Directeur de l’antenne RVL Québec
Correspondant permanent au Québec