C’est un chiffre édifiant : près d’un directeur d’école sur deux (49 %) aurait subi une agression verbale, voire physique par des parents d’élève, selon un sondage publié ce Mardi dans les colonnes du Parisien.
L’étude menée par Georges Fotinos, ancien inspecteur général de l’Education nationale et chercheur associé à l’Observatoire international de la violence à l’école, porte sur 4000 directeurs d’élémentaire et de maternelle interrogés.
Le harcèlement avec 38,6 % est le principal type d’agression, devant les menaces (26,7 %), les insultes (23,1 %) et les coups (0,7 %). Des gestes que les parents justifient à 53 %, en raison d’un désaccord sur les punitions et sanctions affligées à leurs enfants. 33.1 % des agressions s’expliquent par des résultats et des difficultés scolaires de leurs enfants.
Fracture entre la famille et l’école
Interrogé par Le Parisien, Georges Fotinos s’inquiète de ses chiffres et notamment du taux d’agression en raison de punitions et de sanctions. Il observe que « 30 à 40 % des parents se comportent en « consommateurs » revendicateurs ». Les parents d’élèves estiment qu’ils ont droit « à un service et s’il n’est pas rendu, il manifeste sa réprobation ». « Cela signifie que certains parents ne reconnaissent plus l’autorité de l’école sur leurs enfants », conclue t-il.
Selon Georges Fotinos, le divorce entre le corps familial et le corps enseignant serait consommé. « Des familles ont considéré que les valeurs enseignées à l’école primaire ne correspondaient pas à ce qu’elles souhaitaient ». Les familles, tout comme les enseignants, sont responsables de ce divorce. Face au comportement de « consommateur », les enseignants « se réfugient dans leurs bastions ». Avec la montée des poussées agressives, les enseignants prennent leurs distances. Georges Fotinos note qu’en 2005, 40 % des directeurs déclaraient organiser plus de cinq réunions par an, avec les parents. Aujourd’hui, ils sont seulement 17 %.
Preuve d’un climat de tension, les enseignants sont de plus en plus nombreux à se protéger contre les agressions ; la moitié des professeurs avaient pris une assurance spéciale pour bénéficier d’un soutien financier et moral en cas d’agression en 2012.