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Dub Inc : « Je ne pense pas que nous ayons été exemplaires »

Dub Inc

Le Zénith de Paris accueillait samedi dernier Dub Inc, groupe phare du reggae français depuis plus de 20 ans, pour la dernière date de leur tournée. Quelques heures avant le concert, VL a pu rejoindre le chanteur Aurélien, dit Komlan et Zigo, le batteur pour une interview dans les loges. Les Stéphanois nous ont présenté leur 8ème album « Futur »,  sorti en septembre dernier.

Dans le titre « People of the World », vous parlez d’éducation, étiez-vous des élèves modèles?

Aurélien : Je ne pense pas que nous ayons été exemplaires, mais nous sommes allés jusqu’au bac.

Zigo : Dans mon éducation, mes parents m’ont beaucoup soutenu dans la musique. Ils ont trouvé la clef pour que j’aie une porte de sortie. L’école de me correspondait pas, j’étais pas bon.

Vous vous souvenez de votre rencontre?

Aurélien : Nous étions ados, nous avions une quinzaine d’années et c’était lors d’une soirée alcoolisée à la campagne. Notre rencontre fut épique. Cela a matché de suite. Nous avions déjà un ami en commun, Jérémie le guitariste. Nous avons fait les 400 coups à l’époque, et je me suis vite retrouvé dans sa petite bicoque à faire la fête. La musique est venue petit à petit jusqu’à devenir notre point d’attache.

La musique, c’est le fruit de beaucoup de travail. Avez-vous dû faire un choix ou un sacrifice pour elle?

Aurélien : C’est une passion avant tout. Cela ne nous est pas imposé. Mais étant indépendant, la musique nous prend beaucoup de temps, et pas que sur la route. Nous discutons de nos projets, nous répétons, enregistrons, et nous passons beaucoup de temps ensemble. Pendant un certain temps, nous avons peut-être sacrifié un peu notre vie de famille, mais maintenant, nous essayons de concorder nos vies personnelles avec la vie du groupe.

Zigo : Pour mon 2ème enfant, nous sommes partis en tournée 6 jours après sa naissance, donc cela commence à être un sacrifice. Mais, c’est aussi notre métier.

Votre inspiration vient principalement de vos voyages, alors comment s’est passé l’écriture de « Futur », puisque la tournée s’est arrêtée pendant presque 2 ans?

Aurélien : Pour notre 8ème album, il fallait se renouveler. Etant enfermés dans notre vie pendant ces 2 années de crise, il a fallu chercher l’inspiration en nous-mêmes. C’était difficile au début, mais petit à petit, nous avons trouvé quelque chose. Nous nous sommes rendus compte que c’était un exercice que nous n’avions jamais fait : Chercher des thèmes plus introspectifs, de puiser en nous. Cela fut une expérience non seulement intéressante, mais cela a donné un disque étonnant, autant au niveau des thématiques que les sons que nous avons utilisés. Même si l’exercice était difficile au départ, nous avons aimé le faire.

Vous êtes toujours engagés dans vos textes et actions pour l’écologie, les migrants, la protection des animaux, etc. Est-ce que vous choisissez d’aborder certains thèmes avant l’écriture du disque ou c’est en composant qu’ils arrivent naturellement?

Aurélien : Les deux. Quelques fois dès le départ, nous nous disons que que cela serait bien que nous abordions telle question dans l’album. Parfois, les thèmes émergent lorsque nous écrivons. De toute façon les questions engagées font partie de l’ADN du groupe. Nous nous sommes toujours dit que si nous avions la chance d’avoir un micro, alors nous nous en servirions pour des causes nobles et importantes.

Dans cet album « Futur », il y a un thème qui vous touche particulièrement ?

Aurélien : Lorsque nous cherchions le nom de l’album, nous nous sommes rendus compte, en relisant tous les textes, que la notion de temps revenait souvent. Que nous réserve demain? Que peut-on créer de nouveau? Quel sera l’avenir pour nos enfants? La thématique du temps est très présente sur cet album et c’est pour cela qu’il s’appelle futur.

Est-ce que le temps vous fait peur? Peur de vieillir ?

Zigo: Non, j’ai pas l’impression. Sur la pochette de l’album, nous sommes de petits squelettes. Quand nous ne serons plus là, notre musique sera toujours présente, et restera positive. Personnellement, je ne suis pas effrayé par le temps. Cela fait 25 ans que nous sommes sur la route et j’ai l’impression que c’était hier. Nous sommes toujours en forme, nous nous entendons toujours bien, nous nous amusons sur la route et en studio. Le confinement a été très dur pour nous parce que nous avons l’habitude d’être tout le temps ensemble et finalement, quand nous sommes repartis sur la route, il y avait le même état d’esprit, les mêmes envies, etc.

Dans le titre « Docteur Dancehall », vous vous définissez en tant que riddimolgues et lyricsologues, est-ce que la musique est un remède pour vous-même?

Aurélien : Oui, certainement et je pense comme pour la plupart des gens. La musique est très importante pour nous parce que c’est notre métier, mais il est important de s’intéresser à la culture. Et pour le jeu de mots, c’est une référence à cette période, où tout le monde devenait des épidémiologistes, des cardiologues. C’était pour rigoler un peu là-dessus, parce que nous avons appris énormément de termes pendant cette période-là, des tests PCR, etc. Nous voulions jouer avec ce champs lexical, et faire ce morceau avec le sourire.

