Le 30 juin 2015, le site de l’Elysée a mis en ligne le premier épisode d’une websérie intitulée : « Elysée in&off : le protocole ». Ce mini-documentaire de 17 minutes présente le service du protocole de l’Elysée, c’est-à-dire tout le personnel responsable de l’organisation des voyages et rencontres diplomatiques du Président de la République. D’autres épisodes de Elysée in&off sont à venir dans les prochaines semaines, présentant on l’imagine d’autres services de l’Elysée, des ministères…
A la manière des films Quai d’Orsay (2013) de Bertrand Tavernier ou encore L’exercice de l’Etat (2011) de Pierre Schoeller, la caméra suit une petite équipe au cours de ses péripéties dans l’organisation d’un voyage du Président aux Philippines. Le résultat est propre, bien rythmé, et humanise l’historique icône du pouvoir français qu’est l’Elysée, au travers de ses nombreux acteurs.
Une communication sur mesure
Sous ses airs de volonté de transparence de l’Etat vis-à-vis des Français, il s’agit bien sûr d’une opération de communication destinée à (re)construire l’image du président, plus bas que jamais dans les sondages d’opinion. Le documentaire joue dans le même registre que François Hollande durant sa campagne, c’est-à-dire de donner l’image d’un président « normal ». Le visage soucieux, le chef de l’Etat demande par exemple lors d’une réunion pourquoi deux jets sont nécessaires et pas un seul pour se rendre aux Philippines.
De plus, le documentaire ne montre évidemment que les images adéquates, qui vont dans le sens du message que cherche à faire passer le gouvernement, occultant ainsi des passages sûrement plus difficiles à rendre publics. A un an et demi des présidentielles, chaque action compte, et la gauche sait qu’elle n’a pas le droit à l’erreur.
Jusqu’où peut-on pousser le concept ?
Avec cette websérie, les caméras s’immiscent plus loin que jamais dans les sphères dirigeantes. Ne vaut-il pas mieux y préserver un certain mystère ? La fonction de chef de l’Etat connait déjà, depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, une démystification enclenchée notamment par les médias satiriques (voir aussi : Les Guignols, c’est fini), l’explosion des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook, mais aussi les sondages d’opinion qui tendent à soumettre les dirigeants à une évaluation quotidienne de leur travail. Ces sondages les incitent ainsi à obtenir de bons résultats sur un court terme, en vue d’une élection prochaine par exemple, sans se préoccuper des effets au long cours.
François Hollande n’a fait qu’intensifier ce processus, en persistant dans la veine du président « normal ». Mais Président de la République est tout sauf une fonction normale..