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[Edito] Corrida : Le matador est mort ce soir

Un matador espagnol réputé, le basque Ivan Fandino est décédé ce samedi soir à l’Hôpital de Mont-de-Marsan où il avait été transporté en urgence après avoir été sérieusement blessé lors d’une corrida à Aire-sur-l’Adour dans les Landes. Un accident qui remet sur le devant de la scène médiatique l’avenir de la corrida, un spectacle de la mort pour les uns, une tradition barbare et cruelle pour les autres.

Un débat historique entre défenseurs de la tauromachie et les protecteurs des animaux

Depuis son existence qui remonte au XVIIIème siècle, la corrida n’a jamais fait l’unanimité et cristallise plus qu’un combat entre un taureau et un matador. Une véritable guerre de civilisation se joue depuis des décennies entre les afficionados de tauromachie et les associations de défense des animaux, les premiers reprochant au second de vouloir porter atteinte à une tradition ancrée dans les territoires de culture basque, les seconds ripostant sur l’archaïsme de ce spectacle de la mort où le public vient assister à la mise à mort d’un animal sauvage scénarisée et décomplexée.

Epilogue du spectacle, le taureau n'arrivant plus à se relever, le coup de grâce lui est donné par un coup de couteau dans la tête.

Epilogue du spectacle, le taureau n’arrivant plus à se relever, le coup de grâce lui est donné par un coup de couteau dans la tête.

 

En France, la loi réprime la cruauté envers les animaux mais autorise les corridas « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée », principalement dans le Sud de la France. Une situation juridique peu cohérente, notamment au regard de l’évolution récente du statut des animaux en droit Français, l’article 515-14 du code civil disposant que « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens » là où depuis 1804, ils étaient simplement assimilés à des meubles. Toutefois cette loi du 16 février 2015 n’est pas revenue sur le statut de la corrida, malgré des amendements déposés par des députés écologistes, la rapporteuse PS Colette Capdevielle, députée des Pyrénées-Atlantiques (terre de tauromachie notoire) ayant adressée une fin de non recevoir « hors sujet » selon elle.

En marche vers la fin des corridas?

En 2015, selon un sondage de l’Ifop pour l’Alliance anti-corridas, 73% des français seraient contre la corrida avec mise à mort des taureaux, une tendance en hausse constante avec le renouvellement des générations. Ce spectacle de la mort, entre un matador et un taureau se déroule le plus souvent pour le plaisir d’habitués, le Huffpost révélait en 2013 dans un article sur le sujet que seul 0,7% des Français ont pu assister à une corrida. Un combat qui n’est pas à armes égales, ainsi Capital révélait une ficelle peu connue pour affaiblir les taureaux avant le combat dans l’arène. Privés d’eau, après un long transport, l’afeitado, une technique visant à limer les cornes avant le combat, ce qui perturbe le taureau, qui privés de ses repères, va devoir affronter un matador aidés d’une équipe d’assistants, dont le but est de faire durer la mise à mort pour le plaisir du public, le matador étant récompensé non par des médailles, mais par des oreilles du malheureux taureau vaincu.

La vidéo ci-dessous peut contenir des images issues de corridas pouvant heurter la sensibilité des lecteurs

 

Un clip ayant un reflet particulier puisqu’on a appris la mort d’un matador ce samedi 17 juin, un matador qui va s’ajouter à la liste des matadors morts dans l’arène  rappelant sans doute les dangers de jouer avec la mort malgré la banalisation que peut offrir les costumes et autres effets de capes des matadors pour faire perdurer ce spectacle encore de nos jours.

En ces heures d’élections législatives et de renouveau politique, cela sera sans doute au nouveau courant majoritaire qui s’installera à l’assemblée de marcher vers une conception progressiste du respect animal en n’acceptant plus de fermer les yeux sur des spectacles de mise à mort tout en conservant pour les régions attachées à leurs traditions taurines, le plaisir de faire une fête taurine sans violence ni haine, comme les courses camarguaises afin de ne pas mettre en danger un élevage taurin réputé dans le monde. Un compromis qui pourrait être une première avancée dans ce serpent de mer sociétal.

©AFP , 30millions d’amis et Clarensac.fr

 

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