Dans le documentaire « Jamais seul » réalisé par Alexis Rieger,  Hakim disait que la solitude était difficile pour lui. Parlait-il de la création musicale? Pour vous individuellement, comment abordez-vous la solitude?

Aurélien : Dans le documentaire, il parlait de la collectivité du groupe. Nous sommes comme une famille, cela fait plus de 20 ans que nous sommes ensemble, et le noyau du groupe est toujours le même. Nous ne serons jamais seuls pour travailler, pour faire de la musique. Après, il va sûrement plus loin dans le texte mais je ne veux pas parler pour lui. Personnellement, je ne suis pas très fan de la solitude, à part pour me reposer quelques fois.

Zigo : Je pense que c’est la clef du groupe. Nous aimons être entourés, partager des choses. Je pense que dans le documentaire, Hakim parlait de la relation avec le public. On n’est pas un groupe qui est né en studio mais sur scène, on a toujours été porté par le public. On n’a jamais eu d’appuis médiatiques. Le média le plus fort, est notre public. A notre époque, il y a avait des cassettes et les gens se les passaient, maintenant, on partage tout sur les réseaux.

Vous avez enregistré à St-Etienne les featurings?

Zigo : Nous avons tout fait dans notre studio, à part celui avec Alborosie. Il ne pouvait pas venir en France depuis la Jamaïque. Pour celui avec Balik, nous sommes descendus à Bordeaux chez Baco. Nous préférons le face à face. Avec la pandémie, nous avions le temps. Normalement, tout le monde est sur la route, alors pour faire un featuring, cela devient difficile. Cela faisait des plombes que nous voulions collaborer avec Taïro et Balik, mais nous étions toujours sur la route.

Vous avez fait un autre featuring récemment « Beau continent », il se trouve sur l’album de Tiken Jah Fakoly. Vous avez déjà collaboré ensemble.

Aurélien : Le 1er featuring que nous avons fait ensemble, « Life »  se trouve sur notre 1er disque, il y a presque 20 ans. Il était venu à St-Etienne, Tiken commençait à vraiment émerger en France. Vingt ans plus tard, nous nous retrouvons sur son album « Braquage de pouvoir », l’histoire est belle et nous sommes très fiers.

Vous avez fait une belle tournée aux Etats-Unis et en Europe cet été, vous voyez la scène différemment après cette coupure de 2 ans?

Aurélien : Nous l’avons retrouvée avec plaisir, de la même manière que le public. Nous étions très impressionnés de voir la ferveur du public à tous les concerts. Nous pouvions enfin relâcher sur scène, tout ce que nous gardions en nous. Et maintenant, nous l’apprécions et profitons encore plus.

Vous aviez envie de faire des salles plus petites?

Zigo : Oui, maintenant nous sommes obligés de faire des grosses salles parce qu’il y a du monde qui veut venir, et nous ne pouvons pas laisser les gens dehors. Passer dans des petites salles comme La Laiterie à Strasbourg, t’es dans un truc, tu transpires, tu vois les gens. Je suis à la batterie, et au Zénith, je vois que le 1er rang. Dans les petites salles, c’est le kiffe absolu. La plupart des artistes disent la même chose. Ils aiment ce truc direct.

Ce soir, c’est votre dernière scène de 2022, cela se passe au Zénith de Paris. Puis, vous reprendrez votre tournée en mars 2023, comment vous vous sentez avant cette dernière date?

Zigo : Pour moi, c’est toujours bizarre une dernière date. Je suis toujours un peu nostalgique. Un Zénith, c’est cool mais j’appréhende la dernière note. Nous habitons tous à St-Etienne, donc nous nous verrons, mais il y a aussi l’équipe qui est autour, l’ambiance sur la route, etc. C’est toujours difficile de lâcher. Demain, cela ira mieux puisque nous serons avec nos familles et nous savons que nous repartons sur la route en mars.

Ce soir, la larme n’est pas impossible? 

Aurélien: Zigo, il pleure beaucoup sur scène. Nous lui amenons toujours une boîte de Kleenex (rire).

Zigo : Non, je sais pas, cela ne serait pas grave si je pleurais.

Un conseil de scène pour les jeunes artistes?

Aurélien : Il faut tout donner à chaque fois. Chaque scène est importante. Que nous jouons devant 200 personnes comme aux Etats-Unis ou 7000 chez nous, nous accordons la même importance, comme si c’était la dernière. J’ai envie de dire, lâchez-vous, donnez tout ce que vous avez au maximum. Cela n’est pas vraiment un conseil mais un encouragement.

Zigo : Mon conseil serait de ne pas trop écouter les avis extérieurs. Nous sommes un groupe, nous discutons beaucoup entre nous et nous savons où nous allons, ce que nous voulons faire. Quand tu as une conviction et que tu as envie de faire un truc artistique, tu le fais et tu ne poses pas de questions, c’est important.

Qu’est-ce que vous allez faire jusqu’en mars?

Aurélien : Nous allons d’abord nous reposer, et reprendre notre vie de famille. Puis, nous nous retrouverons, parlerons des nouveaux projets et de la prochaine tournée.

Un dernier mots pour vos fans?

Zigo : Déjà merci. C’est vrai que pendant la pandémie, nous avions arrêté de communiquer sur les réseaux, nous avions fermé notre Instagram. Nous ne nous attendions pas à voir autant de monde à nos concerts. Nous sommes vraiment portés par le public depuis 25 ans, nous en sommes très reconnaissants. Nous ne serions pas là sans le public.

Aurélien : Merci à Tous!

Dates de tournée 2023

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Animatrice de L'After School et comédienne.
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