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Demain, peut-être : l’Entracte dans son temps

Samedi dernier, la troupe du Celsa, la célèbre école de communication, montait sur les planches pour partager avec le public sa dernière représentation de l’année. Demain, peut-être de Pascal Nowacki a été brillamment interprétée par l’Entracte, nom attribué à la troupe, incluant une nouvelle mise en scène remaniée par Raphaëlle Rousseau et Talia Massardier.

Le développement personnel est défini pour la plupart comme la somme de notre réussite professionnelle, notre osmose familiale et amicale ainsi qu’une vie sentimentale épanouie. Mais l’accomplissement de soi, quant à lui, peut être réellement évalué par l’ensemble de nos efforts, d’une certaine patience et d’un travail répété, dont le résultat est salué autant par un point de vue extérieur que par nous-même. Ajoutez à cela du talent, et vous pourrez prétendre à une reconnaissance certaine…

L'Entracte, troupe du Celsa créée en 2006

La troupe du Celsa a été créée en 2006. Depuis cette date, les étudiants en master 2, passent le flambeau aux nouveaux arrivants en communication, fraîchement admis en licence 3. Cette troupe, baptisée l’Entracte, attire les envieux… Et c’est normal. L’Entracte n’est pas un simple projet créé par quelques étudiants pour apporter une assos de plus à leur école. Le Prix du Jury décerné au festival Centr’actes à Lyon, ainsi que le prix du public et le prix de la ville de Cabourg décerné au festival Rideau Rouge montrent l’impact que peut avoir cette compagnie sur son public. Et Demain, peut-être montre le talent du groupe. Le prix de la meilleure interprétation remis à Talia Massardier pour son rôle de Louise au festival de Reims Monte en Scène nous donne une idée de la qualité du spectacle. Quant à l’humour que Raphaëlle Rousseau réussi à dégager par son personnage Angèle, il nous permet de rire à travers une histoire qui porte plus à s’apitoyer sur l’horreur humaine. Pourtant, la pièce écrite par Pascal Nowacki valse entre comédie et émotions sans jamais trop exagérer l’une ou l’autre, ce qui la rend d’autant plus vivante et permet réellement au spectateur d’intégrer son univers.

Demain, peut-être débute sur le monologue touchant de Baptiste Daudet qui interprète le rôle du petit fils d’une musicienne bien particulière. Rôle créé de toute pièce par la troupe, sa présence ajoute une dimension nouvelle à l’histoire. Le spectateur intègre la scène, il devient l’auditeur direct de ce caractère sorti de notre temps, en parallèle à un monde déjà vieux de 70 ans, et dont le traumatisme n’a pas pris une ride pour certains.

Ce jeune homme nous parle de l’histoire de sa grand-mère, une musique mélancolique nous accompagne tout au long de la pièce pour raconter un souvenir dont la douleur est difficilement explicable.

Les cinq musiciennes et Lucien, résistant dans l'embarras

Les cinq musiciennes et Lucien, résistant dans l’embarras

 » Camp de Rajsko, Pologne, janvier 1945.

Le baraquement n°27 abrite des déportées, toutes musiciennes de renom. Elles forment un orchestre censé divertir les SS et accueillir les nouveaux convois. Lors de chaque concert, elles jouent leur vie en respectant à la lettre les ordres de la femme d’un chef SS, qu’elles surnomment « La Walkyrie ». A travers le prisme de leur attachement contrarié à la musique, on découvre cinq femmes très différentes, leurs forces, leurs faiblesses, leurs larmes, leurs rires, mais aussi leur solidarité dans l’adversité. Fil conducteur de ce voyage musical dans le passé, c’est le petit fils de l’une d’entre elles qui nous relate avec tendresse et passion leur histoire, notre Histoire. »

Ce choix a été lucidement choisi par la troupe. Maÿlis Petit de Bantel , qui interprète Mathilde Grandidier, accordéoniste du baraquement n°27, nous explique cette décision : « Ce sont les deux metteuses en scène, Talia Massardier et Raphaëlle Rousseau qui ont choisi Demain, peut-être. Elles ont été touchées par l’angle musical. En effet c’est une pièce historique mais ce n’est pas une énième histoire sur la seconde guerre mondiale, la période est abordée tout à fait différemment. Très peu de gens savent que des juives étaient choisies pour jouer dans des orchestres pour les nazis, il était donc intéressant de traiter ce sujet sous cet angle-là. » D’autant plus que la pièce ne plonge pas dans le cliché, le déjà-vu. « En effet dans cette pièce ce n’est pas les méchants nazis d’un côté, les gentils juifs de l’autre. La seule allemande présente est en fait une alliée qui va sauver les jeunes femmes de la mort. »

Mathilde, jouée par Maÿlis Petit de Bantel

Mathilde, jouée par Maÿlis Petit de Bantel

Cette pièce, dont quelques scènes sont parfois difficiles à jouer, est un véritable challenge pour des étudiants, qui, bien qu’ayant un talent affirmé, ne sont pas des professionnels. Selon Maÿlis, la scène la plus difficile à jouer, pour elle, est la scène 8, lorsque Mathilde, son personnage, cherche à détendre l’atmosphère malgré une ambiance très tendue auprès des autres détenues. Les scènes d’hystérie et de mort sont extrêmement difficiles à jouer et la limite du ridicule à ne pas franchir est parfois mince… Et pourtant, le défi est relevé haut la main.

L’Entracte tire sa révérence pour l’été, et conclu son adaptation de Demain, peut-être sur une bonne note, elle-même félicitée par son dramaturge Pascal Nowacki ayant assisté à sa dernière représentation, ce samedi 5 juillet. La troupe du Celsa attendra le semestre prochain pour dévoiler le choix de sa nouvelle pièce, ayant cependant déjà levé le rideau sur la compétence de chacun de ses membres.

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