Désenchantées est un petit miracle sériel comme on aime les voir. Et au milieu d’une histoire qui regorge de talents, on découvre la pépite Capucine Malarre.
La disparition de Sarah Leroy, quinze ans, a bouleversé la petite bourgade de Bouville-sur-Mer et ému la France entière. Un coupable fut vite arrêté. Pourtant, dans chaque foyer, chaque bistrot, on continuait à élaborer des hypothèses. Ce qui est vraiment arrivé, personne ne l’a jamais su. Vingt ans plus tard, Fanny, journaliste, revient sur les lieux de ce drame qui a marqué sa jeunesse. Et c’est tout un passé qui resurgit … Car l’histoire de Sarah Leroy, c’est aussi un peu la sienne, de sa sœur Angélique et celle d’une bande de filles « les Désenchantées » qui ne connaissait que trop bien Sarah. Une histoire qui a l’odeur du chlore de la piscine municipale, des serments d’amitié et, surtout, des plus lourds secrets.
L’union fait le talent
Il n’est pas question de refaire ici la critique de la série Désenchantées que l’on a déjà proposé ici. Mais de rappeler que si cette série arrive à un tel niveau, c’est parce qu’elle est le fruit de l’agrégation de plusieurs facteurs qui font les grandes séries et qu’il convient de rappeler :
- En premier lieu, un livre bouleversant et une histoire marquante, commune à d’autres par bien des aspects et en même temps si atypique
- Une productrice, Carole Della Valle qui s’est emparée d’un sujet et d’une histoire avec la conviction d’en faire un programme singulier qui parlera à toutes et tous
- Des autrices qui ont su parfaitement saisir la force de ce que Marie Vareille raconte dans son livre pour l’adapter et le transposer dans une histoire sérielle, des autrices Claire Kanny, Chloé Glachant et Solenn Le Priol qui ont prouvé par le passé leur maitrise du support série.
- Des compositeurs, Audrey Ismaël et Olivier Coursier, qui nous touchent par une musique d’une simplicité si maîtrisée qu’elle en devient bouleversante
- Un réalisateur magicien comme on le dit souvent ici capable de raconter aussi bien un classique de la littérature, un conte maritime, une série de genre ou une amitié à plusieurs époques sans jamais se défaire de quelque chose qui manque si souvent : l’envie de rêver, de faire rêver et de faire voyager émotionnellement.
- Une distribution toute entière dévouée à cette histoire et qui donne plus qu’elle n’a donné ailleurs, portée par des rôles à la puissance inédite malgré des visages que l’on a pourtant déjà et qui se révèle une nouvelle fois, à l’image de la toujours très juste Constance Labbé
- … et évidemment le reste de l’équipe qui a su travailler pour délivrer une si belle histoire
Capucine Malarre, une actrice qui se transcende rôle après rôle
Même si on l’avait vu dans plusieurs séries à l’image de La tribu, Marion, Sam ou encore Vise le cœur, Capucine Malarre est une jeune actrice qui se révèle au public à la faveur de sa participation à la série Anaon. C’est une révélation pour le réalisateur que de travailler avec cette jeune actrice qui de son côté a trouvé en lui un mentor qui parvient grâce au travail à faire sortir le meilleur d’elle.
Mais comme à l’heure actuelle, Anaon n’est passée que sur Prime Vidéo et que Désenchantées va arriver, le public n’a sans doute pas encore mesuré tout le talent qui se cache derrière une jeune actrice qui pourrait ressembler à d’autres jeunes femmes de son âge. Mais quand elle entend « Moteur », c’est tout son être qui se transcende et elle délivre des prestations qui ne peuvent laisser indifférentes. Voilà plusieurs mois que la rédaction de VL suit de très près cette jeune comédienne et il nous a rarement été donné d’assister à l’émergence d’un talent que l’on sait grand. Et ce malgré l’expérience qui elle continue de se construire.
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Capucine Malarre est un concentré de talent et d’émotion pure qui donne de l’intensité et de la puissance au moindre rôle. Dans Désenchantées, comme on l’a souligné, elle est à la fois au début de la série une jeune femme avec les habitudes et les manières des jeunes de son âge, qui dans la suite du récit se mue en autre chose de plus fort, de plus sombre, quand se créé le groupe des Désenchantées (dont vous découvrirez pleinement le sens dans la série). Mais peu importe qu’elle joue une ado dansant en boîte de nuit dans des scènes qui nous rappellent certains moments de Lynch dans Twin Peaks, ou sa version sombre pétrie de vengeance et de justice, Capucine Malarre parvient à incarner et à être chacune de ses émotions. Sans manière, ni fioriture, sans pousser personne pour se faire sa place, juste par la magie d’un regard ou d’une intention.
Si on voulait filer l’image, on dirait que l’évolution de son personnage dans la série collerait presque à l’évolution de Capucine Malarre dans la vie : passer de l’adolescente innocente mais avec des envies, des rêves d’un métier, à la jeune femme complète et complexe qui va au bout de ce qu’elle veut.
Sans doute devra-t-elle se frotter à l’avenir à d’autres univers, d’autres réalisateurs ou réalisatrices pour continuer son apprentissage et parfaire encore ce jeu. Mais elle a ce qu’on ne retrouve que très rarement chez de jeunes actrices de son âge : une envie démesurée de croquer ce métier et une manière de s’y donner qui la rend forcément non pas unique, mais unique en son genre. Une actrice singulière qui si l’on n’y prend pas garde, saura trouver sa place ailleurs, sur d’autres territoires comme les Etats-Unis, tant elle semble coller à ce modèle de talent précoce et profond.