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Espagne : « Nous ne sommes pas un délit »

En Espagne, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy vient de passer la semaine dernière la loi de sécurité citoyenne surnommée « Loi Mordaza » (« Loi Bâillon ») qui prévoit d’accroitre le pouvoir des forces de l’ordre pour limiter drastiquement le nombre de manifestations – et leur ampleur. Les organisations citoyennes appellent à manifester différemment : avec des hologrammes.

Si la loi de sécurité citoyenne, qui concerne quarante-cinq délits, punit entre autres les infractions liées à la prostitution, la drogue et l’occupation illégale d’un logement, elle cible avant tout les manifestants.

La loi, qui avait été déposée il y a plus d’an, faisait suite aux manifestations des Indignés dont la persévérance s’était révélée difficile à gérer pour le gouvernement. La crise économique et les mesures d’austérité avaient donné lieu à plus de 43 000 regroupements en 2013, contre 4 500 en 2007.

La loi de sécurité citoyenne espagnole classe les infractions par degrés de gravité, les plus graves pouvant aller de 300 000 à 600 000 euros d’amendes. Parmi elles, on trouve les regroupements et manifestations non autorisées dans des installations publiques. « Tout manque de respect et de considération » vis-à-vis des forces de l’ordre est sanctionné, et filmer les policiers durant ces manifestations est également prohibé. Une des particularités de cette loi est que les actes autrefois laissés à l’appréciation du juge sont à présent transformés en actes administratifs, ce qui signifie alors que l’administration prend tout en charge. Avocats et juges ne sont même plus nécessaires. Et ça n’a pas l’air de plaire aux Espagnols.

Une centaine d’organisations citoyennes, réunies au sein de la plateforme No somos delito (« Nous ne sommes pas un délit »), vient donc de lancer une invitation inhabituelle au premier abord : manifester au moyen d’hologrammes. Dans une vidéo diffusée en ligne, le groupe explique que : « Désormais, le seul moyen de s’exprimer librement, c’est de devenir un hologramme. » Ce serait, ainsi selon ces organisations et les défenseurs des droits de l’homme, l’unique forme de manifestation autorisée en Espagne.

 Le but est donc de créer une grande manifestation numérique début avril. Pour y participer, les internautes, toute nationalité confondue, doivent s’inscrire sur le site de la plateforme du mouvement Hologramas por la libertad (« Des hologrammes pour la liberté ») et créer leur propre hologramme en scannant leur visage. Ceux qui n’ont pas de webcam à disposition pourront laisser un message écrit ou enregistrer un message vocal. Pour manifester sur la toile, pas besoin d’être en face de son écran au moment de l’événement, ce qui laissera au manifestant la possibilité de descendre dans la rue.

 

La loi citoyenne est considérée par nombre d'associations de défense des libertés comme une atteinte aux droits fondamentaux.

La loi citoyenne est considérée par nombre d’associations de défense des libertés comme une atteinte aux droits fondamentaux.

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