Une pénurie de bons blockbusters estivaux a frappé nos malheureuses salles de cinéma cette année. Mais voilà qu’au fond d’un marasme rassemblant médiocrité et films à peine moyens, une lumière d’espoir vient sauver notre insatiable volonté de fréquenter les salles obscures en cette année 2016. Et la surprise vient de Corée qui nous livre cette année, après The Strangers, un second film d’horreur. Le blockbuster de l’année, le voici, il se nomme Dernier Train Pour Busan !
Pour le réalisateur Yeon Sang-ho, son premier essai vers le film live action est un véritable coup de maître ! Réalisateur de films et métrages d’animation, il a fait ses premières dents avec ses histoires violentes et autres scénarios catastrophes. Pour son premier long métrage en prises de vues réelles, celui-ci réalise un pur film de zombies. Mais attention, on est loin de la vision du zombie lent et chancelant tel qu’a instauré George Romero : les zombies de Dernier Train Pour Busan sont extrêmement nombreux, affamés et surtout rapides ! Ces carnassiers débarquent littéralement par vagues humaines et courent après leurs victimes tels des rats affamés !
Pitch oh mon pitch
La Corée se fait progressivement infester par un virus changeant la population en zombies. L’infection se propage à grande vitesse jusqu’à arriver à une invasion quasi-totale. Dans cet enfer, un train se dirige vers la ville de Busan, seul refuge représentant un maigre espoir de survie face à la contagion. Les quelques survivants comptent un père et sa fille, une femme enceinte et son mari, un joueur de baseball et sa petite amie, un fonctionnaire parano, un clochard étrange, une petite vieille et sa sœur etc… mais aussi quelques zombies qui ont réussi à s’infiltrer dans le convoi. Une belle brochette de victimes qui va sûrement servir de goûteux repas à des carnassiers avides de chair humaine fraîche !
Le postulat de Dernier Train pour Busan est simple mais arrive à tenir en haleine durant ses 2 heures. Cette efficacité, le film la doit en grande partie à son cadre très ingénieux. Dans le contexte d’une invasion de zombies, le train joue un double rôle. Non seulement un lieu de danger à cause des prédateurs y résidant mais aussi un lieu de survie, car à l’extérieur c’est pire ! Celui-ci se dirigeant à toute vitesse vers son point d’arrivée, il permet de constamment déplacer l’action tout en conservant les personnages dans ce huis-clos infernal. Un huis-clos permettant au film de faire évoluer son scénario via des étapes de voyage.
Un huis-clos à tombeau ouvert
Le train joue ici le rôle d’une prison mouvante extrêmement étroite où les mouvements sont unidimensionnels. Impossible d’aller d’un point A à un point B facilement ! Si vous voulez rejoindre un wagon, il faut traverser tous ceux se situant avant ! Cette progression peut même s’apparenter à un jeu vidéo en vue de côté avec les différents wagons à traverser. Redoublant sans cesse d’inventivité et de créativité, les protagonistes doivent parfois traverser des wagons entiers infestés de zombies ! Ce sentiment de danger constant, cette fluidité dans la mise en scène et le montage renforcés par la photo claustrophobe rendent Dernier Train pour Busan absolument prenant et jouissif. L’attachement qui se crée pour les personnages est tel que l’on craint sans cesse qu’un zombie leurs tombe dessus sans prévenir et mette fin à la partie… Les nombreuses courses-poursuites et autres sauvetages au dernier moment n’en sont que plus glaçants et trépidants.
Mais n’être qu’un défouloir jouissif ne ferait pas de Dernier Train Pour Busan un aussi bon film ! Il arrive même à placer un propos sur la société et nos valeurs égoïstes et charitables. Les personnages du train, vulnérables et sans défense, sont tous livrés à leurs instincts les plus primaires. Le risque de garder à ses côtés quelqu’un ayant pu être infecté n’est pas permis ; pourtant, ne pas croire en l’autre et éviter de se serrer les coudes n’amènerait que plus vite à la contamination. C’est là même le thème du film, la confiance en autrui. C’est notre capacité à croire en quelqu’un, même si celui-ci nous est étranger, qui est mise en jeu !
Saignant et à point
De sa capacité à installer cette tension permanente et jouissive dans un lieu serré où la menace est omniprésente, rapide et sans pitié tout en redoublant sans cesse d’inventivité et de savoir-faire, Dernier Train pour Busan est sans le moindre doute l’un des meilleurs films de l’année ! Il est dommage que ses origines et sa communication silencieuse fassent qu’il n’a sûrement pas rencontré un grand succès au box-office. On peut compter sur le bouche-à-oreille pour que celui-ci trouve son public. Fans de films de zombies, une nouvelle référence du genre est apparue !
Réalisé par Yeon Sang-ho et produit par RedPeter Films. Dernier Train pour Busan réunit à l’écran Gong Yoo, Jeong Yu-mi et Ma Dong-seok. Le film est en salles.
Images : RedPeter Films