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Eric Tanguy: Affettuoso « in memoriam Henri Dutilleux »

 

Le 8 Janvier 2014, à l’occasion d’une première mondiale, le compositeur Eric Tanguy a présenté à la salle Pleyel une œuvre commémorative, dédiée à son mentor et ami Henri Dutilleux. Cette dernière intitulée Affettuoso «  in memoriam Henri Dutilleux », s’inscrit dans le prolongement d’une recherche modale effectuée par l’auteur dans toute son œuvre. Du grand maître français de la musique, un adage du compositeur résume parfaitement son altruisme : « Dutilleux ne comptait pas son temps pour les compositeurs et interprètes. »

 

Ainsi, après la tristesse et le choc de sa disparition il reste en mémoire chez l’artiste, toute son affection. Car davantage qu’un exemple musical, ou une figure emblématique de l’art en France, Dutilleux était un ami proche d’Eric Tanguy. Et c’est cette musique corrosive propre au compositeur qu’aimait le défunt, et qui a été plus exploitée que jamais dans cette nouvelle œuvre. Il s’agit d’un grand honneur pour Dutilleux comme pour Tanguy, que la pièce soit commandée, interprétée par l’Orchestre de Paris avec à sa direction Paavo Järvi. Le morceau est assez court, une douzaine de minutes. L’impression donnée est assez hétérogène : entre la douceur exprimée par les vents, reprise par les cordes et la gravité des percussions qui semblent marquer la mort.

Il est créé un contraste surprenant, qui mêle une forme d’élévation appelant à la méditation, ainsi qu’une réalité grave, tranchante et brève, produite par les percussions et les cuivres qui ramènent à la réalité terrestre.

Par instants, un aspect tonique majeur se démarque, avant une reprise élégiaque (proche de l’ouverture) qui a des airs de musique de péplum. Comme pour célébrer le talent d’Henri Dutilleux.

A propos des cuivres, ils ne semblent toutefois pas avoir un rôle solennel et classique, mais plus par leur effet de glissando, celui d’appuyer la mélancolie.

L’Harmonie est complexe entre les instruments du corps orchestral qui évoquent l’ambiguïté des ressentis face au trépas. Notamment, la flûte, avec grande délicatesse, semble proposer un recueillement presque sylvestre au sens fantastique. Enfin, le violon accentue la complainte lancée par les flûtes. Puis, la ligne mélodique est suivie par cette même harmonie complexe des instruments, rythmée par des clochettes.

La chute du morceau est déchirante, les cuivres apparaissent marquer l’aspect définitif de la séparation.

La pièce est poétique et originale. Elle ne propose pas une tristesse stérile, mais est représentative de l’œuvre du compositeur, laissant paraître en exergue, sa profondeur.

 

copyright: http://eric-tanguy.com

copyright: http://eric-tanguy.com

Eric Tanguy a de nombreux projets musicaux pour les prochaines années, mais un en particulier qui attire mon attention : il prépare un opéra de chambre pour 2015, sur un livret de Michel Blanc aux Bouffes du Nord.

 

 

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