Un groupe d’experts indépendants mandatés par l’ONU a publié ce lundi un rapport dénonçant le retard et les défaillances de l’OMS dans le traitement de l’épidémie d’Ebola.
Le groupe qui a publié le rapport, « ne comprend toujours pas pourquoi des avertissements précoces lancés de mai à juin 2014 n’ont pas abouti à une réponse adéquate et sérieuse« . L’Organisation Mondiale de la Santé a en effet déclaré l’état d’urgence sanitaire le 8 août seulement, soit deux mois après les premiers cas détectés en Afrique. Le document n’est pour l’instant qu’une version préliminaire de celui qui devrait être publié mi-juin.
Au total, l’épidémie, qui a officiellement pris fin au Liberia samedi, a touché 26 000 personnes, essentiellement dans trois pays d’Afrique de l’ Ouest (en Guinée, Sierra Leone et au Liberia), et près de 11 000 en sont décédées.Face à la quasi inertie de l’OMS face à la propagation du virus, certains États membres de l’organisation ont demandé à un groupe d’experts en mars dernier d’examiner les raisons des dysfonctionnements.
Une « faiblesse structurelle »
Ce n’est en fait qu’au mois de septembre que le combat de l’ONU a pris de l’ampleur quand une autre structure spéciale a été créée pour la lutte contre l’Ebola, la Mission des Nations Unies pour la lutte contre Ebola (UNMEER). Toujours insuffisant, selon le rapport.
« Il y a un consensus fort pour dire que l’OMS n’a pas une capacité et une culture suffisamment fortes pour mener des opérations d’urgence« , dénonce le rapport. « Il y a eu de graves lacunes dans les contacts avec les communautés locales au cours des premiers mois de l’épidémie”, ajoute-t-il. D’après le groupe, l’OMS a souffert d’une faiblesse structurelle pour répondre aux situations d’urgence.
Le groupe demande à l’organisation de remédier rapidement à cette situation, notamment en renforçant la capacité opérationnelle de l’OMS. Les États membres sont invités à instaurer un fonds d’urgence ainsi qu’une force internationale d’intervention sanitaire qui pourrait être mobilisée immédiatement.
Une population non-préparée
Au-delà de la simple responsabilité de l’OMS, le groupe d’experts a condamné l’incapacité des système de santé à répondre à l’épidémie dans les pays touchés. De même, la méfiance des populations vis-à-vis des soins prodigués, et les frontières très poreuses laissant circuler librement des personnes touchées par Ebola a très certainement contribué à la progression de l’épidémie, selon le rapport.
Ce rapport préliminaire sera soumis à discussion la semaine prochaine lors de l’Assemblée mondiale de la santé à Genève, du 18 au 26 mai. Le groupe a été créé le 9 mars, et a pour mission d’évaluer « tous les aspects de l’action de l’OMS » face à l’épidémie Ebola. Il est présidé par la Britannique Barbara Stocking, ancienne présidente d’Oxfam GB (2001-13).
Ce document fait par ailleurs écho à un premier avertissement lancé par Médecins Sans Frontières il y a deux mois. Ils dénonçaient alors l’inactivité de l’OMS face à l’épidémie.