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Entretien avec Benoît Dratwicki directeur artistique du CMBV

Dans le cadre du Festival de Musique Ancienne d’Innsbruck, la Rédaction a rencontré Benoît Dratwicki, directeur artistique du Centre de Musique Baroque de Versailles. A Innsbruck, il faisait partie du jury du Concours International de Chant pour l’Opéra Baroque. Pour nous, il est revenu sur son parcours professionnel, sa rencontre avec l’univers baroque et le CMBV.

Benoît Dratwicki, vous avez suivi une formation musicale, d’ailleurs vous avez fondé l’ensemble « Astrée » avec lequel vous vous êtes produit entre 1996 et 2008. Comment avez vous été amené à vous orienter vers la musicologie plutôt que vers une carrière de musicien?

J’ai commencé mes études musicales en violoncelle entre autres au Conservatoire de Metz jusqu’à l’obtention de mon diplôme. Puis j’ai été compléter ma formation à Paris où j’ai fait un DEA en Musicologie à la Sorbonne  tout en poursuivant mes études en Esthétique et Culture musicale au CRR et CNSMDP.  J’ai connu la sensation de jouer en orchestre et en musique de chambre. J’ai adoré cette période, j’en garde des souvenirs extraordinaires. Mais un jour avant un examen de violoncelle, je me suis rendu compte que j’étais presque malade de stress à l’idée de jouer devant les examinateurs. Alors que le fait de parler pour mon examen d’histoire de la musique me paraissait tellement plus naturel et me mettait à l’aise… Je me suis dit qu’il fallait que j’aille là où je me sentais le mieux, le plus heureux.

Comment est apparue cette affinité particulière que vous avez eu avec le répertoire baroque?

Assez tard, vers 20 ans lorsque je faisais mes études de violoncelle au Conservatoire de Metz, on a eu à choisir des options dans le cursus. Du coup je me suis inscrit en classe de violoncelle baroque. Puis après mon DEA de Musicologie en Sorbonne j’ai fait ma thèse de Doctorat sur le compositeur français baroque François Colin de Blamont.

Vous êtes le directeur artistique du Centre de Musique Baroque de Versailles, le CMBV et vous c’est une longue histoire…

Oui c’est exact! J’ai  commencé à travailler au CMBV en 2001, j’avais 24 ans… En tant que délégué aux relations artistiques avant de devenir directeur artistique 5 ans plus tard. Ce qui est amusant c’est que je connaissais déjà bien le Centre avant d’y travailler… en tant qu’étudiant!

"Le joueur de luth" Le Caravage

« Le joueur de luth » Le Caravage

Pourriez vous nous parler de votre travail avec les éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles?

Nous avons travaillé sur une entreprise conséquente en 2013, puisque nous avons édité tous les airs d’opéras de Jean-Baptiste Lully en trois volumes! Il s’agit à présent de la seconde partie de l’année Rameau que nous célébrons au CMBV et nous préparons la sortie en décembre 2014,  de l’intégralité des airs d’opéras de Jean-Philippe Rameau en 9 volumes… C’est un travail énorme mais  très stimulant! Une équipe de six personnes s’y est attelée…

 En fait vous avez une grande curiosité professionnelle et ne vous cantonnez pas qu’à un seul domaine… Vous avez également eu une expérience en radio chez France Musique avec votre frère Alexandre… Quels souvenirs en gardez vous?

Tout à fait: « La Querelle des Bouffons« ! C’était une expérience très intéressante sur un an. Le principe était que Alexandre et moi entretenions un débat sur un point précis. On devait argumenter  nos idées avec des extraits musicaux, de préférence pas trop connus. Mais je me suis rendu compte assez vite, qu’avoir une émission de radio demandait beaucoup de travail et qu’il s’agissait d’un métier à part entière. Il faut s’y consacrer vraiment pour être bon.

Pourquoi avoir à coeur de se consacrer au répertoire baroque mais plus précisément: français?

Les Français en musique de manière générale,  ne s’approprient pas du tout leur patrimoine. Ils le font en peinture, cinéma et littérature, mais peu en musique. Alors qu’au contraire la musique italienne et allemande est très jouée  en France. Même au niveau des formations musicales, il n’est pas très courant que l’on fasse étudier de la musique française aux étudiants. Par exemple en piano mis à part des compositeurs comme Debussy ou Ravel, on va surtout faire étudier des compositeurs étrangers.

Il en est de même en chant, vous avez écouté les différents tours du Concours International de Chant Antonio Cesti… Le fait que des chanteurs étrangers aient du mal avec le répertoire français, on peut le comprendre c’est une diction difficile! Mais que des candidats français n’aient pas l’habitude de chanter du répertoire national, c’est dommage…De plus, regardez: en France, on compte actuellement environ une quinzaine d’ensembles, spécialisés en musique baroque. Dont Les Arts florissants ensemble français dirigé par William Christie (USA), Le concert d’Astrée  (Emmanuelle Haïm), Le Concert spirituel  (Hervé Niquet), Les Folies françoises (Patrick Cohën-Akenine)… On nous envie nos musiciens baroques dans le monde entier. Mais les ensembles les plus connus en France sont étrangers…

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Auriez-vous des conseils à donner quant à la formation des jeunes musiciens et plus particulièrement chanteurs professionnels ?

Il me parait important de créer plus d’académies dans le cadre des festivals comme celle d’Ambronay ou d’Aix-en-Provence. Aussi dans le contexte de concours de chant, du coaching vocal pour les candidats qui accèdent à la finale, pourrait faire toute la différence.

Quels sont vos projets pour 2014, outre l’édition de l’intégral des airs d’opéras de Rameau?

Toujours dans le contexte de l’année Rameau, il y aura une production  du « Temple de la gloire » le 14 octobre au Château de Versailles. Il s’agit d’un opéra assez peu connu du compositeur.

Retrouvez ici la programmation 2014-2015 du CMBV ainsi que les brochures de ses différentes activités.

Propos recueillis par Victoire Chevreul

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