C’est un dessin animé culte des années 80 que la série Les maîtres de l’univers et son héros le prince d’Eternia, Musclor.
C’est quoi Les maîtres de l’univers ? Sur Eternia, une planète à la fois médiévale et futuriste où se côtoient magiciens et vaisseaux spatiaux, se trouve le Château des Ombres, une forteresse mystérieuse renfermant d’immenses pouvoirs, qui fait la convoitise de nombreux malfaiteurs. Parmi ceux-ci, le diabolique sorcier Skeletor s’est juré de renverser le Roi Randor et de contrôler l’univers. La Sorcière qui garde le Château des Ombres a donc secrètement désigné le Prince Adam pour l’aider à combattre ces menaces. Lorsqu’il lève son glaive magique en récitant la formule « Par le pouvoir du Crâne ancestral, je détiens la Force toute puissante ! », Adam se transforme en Musclor, l’homme le plus fort de l’univers. Quant à Kringer, son tigre domestique, il devient le Tigre de combat.
Dès l’automne 83, une réunion a lieu entre Robby London, scénariste qui a rejoint Filmation en 1980, Arthur Nabel en charge des scénaristes et le cofondateur de Filmation, Lou Scheimer. Ce nom, vous le connaissez forcément car il apparaît au générique de toutes les séries produites par le studio. Outre un dessin animé comme Tarzan le roi de la jungle, Scheimer a coproduit la série animée Star Trek pour laquelle il a obtenu un daytime emmy award.
Ils vont plancher sur la structure du dessin animé pour Filmation (rachetée en 1981 par Group W Production, une filiale de Westinghouse Electric Corporation’s). Si W Production est réticente, Scheimer est convaincu du projet et charge ses équipes de se mettre au travail, sous la direction de Erika Scheimer, la fille du producteur qui se souvient : “Sans l’autorisation de Westinghouse, mon père a investit plus d’un million de $ pour développer cette franchise et leur a déclaré : Il faut en faire quelque chose, vous ne pouvez pas laisser une telle somme partir à la poubelle”. Ce genre de prises de risque, ce sont souvent elles qui donnent naissance à de gros succès. C’est le scénariste Tom Ruegger (qui avait œuvré sur Blackstar) qui va, en compagnie de cadres et scénaristes de Filmations, dont Scheimer, développer la bible de la série. Le projet est approuvé par le fabricant et Filmation peut lancer la production.
Les professionnels en charge de développer des séries ou des dessins animés doivent passer leur temps avec les dirigeants des chaînes qui donnent leur avis sur ce qu’on peut faire ou ne pas faire dans un programme. En producteur avisé, Scheimer est parfaitement au fait de ces contraintes et va donc avoir une idée qui va totalement changer la donne. Au lieu de produire une série hebdomadaire à destination d’un network, il va produire une série pour les chaînes de télévision locale, soit la syndication, avec une diffusion quotidienne. Cela représente un double avantage : les chaînes locales en gros se régulent elle-même et ne sont pas soumises à la réglementation de la FCC. Et pour les auteurs de Filmations, c’est l’assurance d’un travail TOUTE L’ANNEE. Filmation propose à Mattel un dessin animé diffusé du lundi au vendredi et assure une commande ferme pour 65 premiers épisodes. Comme il ne s’agit d’un dessin animé hebdomadaire, il faut étoffer l’entourage de Musclor, “muscler” ses compagnons et l’univers dans lequel il évolue.
La production d’autant d’épisodes, pour rappel la commande initiale monte à 65 épisodes, assure beaucoup de travail aux animateurs et c’est une très bonne chose pour le marché car suite à une grève en 1982, beaucoup d’entres eux peinent à trouver un travail dans l’animation dans les grandes chaînes de télévision. Avec cette commande, Filmation embauche donc à l’année et sécurise ses auteurs et animateurs. Le succès des Maîtres de l’univers via ce nouveau mode de diffusion va d’ailleurs donner des ailes à d’autres studios pour se tourner aussi vers la multidiffusion en syndication et permettre d’offrir une grande quantité de travail.
Les maîtres de l’univers arrivent donc à l’antenne le 5 septembre 1983 (elle arrivera chez nous dans Récré A2 assez vite, dès janvier 1984. A peine diffusée, la série est un énorme carton et il y a une vraie synergie entre l’animé et la gamme de jouets. Le succès en audience de la série se traduit bien entendu dans les ventes jouets (ce qui est bien sûr le but de l’opération parfaitement réussi). Mattel tentera d’ailleurs de réitérer l’opération en 1985 avec le studio DIC pour créer Jayce et les conquérants de la lumière. Mais la gamme de jouets se vend mal, cela sonnera le glas de la série.