Le 17 décembre dernier, le président des Etats-Unis Barack Obama annonçait un réchauffement entre son pays et Cuba. Sous l’embargo américain depuis plus d’un demi siècle, les mesures d’assouplissement des restrictions économiques envers l’île communiste entrent en vigueur aujourd’hui. Historique et décryptage d’un conflit.
Historique d’une révolution
Depuis le milieu des années 1930, le dictateur Batista tient l’île. Pro-américain, il doit faire face à une révolution lancée par Fidel Castro et emmenée par Ernesto Guevara, dit le Che. L’objectif ? Réformes sociales, démocratie et restauration de la Constitution suspendue par Batista. Exilé au Mexique en 1953 suite à l’attaque de la caserne de Moncada, Castro est relâché en 1955 quand Batista décide de libérer les prisonniers politiques, sous la pression d’une partie de la population. C’est là bas qu’il fait la rencontre de Che Guevara. Il revient en 1956 avec 82 guérilleros à bord du Granma dans le mythique débarquement du 2 décembre qui se solda par un échec. Ils se réfugient dans les montagnes de la Sierra Maestra et se préparent à 25 mois d’une guerre acharnée contre le pouvoir en place. Le peuple, las d’un régime autoritaire et corrompu, apporte son soutien aux troupes castristes. Le 1 janvier 1959, les troupes castristes soumettent La Havane. Batista fuit.
Le nouveau gouvernement révolutionnaire fait ras du passé et s’allie avec l’Union soviétique. Il approuve une nouvelle Constitution, démantèle le Congrès, désintègre les partis complices de Batista, puni de façon exemplaire les responsables de meurtres et de crimes sous la dictature… Une réforme de l’agriculture et des terres est mise en place : les terres sont redistribuées aux profits des paysans qui les cultivent et les propriétaires lésés. Les étrangers n’ont plus le droit de posséder des terres. Les Etats-Unis voient rouge, c’est le début de l’embargo.
L’embargo
Un début d’embargo avait déjà été prononcé pendant la révolution afin d’affaiblir Castro par l’insatisfaction économique et la pénurie. Il faut savoir que la plupart des richesses de Cuba étaient détenus par des capitaux américains dont le sucre, le pétrole, l’électricité, le tabac… En réponse, Castro décide de nationaliser un grand nombre de firmes américaines. En février 1962, John Fitzgerald Kennedy déclare le blocus total envers Cuba. Toutes relations économiques et diplomatiques sont rompues entre les deux pays. En 1996, l’embargo est durcit pour être allégé en 1998. A l’international, il est décrié au fil des ans par une majorité de pays siégeant à l’ONU. Vient le 17 décembre 2014, une journée historique qui annonce un processus de réchauffement des relations entre les deux pays.
Début de discussions entre les gouvernements cubains et américains
Il y a un mois, les deux Etats annonçaient un rapprochement qui fera date. Cela après la libération d’un prisonnier américain retenu sur l’île. « Nous allons permettre des échanges bancaires, commerciaux, de marchandises. Je crois en la nécessité de permettre la liberté des flux d’informations » déclare alors Barack Obama. Il rappelle également que l’embargo n’est pas levé car il fait l’objet d’une loi. Laquelle devra faire l’objet de négociations politiques qui peuvent prendre du temps. Mais la libération de 53 détenus américains ouvre à des dialogues cordiaux
Assouplissements de mesures restrictives
« L’annonce d’aujourd’hui constitue une étape supplémentaire vers la fin d’un système qui ne fonctionne pas et met en place des mesures qui soutiennent la liberté politique et économique du peuple cubain » a déclaré Jacob Lew, secrétaire au Trésor américain, le mercredi 17 décembre 2014 . Les possibilités de voyage sur l’île, les transferts de fonds de migrants et des échangent dans des domaines clés comme les télécommunications seront étendus par Washington. Ainsi il sera désormais possible pour tout citoyen américain de se rendre à Cuba pour faire du commerce ou du tourisme. Les transferts de fonds passent de 2000 à 8000 dollars par an et il sera disponible pour un américain d’utiliser sa carte de crédit à Cuba. Enfin, la Maison Blanche met l’accent sur le développement de la télécommunication sur l’île pour favoriser une plus grande liberté de communication et d’informations aux Cubains.
Cette série d’assouplissement rapide d’un certain nombre de mesures est historique après des années de mutisme entre les deux pays. La fin de l’embargo se profile à l’horizon. Usée par 52 ans de blocus, la libération de l’économie cubaine devrait créer de nouveaux marchés, qui profiteraient également aux Etats-Unis.
Florian Rocher