L’humoriste Dieudonné, condamné pour apologie du terrorisme, a écrit une lettre au terroriste Salah Abdeslam, pendant qu’il se trouvait à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), le 30 septembre. Il demande à rencontrer le terroriste de 28 ans afin d’écrire un livre.
Sur un ton courtois, révèle Le Parisien, Dieudonné confie au détenu qu’il écrit un livre intitulé « Comment arrêter les attentats en France » en compagnie de deux psychothérapeutes : Florian Dupont et Jean-Marc Nguyen Duc.
Inversion des rôles
Le proche d’Alain Soral dit au terroriste qu’il ne cherche pas à lui « parler des actes qui [lui] sont reprochés » mais cherche à comprendre son « état d’esprit et les raisons qui [l’ont] poussé à agir ». Dieudonné va même jusqu’à inverser les rôles en déclarant qu’il espère « comprendre la profonde révolte qui [l’]habite et à laquelle la société reste sourde. »
À la même place
Dieudonné cherche à acquérir sa confiance en se mettant lui aussi sur le banc des accusés. Il rappelle au dernier survivant des attentats du 13 novembre, qu’il a lui même été condamné pour apologie d’acte terroriste. Il avait déclaré au soir des attentats du 7 janvier 2015 : « Je me sens Charlie Coulibaly ». En retour, la justice l’avait condamné en juin 2016, à une peine de deux mois d’emprisonnement avec sursis et 10.000 euros d’amende.
Réactions des avocats
L’avocat de plusieurs victimes des attentats du 13 novembre, Me Gérard Chemla, estime que cette lettre « pose un problème » car il y a dedans « une inversion des valeurs ». Il a d’ailleurs écrit une lettre au juge d’instruction pour le questionner sur les suites qu’il veut donner à la lettre.
Me Jacques Verdier, avocat de Dieudonné, a réfuté le fait qu’il s’agisse « d’une provocation ni d’une sympathie pour le terrorisme ». Il a par ailleurs indiqué que son client n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il avait également tenté d’entrevoir Carlos, le terroriste Vénézuélien condamné l’an dernier pour l’attentat du Drugstore Publicis.
Quoi qu’il en soit, l’avocat de Dieudonné précise que le juge d’instruction a refusé que les deux hommes se rencontrent.