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EDITO : du « Wenger out » au « There’s only one Arsène », Arsenal va regretter son maître

« J’ai l’impression d’assister vivant à mes propres funérailles ». Les mots sont forts mais bien révélateurs de la situation que vit Arsène Wenger depuis vendredi, et l’annonce de son départ d’Arsenal à la fin de la saison.

Conspué, critiqué, presque ridiculisé depuis des mois par les tabloïds anglais et les supporters des Gunners, l’entraîneur français a résisté, résisté… mais fini par abdiquer. La vague « Wenger Out » aura eu raison du coach français, qui laisse derrière lui une immense carrière, un club, une institution, un palmarès, un stade, et tout un peuple déjà orphelin de son patriarche, de son Boss.

« There’s only one Arsène Wenger » , « Il n’y a qu’un seul Arsène Wenger », pouvait-on entendre dans les travées de l’Emirates Stadium samedi après-midi, après la victoire d’Arsenal face à West Ham (4-1). Tout un paradoxe quand on sait que ce sont ces mêmes supporters qui ont eu raison de leur coach, et qui l’ont poussé vers la sortie, 12 mois seulement avant la fin de son dernier contrat. Un contrat rempli d’espoir et qui aurait pu permettre au coach français de vivre une ultime aventure en Premier League, et pourquoi pas, de rêver un peu plus en disputant une vingtième épopée européenne en Ligue des Champions.

Car l’objectif était bien là. Envoyé au PSG, à Dortmund, et même en MLS, depuis plus de 3 saisons, Wenger avait décidé de poursuivre l’aventure deux années supplémentaires il y a un an, et ce malgré la saison plus que décevante de son équipe, marquée par la première absence du club en Ligue des Champions depuis dix neuf ans, un record en Europe.

Malheureusement, l’Alsacien n’ira pas jusque là. Il quitte un navire à la dérive, qui semblait avoir quasiment coulé il y a 6 mois, mais qui pourrait bien refaire surface si un titre européen venait donner une dimension supplémentaire à la carrière exceptionnelle d’Arsène Wenger outre-Manche. Les londoniens savent donc ce qu’il leur reste à faire : Lacazette, Ozil, Aubameyang et consorts ont trois matchs pour offrir à leur entraineur la sortie qu’il espère, les adieux qu’il mérite.

Un divorce qui fait tâche

Jamais n’aurions nous pu imaginer que l’histoire entre Wenger et Arsenal se terminerait de la sorte. Usé mais pas affaibli, le manager Alsacien n’a visiblement pas avalé la dure réalité de son départ quasi forcé. A raison. Wenger s’en va meurtri, coupable et déçu de ce qu’est devenue l’image d’Arsenal au cours des derniers mois.

«Je n’étais pas fatigué. Mais les supporters n’ont pas affiché l’image d’unité que je voulais. C’était blessant » a reconnu Wenger en conférence de presse samedi soir. De quoi creuser un peu plus dans le gouffre qui s’est installé entre l’entraîneur français et les supporters des gunners, n’en déplaise aux quelques courageux l’ayant toujours soutenu.

Il ne pouvait en être autrement, et ces aurevoirs paraissent bien mornes quand on constate avec effarement que l’antre des rouges et blancs sonne creuse chaque week-end… bien loin des ambiances de joutes européennes auxquelles le club était habitué.

Mais ne nous méprenons pas, Wenger aura une belle sortie. De Guardiola, à Mourinho, en passant par Sir Alex Fergusson et les centaines de joueurs que l’Alsacien a côtoyé au cours de sa carrière… les hommages ne cessent de pleuvoir, et cette belle tournée d’adieux devrait durer plus d’un mois.

Un paradoxe subsiste néanmoins : Arsène Wenger méritait un autre départ et son « règlement de compte » avec les supporters londoniens n’aurait jamais dû exister. Il faut toutefois le reconnaître : l’exaspération grandissante,  l’absence de titres durant 14 ans et cette fâcheuse habitude de s’arrêter au stade des huitièmes de finale en coupe d’Europe n’auront pas aidé le plus emblématique des entraîneurs français à pérenniser un peu plus son histoire d’amour avec l’Angleterre.

De « Wenger Who ? » à « Wenger out ! »

Car il ne faut pas oublier ce que représente Arsène Wenger pour Arsenal. Arrivé à Londres en 1996, il a révolutionné le championnat anglais malgré le scepticisme ambiant.  « Arsène, who ? », avait même titré l’Evening Standard à propos de cet entraîneur français qui arrivait du Japon. En quelques années, il a apporté la rigueur, le professionnalisme nécessaire à la réussite d’Arsenal. Il a offert un nouveau stade à ses supporters, et a inculqué un véritable style de jeu aux gunners, porté vers l’avant et basé sur la conservation du ballon, faisant du « Boring Arsenal » une équipe aussi séduisante que redoutable.

Les chiffres parlent d’eux mêmes  : 22 ans de carrière, 17 titres dont 3 championnats et 7 FA Cup,  828 matchs de Premier League, une saison sans perdre le moindre match – celle des invisibles – une finale de C1, et vingt Top 4 sur 22 saisons de Premier League disputées. Arsène Wenger a forgé l’histoire d’Arsenal de mains de maître, il a entraîné les plus grands joueurs de la planète : de Thierry Henry, à Robin Van Persie en passant par Cesc Fabregas, Denis Bergkamp  ou Tony Adams. Tous sont unanimes : Le monde du foot ne peut que s’incliner devant une telle carrière. Pour cela, deux mots suffisent : Merci Arsène !

Emilien DIAZ

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